Un deuxième round de négociations entre la délégation nationale (armée + Ansarullah) et le gouvernement démissionnaire pro-saoudien pourrait se tenir dans la capitale jordanienne Amman, a déclaré dimanche un chef d’Ansarullah après des entretiens avec l’envoyé spécial de l’ONU.
Ces pourparlers, qui devraient porter notamment sur l’effondrement de l’économie yéménite en raison de la guerre, « pourraient avoir lieu bientôt à Amman ou par (un système de) visioconférence dont j’ai parlé avec l’envoyé spécial » de l’ONU Martin Griffiths, a déclaré à l’AFP Mohammed Ali al-Houthi, chef du Conseil supérieur révolutionnaire.
Un mois après les pourparlers inter-yéménites en Suède, les premiers depuis 2016, l’ONU n’a pas encore réussi à faire appliquer une série d’accords sur le terrain.
Le chef d’Ansarullah rencontre Griffith
Griffiths est retourné samedi au Yémen. Il a rencontré dimanche le chef d’Ansarullah, Sayed Abdel Malek al-Houthi, selon un communiqué de son porte-parole Mohammed Abdel Salam diffusé par la chaîne de télévision yéménite Al-Massirah.
M.Griffiths et Sayed al-Houthi ont discuté « des préparations pour le prochain cycle de négociations », selon M. Abdel Salam.
Le chef d’Ansarullah a évoqué lors de cet entretien « les obstacles et les violations de l’accord de Stockholm par la coalition. Il a insisté sur « la nécessité d’appliquer les clauses de cet accord, dont entre autres l’entrée en vigueur de la trêve à Taez, le paiement des salaires à tous les fonctionnaires yéménites, l’ouverture de l’aéroport de Sanaa et la libération des détenus ».
Dans ce contexte, une source auprès de la délégation nationale a rapporté que M.Griffith a salué le respect de l’accord de Stockholm par la délégation nationale (armée + Ansarullah) et insisté sur la nécessité du redéploiement militaire à Hodeïda.
L’émissaire de l’ONU s’est rendu au Yémen avec l’intention d’accélérer l’application de ces accords, notamment un redéploiement des forces à Hodeïda, port de l’ouest du Yémen, essentiel à l’arrivée de l’aide humanitaire et des importations alimentaires.
Hodeïda, l’un des principaux points de discussion lors des négociations en Suède, avait été pendant des mois le principal front de la guerre dévastatrice au Yémen. Mais un calme précaire règne dans la ville depuis l’entrée en vigueur d’un accord de cessez-le-feu le 18 décembre. Cette trêve est à plusieurs reprises violée par les mercenaires de la coalition saoudo-US, affirment les forces yéménites.
En vertu de l’accord, les forces yéménites et les mercenaires saoudo-émirati-US devraient se retirer entièrement de la zone et se redéployer vers d’autres positions agréées.
Les forces yéménites contrôlent toujours Hodeïda, ainsi que la capitale Sanaa, depuis la fin 2014.
Après Sanaa, M. Griffiths doit se rendre à Ryad pour s’entretenir avec le président démissionnaire yéménite Abed Rabbo Mansour Hadi, selon l’ONU.
La guerre saoudo-US contre le Yémen a fait plus de 10.000 morts et plus de 56.000 blessés, mais des ONG estiment que le bilan des victimes est largement supérieur. Cette guerre a également provoqué la pire crise humanitaire du monde, selon l’ONU qui ne cesse de s’inquiéter des risques de famine.
Bilan des crimes de la coalition jusqu’à fin 2018
Dans ce contexte, le porte-parole du gouvernement du salut national et ministre de l’Information Dayfoullah al-Chami a exposé, ce lundi, un compte rendu sur les crimes commis par la coalition saoudo-US depuis mars 2015 jusqu’à fin 2018.
Il a précisé que 15359 civils sont tombés en martyr et 24121autres ont été blessés suite aux bombardements directs menés par la coalition.
Et d’ajouter : 17608 malades sont décédés vu qu’ils n’ont pas été autorisés de se soigner à l’étranger. L’aéroport de Sanaa étant fermé par la coalition.
Plus de 22 millions personnes ont besoin d’aides humanitaires suite à la crise provoquée par la guerre, indiquant que le nombre de déplacés a atteint plus de 3 millions et 450 réfugiés.
Avec AlMasirah + AFP