Il y a peu d’informations sur le missile russe 9М729 qui, d’après les États-Unis, viole le Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI). Ses caractéristiques sont aussi un mystère, les experts militaires ayant de multiples théories sur ses origines.
Les États-Unis ont demandé jeudi à la Russie de renoncer au missile de croisière 9М729 (code Otan: SSC-8) ou de modifier sa portée pour, selon eux, ne pas violer le Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI). Mais de quel missile est-il question et quelles sont ses caractéristiques? Des experts ont plusieurs versions à ce sujet.
Missile Kalibr
De nombreux médias occidentaux consacrés aux armes estiment que, sur les photos qui montrent ce qui y est désigné comme étant des missiles 9M729, on voit des missiles de croisière navals de la série Kalibr (cote Otan: SS-N-27 Sizzler) conçus par le groupe de recherche et de production russe Novator.
Les versions d’exportation des systèmes Kalibr ont une portée opérationnelle comprise entre 50 et 300 km, tandis que les dernières versions des missiles 3M-14/3M-14T (Kalibr) ont une portée comprise entre 1.500 et 2.500 km.
Comme le 3M-14 est un missile mer-sol, il ne viole pas le traité FNI, mais certains médias affirment que la Russie l’a modifié et adapté pour les rampes de lancement mobiles Iskander (code Otan: SS-26 Stone).
Les missiles Kalibr peuvent être tirés par tous les temps, seuls ou en salve. Ils peuvent porter des ogives nucléaires ou conventionnelles pesant jusqu’à 500 kg. Ces missiles peuvent atteindre 1.000 m d’altitude, mais aussi voler à 20 mètres au-dessus de l’eau, ce qui complique sa détection par radar.
Kalibr est également connu pour sa capacité à percer les boucliers antimissiles. Il vole la plupart du temps à une vitesse subsonique, mais accélère pour atteindre une vitesse supersonique durant la phase finale de son vol ce qui rend son interception beaucoup plus difficile.
Missile furtif Kh-101
Selon une autre hypothèse, le missile 9М729 aurait été conçu sur la base du missile air-sol Kh-101 créé par le groupe de recherche et de production Radouga («arc-en-ciel» en russe) et utilisé par les forces russes en Syrie. Sa portée maximale est d’environ 5.500 km, mais selon certaines estimations, elle pourrait atteindre 10.000 km, bien que ces données n’aient jamais été confirmées. Le Kh-101 peut porter une ogive nucléaire (en modification Kh-102) ou conventionnelle de 450 kg. La vitesse de Kh-101 varie de 190 à 270 m/s.
Le missile peut frapper avec une haute précision même des cibles en mouvement. Sa capacité à changer de cible en plein vol le rend très flexible. Une autre caractéristique notable de ce missile est sa faible signature radar.
La Russie pourrait renoncer au 9M729
Quelles que soient les origines du missile 9M729, la Russie pourrait y renoncer malgré le fait qu’il ne viole pas le Traité FNI, d’après un expert militaire russe, Konstantin Sivkov interrogé ce vendredi par Sputnik.
«Le missile 9M729 n’est pas concerné par le Traité FNI, c’est clair. Il est ennuyeux de devoir le répéter. Il n’y a aucune raison pour dire que nous devons renoncer à ce missile, alors que les États-Unis ont déployé en Europe des systèmes de lancement universels MK-41 qui peuvent notamment servir à tirer des missiles de croisière Tomahawk. Les Américains violent effectivement ce traité, ils le font d’une manière flagrante», a-t-il indiqué.
L’expert a rappelé que le missile 9M729 a une portée de moins de 400 km.
«Si les États-Unis sont si gênés par nos missiles 9M729, nous pourrons y renoncer à condition qu’ils renoncent au déploiement des systèmes MK-41 en Europe», a conclu M.Sivkov.
En 2017, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères Maria Zakharova avait commenté les accusations de Washington, notant que le missile de croisière 9M729 n’avait jamais été conçu et testé pour avoir une portée interdite par le Traité FNI. Le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov l’a encore rappelé en octobre 2018.
Source: Sputnik