En dépit des massacres commis par l’Arabie au Yémen, l’Allemagne veut continuer à exporter des armes vers Ryad et à d’autres pays impliqués dans la guerre contre ce pays le plus pauvre de la péninsule arabe.
Il n’y aura pas d’embargo sur les ventes d’armes aux pays qui participent à la guerre au Yémen, , malgré des tensions au sein de la coalition au pouvoir à Berlin à ce sujet, a rapporté l’hebdomadaire Le Spiegel mercredi.
Le Spiegel fait notamment état d’une lettre en ce sens adressée par le ministère de l’Economie à un membre du parti social-démocrate SPD, Thomas Hitschler.
Cette annonce intervient alors que l’Arabie saoudite est pressée de livrer des explications sur le sort d’un journaliste saoudien disparu début octobre à Istanbul, après la révélation d’éléments accréditant la thèse de sa disparition forcée ou de son assassinat par des agents de son pays.
Une disposition de l’accord de coalition conclu en mars entre la CDU d’Angela Merkel et le SPD était censée empêcher les livraisons d’armes aux belligérants du conflit yéménite, dont l’Arabie saoudite.
« Nous n’approuverons pas les exportations vers les pays tant qu’ils seront directement impliqués dans la guerre du Yémen », était-il écrit noir sur blanc dans l’accord de coalition signé en mars.
Le gouvernement allemand souhaite désormais, selon les termes de la lettre, que « les décisions sur les licences d’exportation continuent à être prises au cas par cas », en fonction notamment de la nature des armes livrées.
Selon le Spiegel, de vives tensions ont secoué à ce sujet le groupe SPD au Bundestag, plusieurs députés accusant le ministre des Affaires étrangères, Heiko Maas, issu de leurs rangs, de s’incliner devant l’Arabie saoudite.
Berlin et Ryad avaient mis fin en septembre à près d’un an de brouille. Ryad avait rappelé son ambassadeur en novembre 2017 pour protester contre des déclarations du ministre allemand des Affaires étrangères d’alors, Sigmar Gabriel, qui avait indiqué que le Premier ministre libanais démissionnaire, Saad Hariri, était retenu contre son gré dans la capitale saoudienne.
L’Arabie saoudite lance depuis mars 2015 une guerre destructrice contre le Yémen à la tête d’une coalition sous prétexte d’appuyer le gouvernement démissionnaire d’Abed Rabbo Mansour Hadi, soutenu par Ryad.
Source: Avec AFP