Un Américain, ancien agent de la société de sécurité privée Blackwater, a été déclaré coupable mercredi de l’assassinat d’un civil irakien, onze ans après un carnage à Bagdad qui avait suscité une indignation mondiale.
Après cinq jours de délibérations, un jury a déclaré Nicholas Slatten, 35 ans, coupable de meurtre avec préméditation.
Sa peine sera prononcée ultérieurement par un juge du tribunal fédéral de Washington. Il encourt la réclusion à perpétuité.
Cette décision est le dernier rebondissement d’une longue saga judiciaire.
Tout a commencé le 16 septembre 2007 à Bagdad: des employés de Blackwater –qui a depuis changé de nom– avaient ouvert le feu à la mitrailleuse et jeté des grenades sur un carrefour très fréquenté, alors qu’ils circulaient en véhicules blindés.
La fusillade avait fait quatorze morts –dix hommes, deux femmes et deux enfants– ainsi que dix-huit blessés.
Les agents avaient prétendu avoir été la cible de tirs d’insurgés, une affirmation contredite par les témoignages et les procureurs.
La bavure avait suscité un scandale international et renforcé le ressentiment de la population irakienne envers les Américains. Blackwater était devenue le symbole de ces sociétés accusées d’opérer en pleine impunité sous contrat avec le gouvernement américain.
« D’après l’enquête, Nicholas Slatten a ouvert le feu en premier, sans avoir été provoqué, et a tué Ahmed Haithem Ahmed Al Rubia, un étudiant en médecine qui conduisait sa mère à un rendez-vous », selon le ministère américain de la Justice.
Lors d’un procès fleuve en 2014, il avait déjà été reconnu coupable d’assassinat et condamné à la réclusion à perpétuité.
Avant cette tuerie, il aurait dit à des proches qu’il voulait « tuer autant d’Irakiens qu’il pouvait pour se +venger+ du 11-Septembre », selon des documents judiciaires.
Lors du même procès, trois de ses anciens collègues avaient écopé de 30 ans de prison pour le meurtre de treize Irakiens.
Il y a un an, ces décisions avaient été invalidées par la cour d’appel de Washington, qui a estimé que M. Slatten aurait dû être jugé dans un procès distinct de ses collègues. Des témoignages avaient également mis en doute le fait qu’il ait tiré en premier.
A l’issue de son second procès devant un tribunal fédéral de Washington cet été, les jurés n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur sa culpabilité. Face à cette « impasse », un juge avait annulé le procès.
Un troisième procès avait donc été organisé à partir du 5 novembre.
L’accusation a fait témoigner 34 personnes, dont quatre venues spécialement d’Irak.
Ses trois co-accusés attendent encore d’être rejugés.
Source: Avec AFP