La visite du lundi 21 novembre d’une délégation saoudienne dirigée par Khaled al-Fayçal, le gouverneur de la Mecque, ne peut passer inaperçue.
D‘autant qu’elle intervient après une dizaine de jours de la visite du chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif.
La susceptibilité de la politique de Riyad à l’encontre d’un quelconque rôle iranien dans le monde arabe n’est plus à démontrer. Le royaume wahhabite est prêt à tous les coups pour le contrer.
Sachant que la situation dans le pays du Cèdre n’est pas à son avantage : depuis que le candidat du Hezbollah, le général Michel Aoun a été élu à la présidence, après un blocage qui s’est poursuivi plus de deux années et demie. Mais aussi en raison des pertes que les saoudiens accumulent dans leurs politiques régionales dans ces mêmes pays où ils bravent les Iraniens.
Dans la forme, la visite aura été protocolaire, estime le journal libanais assafir, vec pour but de féliciter le nouveau président, à la veille de la célébration de l’indépendance.
Dans les visées, le journal libanais l’inscrit dans les efforts déployés en vue d’arracher le président libanais élu des bras du Hezbollah et de l’axe syro-iranien ou dans le pire des cas afin le déplacer vers le centre, à l’instar de son prédécesseur Michel Sleimane.
Assafir assure qu’un engagement libanais a été accordé aux Saoudiens dans ce sens, non pas de la part du président, mais il ne précise pas par qui.
Interrogé par l’agence iranienne Fars News, l’analyste libanais Wahib Wahhabi estime que la visite saoudienne à Beyrouth vise constitue aussi une tentative destinée à booster les relations Beyrouth-Riyad et de les ramener à ce qu’elles étaient il y a encore deux ans.
Elles s’étaient nettement détériorées après que le gouvernement libanais a refusé de rallier la position anti-Hezbollah de Riyad qui a inclut le Hezbollah sur sa liste des organisations terroristes.
L’armée libanaise n’a pas vu non plus d’un bon œil la décision de Riyad d’annuler son aide militaire promise qui visait à aider le Liban dans sa guerre contre les groupes takfiristes.
Un autre analyste libanais Ali Mourad, qui voit que les Saoudiens croient pouvoir « reprendre en main le dossier libanais un an après l’avoir lâché sous prétexte de vouloir s’opposer au Hezbollah » s’attend à ce qu’ils provoquent une nouvelle crise politique au Liban.
« Les succès militaires du Hezbollah en Syrie poussent de plus en plus les saoudiens à chercher à impliquer le Hezbollah dans des crises internes. Au contraire de ce qui se dit, Riyad compte beaucoup sur le nouveau président américain qui passe pour un ultraconservateur et qui devrait attiser les tensions et les conflits au Moyen-Orient »
Et l’expert de s’inquieter de voir les promesses creuses de Riyad se répercuter sur les récents développements au Liban.
Des appréhensions qui pourraient sembler être à l’opposé des propos de l’émir saoudien Khaled prononcés durant le dîner organisé lundi soir en son honneur par le Premier ministre en charge Saad Hariri.
« Les saoudiens ne veulent que le Liban deviennent le théâtre de désaccords interarabes, mais le forum de l’entente interarabe », a-t-il dit.
Or, chaque fois que les saoudiens véhiculent un discours arabisant, c’est surtout pour narguer les Iraniens, qui ne devaient selon les Saoudiens n’entretenir aucune relation avec le monde arabe. Que ce soit en Irak, au Yémen, en Egypte, au Soudan, au Liban… Ils leur emboitent le pas.
Une politique qui frôle la paranoïa.
Source: Divers