La présence de militaires russes sur le sol centrafricain et les livraisons d’armes sont de nouveau dans le viseur des médias français. Dans un article paru au début du mois, Le Monde analyse comment Moscou a «mis le pied dans la porte». Dans une interview à Sputnik, un africaniste donne son analyse des enjeux russes et français dans la région.
En dépit du fait que le Président de la Centrafrique Faustin-Archange Touadéra a «confirmé d’une manière officielle l’engagement et les responsabilités des conseillers militaires» russes présents dans le pays, les médias français semblent avoir leur propre vision des processus en cours dans la région.
Ainsi, Le Monde a récemment publié un article intitulé «La Centrafrique, un pion sur l’échiquier russe» où est examinée l’«intention» de Moscou de «s’emparer» de la Centrafrique et où sont évoquées les livraisons d’armes et la présence de formateurs russes. En outre, le Monde soulève la question de la participation supposée de l’homme d’affaires russe Evgueni Prigojine à la réunion des chefs des principaux groupes armés qui s’est tenue à Khartoum en août dernier. L’africaniste, directeur de recherche à l’Institut de l’histoire universelle de l’Académie des sciences de Russie, Nikolaï Scherbakov, a expliqué à Sputnik d’où pourrait provenir cet intérêt médiatique.
«Récemment, le Président de la Centrafrique et certains personnes qui s’y trouvent, y compris des Européens, ont confirmé d’une manière officielle l’engagement et les responsabilités de nos conseillers militaires [russes, ndlr], qui s’y trouvaient officiellement» et cette réalité prouve que la Centrafrique mise sur des forces russes sur place, selon l’expert.
«L’attention [des médias français, ndlr] n’est pas donc liée au fait que la Russie y est présente […] mais au fait que la République centrafricaine, habituée à collaborer avec la France, a procédé à un changement d’orientation», a expliqué Nikolaï Scherbakov.
Toujours selon lui, la France, en sa qualité d’ancienne puissance coloniale, «voudrait qu’on la considère […] comme un frère aîné qui aide à contrôler, qui oriente, etc.».
Dans ce contexte, toujours d’après l’expert, les «Français ne voudraient pas que quelqu’un d’autre affiche des ambitions concernant les territoires traditionnels qu’ils ont tellement longtemps administrés».
«Et même s’ils ne les administrent plus, ils continuent en tout cas de collaborer avec eux à leur avantage, ils ne le font pas par pure charité», a conclu l’expert.
Selon les informations fournies par le ministère russe des Affaires étrangères, actuellement 175 formateurs russes, 170 civils et 5 militaires, dont l’Onu a autorisé le déploiement, se trouvent en République centrafricaine. La Russie a livré à ce pays des armes après avoir obtenu l’autorisation du Conseil de sécurité de l’Onu, France comprise, en 2017.
Source: Sputnik