Le président russe Vladimir Poutine a appelé samedi les Européens à participer financièrement à la reconstruction de la Syrie pour permettre le retour chez eux de millions de réfugiés, lors d’une visite en Allemagne.
« Il faut renforcer la dimension humanitaire dans le conflit syrien et je veux dire par là avant tout l’aide humanitaire à la population syrienne, et aider les régions où les réfugiés se trouvant à l’étranger peuvent retourner », a-t-il déclaré avant un entretien avec la chancelière Angela Merkel.
Il y en a un million en Jordanie, autant au Liban, et 3 millions en Turquie, a-t-il énuméré.
L’Allemagne en a accueilli aussi plusieurs centaines de milliers depuis 2015, au plus fort de la crise migratoire, qui a ébranlé la cohésion de l’Union européenne et affaibli politiquement Angela Merkel.
« C’est potentiellement un énorme poids pour l’Europe », a-t-il mis en garde.
« C’est pourquoi il faut tout faire pour que ces gens rentrent chez eux », ce qui veut dire concrètement rétablir les services de base comme l’approvisionnement en eau ou les infrastructures médicales.
La chancelière a estimé de son côté que la priorité en Syrie était « d’éviter une catastrophe humanitaire », sans rentrer dans les détails.
Les deux dirigeants veulent également évoquer le règlement la crise ukrainienne, qui « malheureusement n’avance pas du tout », a jugé M. Poutine.
Le processus de paix des accords de Minsk, parrainé par l’Allemagne et la France, est au point mort, a également constaté la chancelière, soulignant l’absence « de cessez-le-feu stable » dans l’est de l’Ukraine.
Une mission des Nations unies sur place, au menu des discussions avec M. Poutine, « pourrait peut-être jouer un rôle de pacification » dans la région, a-t-elle dit.
La Russie est accusée par Kiev et les Occidentaux de soutenir militairement les séparatistes de l’Est ukrainien, ce qu’elle nie.
La coopération économique, en particulier dans le domaine de l’énergie, doit aussi être un thème central des discussions.
La Russie et l’Allemagne sont partenaires dans le projet de gazoduc Nord Stream 2, très critiqué par le président américain Donald Trump, qui doit doubler les capacités de livraison par la route de transit via la mer Baltique tout en évitant un transport via l’Ukraine.
« L’Ukraine doit à mon avis jouer un rôle dans le transit de gaz vers l’Europe », même après l’entrée en fonction de Nord Stream 2 prévue en 2019, a déclaré la chancelière.
M. Poutine a de nouveau défendu le projet, « qui répond à la demande croissante de l’économie européenne pour les ressources énergétiques ».
« Je veux souligner ici que Nord Stream 2 est uniquement un projet économique et il ne ferme pas la porte à la continuation du transit de gaz à travers le territoire de l’Ukraine », a-t-il réaffirmé.
En juillet, il avait déjà assuré que la Russie était disposée à maintenir le transit de gaz russe par l’Ukraine après la mise en service du gazoduc, mais sans en dire plus sur les volumes ou les tarifs.
Les deux responsables mènent leurs consultations au château de Meseberg, la résidence du gouvernement à 70 km au nord de Berlin.
Aucune communication n’est prévue à l’issue de la rencontre.
Source: AFP