Débordé par quatre jours d’incendie ayant éclaté en plusieurs dizaines dans diverses régions en Palestine occupée, Israël tente d’exporter sa crise en accusant indirectement les Palestiniens.
C’est du moins l’avis du directeur du bureau de la télévision panarabe al-Mayadeen, Nasser al-Lahham qui commentait les accusations de plusieurs responsables officiels israéliens mettant en cause les Palestiniens (« Arabes israéliens » selon l’appellation israélienne).
Lahham constate qu’une importante partie des surfaces forestières incendiées se situent au nord de la Cisjordanie occupée, ce qui constitue aussi une menace pour les Palestiniens. Dans les territoires palestiniens occupés en 1948, ces derniers constituent 17% de la population.
« C’est une région forestière qui est une zone militaire fermée et qui est totalement fermée aux Palestiniens. Mais à côté il y a des habitations arabes », a expliqué le journaliste d’Al-Mayadeen, en décrivant l’une des régions ravagées par le feu.
Population palestinienne menacée
Même la population de la Cisjordanie occupée est menacée. Les incendies ont atteint les bois dans les parages de Jinnine, Toulkarem, Kilkilia, au nord, a indiqué l’agence palestinienne Safa. Et dans la nuit de jeudi à vendredi, un incendie s’est déclaré au nord-ouest de la ville de Naplouse, décimant d’importantes surfaces.
Lahham a assuré que les accusations israéliennes indirectes ne sont nullement fondées. Sur les 14 Palestiniens qui ont été arrêtés, certains l’ont été pour incitation sur Facebook et non pour avoir provoqué un feu, a-t-il tenu à signaler. Il est vrai que ces
incendies ont provoqué un buzz sur les réseau sociaux parmi les différentes populations palestinienne et arabe. La plupart des messages optant pour un ton revanchard à l’encontre des Israéliens.
« En revanche, les preuves tangibles qui dévoilent les actes préméditées des colons en train de mettre leu feu aux champs d’oliveraies en Cisjordanie sont incontestables », a-t-il assuré, rappelant que des nombreux rabbins israéliens avaient décrété que seuls les juifs pouvaient manger des fruits de Judée et Samarie, appellation sioniste à la Cisjordanie.
« Intifada du feu »
Dans la classe politique israélienne, c’est le premier ministre a ouvert la valse des accusations indirectes contres les Palestiniens.
En prévenant que tout incendie volontaire serait traité comme un « acte de terrorisme », sans dire explicitement si c’était le cas de certains feux récents.
« Quand le Premier ministre parle de terrorisme, même s’il n’emploie pas le mot d’Arabes, tout le monde est censé comprendre: (…) +les Arabes mettent le feu au pays+ », éditorialisait le quotidien Yedioth Ahronoth, peu favorable au chef du gouvernement.
D’autres médias israéliens ont commencé à s’interroger sur le déclenchement d’une « intifada du feu », par référence aux soulèvements populaires palestiniens passés.
Le ministre de la Sécurité publique Gilad Erdan a indiqué qu’une partie des feux étaient des actes criminels motivés par le conflit.
Alors qu’un poids lourd du gouvernement, le nationaliste religieux Naftali Bennett, assurait que les feux ne pouvaient avoir été allumés par des juifs.
Seul le chef des travaillistes dans l’opposition israélienne s’est démarquée de cette diatribe.
« Je recommande vivement de ne pas jeter de l’huile sur le feu », a dit pour Isaac Herzog. « La situation est moins claire que ne le suggèrent les propos tonitruants » de certains, a-t-il dit, plutôt sceptique.
Des pompiers palestiniens à l’aide
En effet, les autorités israéliennes semblaient embarrassées par le fait qu’elles étaient totalement débordées face à la vague d’incendies, d’autant qdes dizaines de milliers de personnes ont été évacuées.
Ce qui les a poussées à demander une aide étrangère.
Elles ont reçu des promesses de la part de la Russie, de la France, de la Turquie ou de plusieurs pays méditerranéens (Italie, Grèce, Croatie, Chypre) d’envoyer des appareils lui prêter main forte.
Selon l’AFP, les Palestiniens eux-mêmes sont venus dans la nuit à la rescousse, envoyant 41 pompiers et huit camions à Haïfa (nord) et à Beit Meir (centre) où, « vision hors du commun, les hommes du feu israéliens et palestiniens ont combattu les flammes côte à côte », constate l’agence française.
Des conditions rares
Pourtant des météorologues israéliens sont persuadés que ces incendies sont plutôt liés aux changements climatiques.
« Comme l’hiver a tardé à venir, et les deux mois d’octobre et de novembre était particulièrement secs, accompagnés de vents violents, les conditions étaient réunies pour un incendie », a expliqué le directeur de la région de Jérusalem à Kern Kiimet Israel, Hanoun Tsourev, cité par le site d’information palestinien en ligne Arabs48,
Tsourev estime toutefois que la situation climatique actuelle est d’une rareté extrême, car il n’en a jamais vu de pareille en 40 années d’expérience. « Surtout les vents violents sans dicontinuité pendant toute une semaine ».
Source: Divers