Dans son article sur son blog, le journaliste et analyste Elia Magnier a scruté les évolutions au sein du Hezbollah depuis la guerre en août 2006 et les défis auxquels il ferait face.
Selon lui, le parti de la résistance libanaise aurait accru ses capacités militaires et stocké des missiles stratégiques à combustible solide et à propulsion rapide (des missiles à longue portée d’une grande précision munis d’ogives hautement explosives qui répondent à ses besoins).
Il aurait de plus acquis des missiles antinavires capables de fermer n’importe quel port israélien et de frapper tout navire ou plateforme de forage sur la Méditerranée. Il y a tout lieu de croire que le Hezbollah possède aussi des missiles antiaériens dans son arsenal et que ses militants ont suivi une formation pour les utiliser en cas de raids aériens, croit savoir M. Magnier.
Ce dernier estime que les forces spéciales du Hezbollah ont vécu toutes sortes de situations de guerre en Syrie, aussi bien en plein désert qu’en milieu urbain, où elles ont combattu des djihadistes idéologues indifférents aux pertes (Al-Qaeda en Syrie), en plus d’être confrontées aux voitures piégées, aux drones armés téléguidés, aux attaques suicides, etc.
Elles ont d’après lui accumulé une expérience militaire unique dont aucune armée du monde ne pourrait rêver d’acquérir.
« Le Hezbollah a travaillé en étroite collaboration avec une armée classique (l’armée syrienne), une superpuissance (les forces russes déployées en Syrie) et des groupes paramilitaires irréguliers (les alliés de l’Iran), en plus de se débrouiller seul dans des dizaines de batailles tout au long de ces sept ans de guerre syrienne », constate le journaliste.
S’agissant de l’éventuelle prochaine guerre, il se fie aux déclarations du secrétaire général du Hezbollah, Sayyed Hassan Nasrallah qui a dit dans l’un de ses discours que si Israël décide de partir en guerre, il allait «importer la prochaine guerre en Israël » en envoyant ses forces terrestres attaquer les colonies et les villes proches de la frontière libanaise et que le Hezbollah allait bombarder Tel-Aviv, le dépôt de stockage chimique à Haïfa, la centrale nucléaire de Dimona, le centre de recherche dans le Néguev et tous les aéroports et les institutions militaires.
Selon Magnier, S. Nasrallah est résolu à jeter le gant, à lever tous les tabous et à se servir de tout le pouvoir et des capacités militaires du Hezbollah dans une guerre à venir.
La liste semble longue et impressionnante. C’est que nous avons affaire ici à un groupe irrégulier bien organisé qui compte des dizaines de milliers de membres dans ses rangs. On le considère comme l’une des armées les plus fortes du Moyen-Orient et son accomplissement en Syrie, un territoire 18 fois plus grand que le Liban, a prouvé qu’il était capable de défendre et de libérer des territoires à l’extérieur du Liban. Mais ce bilan suffit-il à dissuader Israël d’attaquer le Hezbollah?
Citant des sources bien informées, M. Magnier souligne : « Avec Donald Trump au pouvoir, il y a une opportunité à saisir par Israël qui ne reviendra pas. Trump est prêt à donner à Israël tout ce qu’il faut pour se lancer dans une guerre. Il envoie des soldats prêts à mourir pour Israël (c’est le lieutenant général Richard Clark qui l’a dit) et n’épargnera aucun effort pour mettre fin à ce qu’il appelle le “grappin de l’Iran sur le Liban” ».
Toujours selon Magnier, tout indique que les USA ne comptent pas rester bien longtemps en Syrie et qu’ils cherchent une façon de sortir de la Syrie tôt ou tard. La sécurité d’Israël demeure une question importante et les USA croient que si le premier ministre Haidar Abadi est réélu, les forces US en Irak seraient mieux positionnées qu’en Syrie. Cependant, la présence d’un Hezbollah fort compromet la sécurité d’Israël. Cette sécurité ne peut être pleinement garantie tant qu’un Hezbollah puissant restera à la frontière d’Israël.
Les sources croient que « comme les USA ont donné la Syrie à la Russie, il n’est pas à exclure que la même chose se répète au Liban, mais seulement à l’issue d’une bataille destructrice entre le Hezbollah et Israël ». La Russie deviendrait alors garante de la sécurité d’Israël à sa frontière nord au Liban tout comme en Syrie.
D’après Magnier, une question demeure toutefois : étant donné le manque de préparation sur le front intérieur israélien et l’état de préparation du Hezbollah, ainsi que sa capacité à frapper n’importe quelle cible en Israël, le premier ministre Benyamin Netanyahu se lancera-t-il dans cette aventure sans disposer d’une garantie qu’il réussira à soumettre le Hezbollah, à le défaire et à le forcer à se retirer de ses frontières, au risque d’une répétition de ce qui s’est passé il y a 12 ans?