La Chine a dissous à Pékin l’une des plus importantes organisations protestantes « non-officielles » du pays, dernière initiative en date du gouvernement pour renforcer son contrôle des pratiques religieuses.
« L’Eglise de Sion » est un groupement de chrétiens qui opérait en dehors de la structure religieuse officielle. Elle affirme que 1.500 fidèles assistaient à ses réunions hebdomadaires.
Quelque 70 policiers ont investi dimanche après-midi le local où ils se réunissaient, au troisième étage d’un immeuble de bureaux du nord de Pékin, a indiqué à l’AFP son pasteur, Jin Mingri.
« Ils ont chassé tout le monde et bouclé l’endroit. Ils ont même arraché notre enseigne qui était sur le mur », a-t-il raconté lundi. « Tous nos biens ont été confisqués et nous n’avons pas été autorisés à pénétrer à nouveau dans l’immeuble. »
Selon le Bureau des affaires civiles du district pékinois de Chaoyang, l’organisation religieuse a été dissoute.
« Après enquête, il a été découvert que l’Eglise de Sion de Pékin n’était pas enregistrée. Elle se présentait comme une communauté et organisait des activités sans autorisation », a-t-il précisé.
La Chine compte cinq associations étatiques auxquelles doivent s’affilier les religions reconnues: protestantisme, catholicisme, bouddhisme, taoïsme et islam. L’objectif est notamment d’éviter toute influence étrangère.
Tout culte existant en dehors de ces structures est a priori jugé illégal. Les petites Eglises évangéliques protestantes non déclarées, dont les membres se réunissent dans des appartements ou des lieux publics, ont cependant fleuri ces dernières années. Elles attirent de nombreux jeunes.
Lundi, une dizaine de véhicules de police et de nombreux policiers en uniforme ou en civil gardaient toujours l’entrée de l’immeuble où se réunissait l’Eglise de Sion. Des journalistes de l’AFP se sont vu refuser l’accès au bâtiment.
La Chine compte environ 20 millions de protestants et 6 millions de catholiques, selon les chiffres du gouvernement.
La constitution chinoise reconnaît la « liberté de croyance » mais pas la « liberté religieuse », aux contours plus vastes. Et le Parti communiste chinois (PCC) au pouvoir se méfie de toute organisation rivale qui pourrait potentiellement menacer son autorité.
Les autorités de la province du Zhejiang (est) ont mené en 2016 une campagne visant à retirer les croix du sommet des églises locales. De nouvelles règles encadrant les religions sont par ailleurs en vigueur depuis le 1er février. Elles interdisent notamment les dons venant de l’étranger et restreignent les conditions d’ouverture des écoles confessionnelles.
Source: AFP