Le scénario a quelque chose de hollywoodien : quelque 200 policiers mobilisés pour une « opération antiterroriste » débarquent dans les locaux de l’association chiite Centre Zahra, que les autorités françaises disent soupçonner de liens avec « les terroristes ». Ces mêmes autorités prétendent avoir saisi des armes dans les locaux de l’association qu’animent, au demeurant, des personnalités au parcours bien connu.
Dans la foulée, les responsables français accusent un diplomate iranien, arrêté en juin en pleine visite de Rohani en Europe, d’implication dans une « tentative d’attentat » contre une milice armée, les Moujaheddines du peuple, que la France, berceau des droits de l’homme, abrite depuis quatre décennies sur son sol sans honte ni remord, lui offrant qui plus est de quoi appeler à la guérilla armée en Iran dans une tentative qui n’a rien moins de celle d’une « syrisation » de l’Iran.
Dans les heures suivant le raid anti-chiite et anti-iranien de ce mardi en plein territoire français, la Macronie annonce le gel pour une durée de six mois des comptes du ministère iranien des Renseignements.
Mais à quoi joue la France ?
Primo, le coup anti-iranien de ce mardi a aussi visé le ministère iranien des Renseignements à peine 48 heures après une frappe balistique parfaitement réussie des unités aérospatiales du CGRI contre Daech en Syrie et ce, en représailles à l’attentat terroriste qui a frappé la ville iranienne d’Ahwaz et fait 25 morts.
Il faut bien croire que cette frappe qui a pulvérisé le QG de Daech à Hajine dans la nuit de dimanche à lundi n’aurait jamais pu avoir lieu sans le soutien direct du renseignement iranien. Que la France accuse donc ce renseignement de soutien au terrorisme, cela veut dire que le terrorisme vient de connaître un profond et soudain changement de paradigme en France et que Daech ne représente plus une organisation terroriste aux yeux des responsables français.
À partir de ce mardi, le « terroriste » est en France celui qui se bat contre l’idéologie takfiriste, cette même idéologie qui a nourri les auteurs des attentats contre Charlie Hebdo, au Bataclan et à Nice, entre autres, et que les amis saoudiens et émiratis de M. Macron cultivent à souhait.
De ce dangereux changement de paradigme, personne n’est dupe, et surtout pas les Français : en organisant un coup de filet spectacle comme celui d’aujourd’hui au Centre Zahra, en arrêtant puis en diabolisant avec le renfort des médias les très minoritaires chiites français qui en cette période de Muharram commémorent leur imam Hussein plutôt que de s’adonner à toute autre activité, l’Élysée ne peut se racheter aux yeux de l’opinion française. Celle-ci est bien loin d’être convaincue par la version officielle des attentats terroristes takfiristes qui ont visé la France depuis 2012. Ces attentats, c’est Daech qui les a commis, Daech contre qui se bat l’armée syrienne aidée par ses alliés chiites irakiens et libanais.
Des analystes ne peuvent s’empêcher de voir planer sur le nouveau scénario anti-iranien de la France l’ombre maléfique des amis israéliens de l’Élysée. Après tout, c’était bien en synergie avec Israël que la France, tout comme la Grande-Bretagne, s’est attelée le 17 septembre à provoquer le crash d’un Il-20 russe au-dessus de Lattaquié. La France vient d’accoucher de son affaire Skripal avec cette fois dans le rôle de l’ennemi russe, « le régime iranien ».
Source: PressTV