Les réactions des pays du Golfe voisins de l’Iran ont été différentes sur l’attentat terroriste perpétré le samedi 22 septembre lors d’un défilé militaire dans la province arabe d’al-Ahvaz, et qui a tué et blessé des dizaines de personnes dont des femmes et des enfants. Sachant que bon nombre de ces pays sont farouchement hostiles à l’Iran.
Ceux qui soutiennent l’attaque terroriste se sont abstenus de réagir officiellement, ou ont laissé faire des parties tierces qui leur sont fidèles de le faire.
Arabie: rendre la balle
L’Arabie saoudite s’est distinguée par son silence absolu. Aucune réaction de la part des autorités ni de ses relais universitaires, religieux, ou médiatiques. Pourtant son prince héritier Mohamad Ben Salmane avait en mai 2017 menacé dans une interview avec la télévision saoudienne qu’il allait œuvrer pour transférer la bataille vers l’intérieur iranien. C’est cette monarchie qui voue une haine exécrable contre l’Iran, depuis la victoire de sa révolution, qui serait visée dans les accusations iraniennes.
Ses médias adoptent la politique de rendre la balle et d’en imputer la responsablité à l’Iran.
« Téhéran subit les séquelle de ses actions… » a intitulé, le quotidien proche de la Cour, al-Riadh, son article sur l’évènement, mettant l’accent sur ce qu’il considère être «un échec sécuritaire ».
Il a relayé une position émanant d’un centre d’études irakien, Centre du nouvel Irak, selon lequel « la revendication de Daech a pour but de s’attirer la sympathie du monde , pour légitimer toute action iranienne interne ou externe, pour répliquer, et pour exporter l’échec sécuritaire iranien… tout en accusant les pays voisins ». Alors que le centre insinue que la revendication de Daech est commanditée par Téhéran, l’AFP a assuré que cette dernière ne lui a accordé aucune importance, accusant en revanche un groupe ahvazi séparatiste, au service des Etats-Unis et de certains pays voisins.
EAU: une presque revendication
A la différence de l’Arabie, les Emirats arabes unis ont laissé filer une position plus revendicatrice de l’attentat. Elle a été exprimée par la voix d’un universitaire connu pour ses accointances avec le régime émirati Abdel Khalek Abdallah, selon lequel l’attentat en question n’est pas terroriste.
« L’attaque militaire contre une cible militaire n’est pas un acte terroriste. Le fait de transférer la bataille vers l’intérieur iranien est un choix affiché et il va augmenter dans la phase prochaine », a-t-il dit dans un Tweet.
Le professeur émirati faisait sans aucun doute allusion aux déclarations du prince héritier saoudien.
Iran: convocations et avertissement
Ses déclarations justificatrices ont provoqué une avalanche de ripostes iraniennes.
Selon l’agence iranienne Isna, citant le porte-parole de la diplomatie iranienne, Bahram Ghassemi , le ministère des Affaires étrangères iranien a convoqué le Chargé d’affaires émirati à Téhéran pour lui faire part de sa » protestation ferme contre les propos irresponsables et insultants tenus par un conseiller » du gouvernement émirati. Sans préciser son nom.
Téhéran a averti le Chargé d’affaires émirati qu’aux yeux des autorités iraniennes, « la responsabilité du gouvernement émirati » serait engagée « pour tout soutien flagrant au terrorisme affiché par des individus [qui lui sont] liés ».
Le maire de la capitale iranienne a aussi répondu à Abdallah. « Si un défilé organisé à l’intérieur d’une ville en présence de civils est « une cible légitime » alors que les camps des Emirats sont des cibles plus que légitimes », a dit Mohsen Rafsandjani, rapporte RT.
Koweit: le baton par le milieu
Parmi les prises de positions golfiques, il y a en outre la position qui tient le baton par le milieu, émanant du Koweït où deux positions se sont démarquées.
Celle qui condamne l‘attentat terroriste de l’émir cheikh Sobah AlAhmad Al-Jaber qui a envoyé une dépêche de condoléances.
Puis celle, plus retentissante, d’un député connu pour sa promiscuité de la mouvance wahhabite jihadiste takfiriste, Walid Tabatabaï qui a qualifié l’Iran de pays terroriste qui soutient Al-Qaïda et Daech ».
« A fortiori l’attentat a été perpétré par les services de renseignements iraniens pour des objectifs devant servir le régime iranien comme celui de mener une campagne contre l’Arabie saoudite ou autre ou pour divertir les Iraniens de leurs conditions désastreuses », a-t-il écrit sur son site Twitter. Sa réplique farfelue caresse manifestement la rhétorique saoudienne, accusatrice et qui se veut être épargnée.
Ceci devrait être la cas de la position bahreïnie , entierement alignée à Riad. Elle n’a pas encore été publiée par le médias.
Oman et Qatar: bande à part
Ce qui n’est pas le cas des deux derniers pays du Golfe, le Qatar et Oman qui semblent faire bande à part et font preuve d’une compassion plus sincère envers les Iraniens.
Pour Mascate, « le terrorisme ne peut être admis, dans toutes ses formes, en tous temps et endroits, quelque soient les raisons ».
« C’est un outil qui est contraire aux religions, au coutumes et à l’éthique humaine », a ajouté le ministère des Affaires étrangères de ce sultanat dont les positions à l’égard de l’Iran ont toujours été les plus conciliantes.
Même position de la part de Doha, pour ce qui est du refus de la violence et du terrorisme. A laquelle s’ajoutent « des condoléances pour les proches des victimes, pour le gouvernement et le peuple d’Iran… »
La compassion de cet émirat est d’autant plus compréhensible qu’il subit lui aussi l’opprobre de l’Arabie et Cie, pour avoir voulu garder une marge d’indépendance dans sa politique par rapport à elle .
Source: Diverses