L’organisation Human Rights Watch a exprimé vendredi son scepticisme quant aux affirmations de l’ancienne commissaire des Nations unies aux droits de l’Homme Mary Robinson, selon laquelle la princesse émiratie Latifa serait « perturbée », mais bien soignée par sa famille.
La princesse Cheikha Latifa, fille de l’émir de Dubaï Mohammed ben Rached al-Maktoum, avait tenté de fuir les Emirats arabes unis à bord d’un voilier, avant d’être rattrapée au large des côtes indiennes et ramenée à sa famille, à Dubaï, en avril. Elle dénonçait des mauvais traitements que lui aurait infligés son père.
Après des mois de silence sur sa situation, une rencontre avait eu lieu le 15 décembre entre la princesse Latifa, ses proches et Mary Robinson, ancienne présidente irlandaise, qui s’était efforcée jeudi de dissiper toute inquiétude dans une interview sur la BBC. Elle évoquait une « affaire de famille » liée à l’état psychiatrique de la princesse.
Mais pour le directeur de l’organisation de défense des droits de l’Homme Human Rights Watch, Kenneth Roth, la description d’une « jeune femme perturbée » et « vulnérable » ne suffit pas à expliquer la situation: « Etait-elle comme cela avant de tenter de fuir sa prison dorée, ou seulement après que les Emirats ne la ramènent de force ? (…) un déjeuner rapide ne donne pas la réponse », a-t-il déclaré vendredi sur Twitter.
Detained in Dubai, un groupe privé basé au Royaume-Uni qui affirme aider juridiquement les victimes d’injustice aux Emirats, a aussi fait part de son inquiétude.
« Les déclarations de Mme Robinson n’ont répondu à rien, elles sont en somme une preuve de vie, ce qui est bien, mais ne répondent pas aux inquiétudes de l’ONU, de Human Rights Watch, Detained in Dubai et d’autres », a affirmé à l’AFP la directrice du groupe, Radha Stirling, qui affirme avoir été au téléphone avec la princesse alors que son voilier était arraisonné.
L’intervention de Mme Robinson laisse selon Mme Stirling une série de zones d’ombres quant à l’arraisonnement du voilier, les allégations de violences et les circonstances de la rencontre, « supervisée » par une des épouses de l’émir.
« Notre principale inquiétude est qu’elle subisse encore aujourd’hui le même type d’abus qu’elle a dénoncés. Nous ne pourrons rien savoir avant qu’elle ne soit libre et en sûreté », a insisté Mme Stirling.
Source: AFP