L’unité de l’armée de l’air yéménite a mené, ce mercredi, une attaque au drone contre les attroupements de la coalition saoudo-US et de ses mercenaires au nord de Khokha, sur le front de la côte ouest.
Cette attaque intervient après le massacre commis dimanche par la coalition à l’encontre des pêcheurs.
Des dignitaires de la localité cotière de Khokha ont fermement condamné le bombardement mené dimanche par la coalition, dirigée par l’Arabie, contre une pirogue transportant 19 pêcheurs, tuant 18 d’entre eux.
Des organisations des droits de l’Homme ont précisé que la coalition a couté la vie à des centaines de pêcheurs yéménites depuis le début de la guerre en mars 2015.
Implication de l’administration Trump dans la guerre contre le Yémen
Entre-temps, l’ONG de défense des droits de l’Homme MOTANA, basée au Yémen, a publié de nouvelles preuves sur l’implication de l’administration du président américain, Donald Trump, dans la mort de dizaines de civils yéménites. Des restes de bombes américaines ont été trouvés sur les endroits frappés par la coalition, dirigée par l’Arabie saoudite.
En réaction, le député américain (parti démocratique) Ro Khanna a regretté le fait que « le peuple américain n’est pas au courant du rôle joué par les Etats Unis dans la guerre qui a causé la souffrance à des millions de civils ». Et d’ajouter : « des bombes américaines ont été larguées contre les civils au Yémen », précisant que « les Etats Unis approvisionnent en carburant les avions de la coalition qui bombardent les Yéménites ».
5 million d’enfants menacés de famine après l’offensive contre Hodeïda
Dans ce contexte, un million d’enfants supplémentaires risquent de plonger dans la famine au Yémen en raison d’une envolée des prix depuis le lancement d’une offensive de la coalition contre le port de Hodeïda, a prévenu mercredi l’ONG Save the Children.
Cela porterait à 5,2 millions le nombre d’enfants menacés de famine dans ce pays ravagé par la guerre.
« Toute perturbation des approvisionnements en nourriture et carburant passant par Hodeïda pourrait causer une famine d’ampleur sans précédent », a dénoncé l’organisation britannique dans un rapport.
Hodeïda, sur la mer Rouge, est le principal point d’entrée des importations et de l’aide humanitaire internationale au Yémen, où trois personnes sur quatre ont besoin d’aide, notamment alimentaire, selon l’ONU.
Mais la reprise de l’offensive de la coalition saoudo-émiratie et de leurs mercenaires contre ce port stratégique fait craindre un nouveau drame humanitaire dans le pays de 27 millions d’habitants.
Toute perturbation de l’approvisionnement dans ce port stratégique « risquerait de mettre en danger immédiat la vie de centaines de milliers d’enfants tout en réduisant des millions supplémentaires à la famine », a mis en garde Save The Children.
« Des millions d’enfants ignorent quand ou si leur prochain repas viendra », a déploré Helle Thorning-Schmidt, directrice générale de l’ONG.
« Dans un hôpital que j’ai visité dans le nord du Yémen, les bébés étaient trop faibles pour pleurer, leur corps épuisé par la faim ».
« Cette guerre risque de tuer toute une génération d’enfants yéménites confrontés à des menaces multiples, des bombes à la faim aux maladies évitables comme le choléra », a-t-elle ajouté.
Un mirage d’intérêts pour Riyad et Abou Dhabi?
La guerre saoudo-US contre le Yémen a fait quelque 10.000 morts, plus de 56.000 blessés et provoqué la pire crise humanitaire au monde, selon l’ONU.
Mais si Riyad et Abou Dhabi sont à l’heure actuelle divisés sur la façon de gérer la guerre au Yémen, cela relèverait, entre autres, de l’emplacement stratégique de ce pays. L’Arabie espère pouvoir, en asseyant son contrôle sur le Yémen, s’assurer des intérêts hyper-importants et lucratifs, eu égard notamment à long littoral yéménite en mer Rouge et dans l’océan Indien.
De même, le fait que l’Arabie saoudite et la Turquie se disputent un rôle de leadership des musulmans de la région n’est absolument pas au goût des Émirats arabes unis. Il n’y a pas longtemps, le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Çavusoglu, disait que son pays était plus qualifié pour assumer un tel rôle que la Turquie, qui ne pense qu’à revivifier l’Empire ottoman.
Les cheikhs des Émirats arabes unis ne dissimulent pas leur inquiétude de voir le parti al-Islah prendre le pouvoir au Yémen, un parti apparemment proche de la confrérie et soutenu par l’Arabie saoudite ; or, les liens entre Riyad et les Frères musulmans se sont développés depuis que Mohammed ben Salmane a officiellement été désigné prince héritier.
D’autre part, dans le cadre du projet de villes nouvelles baptisées « Madinat al-Nour » (villes lumière), une ville et un pont stratégique seront construits sur la mer Rouge entre le Yémen et le Djibouti, reliant l’Asie au continent africain. Ce projet nuirait à l’importance stratégique et axiale du port de Dubaï, qui est d’ailleurs une grande source de revenus pour le pays.
Et l’on ne pourra pas ignorer non plus l’importance de l’or noir. L’Arabie saoudite convoite les champs pétroliers étendus dans une vaste zone depuis la province yéménite d’al-Jawf jusqu’au Rub al-Khali, littéralement le « quart vide », désert qui occupe environ 650 000 kilomètres carrés dans le tiers le plus méridional de la péninsule Arabique. Si l’Arabie saoudite réussit à mettre la main sur cet énorme champ pétrolier, il lui sera plus facile d’augmenter le prix du pétrole quand elle le souhaite, tout en cherchant de nouvelles voies d’exportation du brut depuis la mer Rouge vers le détroit d’Hormuz.
Source: AlMasirah+ AlQuds al-Arabi + AFP + PressTV