Alors que le Premier ministre israélien peine toujours à effacer les contre-coup des tirs de missiles palestiniens de la semaine dernière, DEBKAfile, site proche des milieux de renseignement de l’armée israélienne croit savoir que la « donne a brusquement changé » dans le ciel syrien. Comment cela?
Selon les sources que DEBKA dit avoir consultées, l’US Air force aurait occupé depuis quelque temps le ciel syrien par F-22 et F-18 Super Hornet interposés de façon à en « chasser à la fois les avions de chasse syriens et russes ».
En effet, dit le site, « les pilotes américains ont signalé que les systèmes de défense antiaérienne S-300, que les Russes ont commencé à importer en Syrie en octobre, ne sont pas opérationnels et ne le seront probablement pas avant janvier ».
Sur la base de cette affirmation, le site se met à interpréter les propos du porte-parole du Pentagone, Eric Pahon qui pas plus tard que le 20 novembre déclarait : Les systèmes de défense antiaérienne russes S-300 en Syrie n’ont aucun impact sur les opérations des États-Unis dans le pays tout en mettant en garde Moscou contre l’envoi de nouvelles armes en Syrie qui ne servirait qu’à « aggraver la situation à ce stade. » Israël se croit-il capable d’ici le mois de janvier de frapper à nouveau le sol syrien? Se voit-il permis, grâce à la supposée couverture aérienne que lui apporterait des survols US, d’abattre des batteries de missiles S-300?
Il est vrai que la « présence iranienne » est un bon prétexte pour justifier de nouvelles agressions israéliennes et les rumeurs concernant la supposée disponibilité russe à « bouter l’Iran hors de la Syrie » en échange d’une levée partielle des sanctions anti-russes de Washington s’inscrivent dans ce même cadre.
Selon des experts politiques, l’état de désœuvrement dans lequel se trouve désormais le régime de Tel-aviv pourrait effectivement le pousser à commettre l’irréparable. « Tant que les S-300 russes ne seraient pas opérationnels et que l’US Air Force fournirait une protection aérienne, Israël se voit offrir une occasion en or pour reprendre ses assauts contre le sol syrien, quitte à bien défier la Russie car on ne sait pas combien de temps cette fenêtre restera ouverte, semblent avoir conclu les milieux militaires en Israël. Mais Israël commettra-t-il l’irréparable?
Face à cet excès de zèle qui semble s’être emparé des milieux militaires israéliens en quête de se rattraper aux yeux de l’opinion après la colossale défaite à Gaza, une certaine presse multiplie les appels à la raison. Il en va ainsi de Haaretz qui met en garde contre les conséquences de toute décision prise hâtivement par Tel-Aviv. « Après la livraison des systèmes de défense antiaérienne S-300 russes, Israël doit désormais réfléchir à deux fois avant de lancer une quelconque opération ». « La livraison des S-300 russes a en effet changé la donne dans la région. Israël aura dorénavant des difficultés à mener des opérations militaires dans la région sans prendre en considération les intérêts de Moscou, largement présent dans les conflits régionaux, estime Amos Harel, l’analyste du journal israélien Haaretz, cité par Sputnik.
« L’essentiel n’est pas de savoir si Moscou s’est fâchée à cause de l’incident de l’avion Il-20 ou si elle cherche à imposer ses conditions dans la région. La Russie a fait comprendre à Israël que le statu quo avait changé », a-t-il noté.
N’excluant pas l’élargissement du « bouclier de protection » russe jusqu’aux territoires libanais, l’analyste israélien estime que les intérêts stratégiques de Moscou au Liban constituent un autre défi pour Tel-Aviv qui, selon les médias arabes, n’a pas mené de frappes aériennes au Liban depuis 2014.
« Et ce, d’autant que le président libanais Michel Aoun a demandé à Moscou de placer l’espace aérien libanais sous la protection du système de défense aérienne russe déployé en Syrie. Il est évidemment plus difficile de comprendre comment les Russes veulent mener le jeu en Syrie et éventuellement au Liban, que de jouer aux échecs avec le Hezbollah », a conclu Amos Harel.
Malgré tout, une éventuelle frappe aérienne israélienne contre le territoire syrien pourrait tourner à nouveau au fiasco, identique à celui que Tel-Aviv vient de connaître à Gaza mais en bien pire : les Russes pourraient bien décider d’utiliser leurs missiles de défense antiaérienne S-300 nouvellement installés pour abattre des avions de guerre israéliens et de venger la mort des 15 militaires russes, tués à bord du Il-20, le 17 septembre. Reste à savoir si Israël, largement perturbé par le tir de 500 roquettes gazaouies entre le 11 et le 13 novembre, aura oui ou non la capacité d’encaisser un coup aussi fatal que le crash de ses F-16 et F-15 au-dessus du Liban voire de la Jordanie. Et le fait d’opérationnalité ou pas des S-300 d’ici le mois de janvier ne changerait pas grande chose à la donne.
À rappeler que suite à l’incident de l’avion de reconnaissance russe Il-20 russe près de Lattaquié en Syrie, Moscou a livré les systèmes de défense antiaérienne S-300 à la Syrie. La Russie accuse les pilotes israéliens des chasseurs F-16 d’avoir délibérément utilisé l’Il-20 russe pour éviter les missiles de la DCA syrienne.
Source: PressTV