A la Havane, la cérémonie en mémoire à Fidel Castro s’est transformée en véritable plébiscite de son peuple: environ un million de personnes ont assisté aux événements en hommage à la mémoire du leader cubain, apprend-on des organisateurs.
Sous le regard du père de la révolution cubaine et du guérilléro argentin « Che » Guevara, dont les portraits géants trônent sur la place de la révolution, la foule a rendu mardi soir un dernier hommage posthume au « Comandante ».
« Vive la Révolution! », « Fidel, Fidel! », scandaient des milliers de Cubains de tous âges peu avant le début de la cérémonie vers 19H00 (00H00 GMT) devant le mémorial du héros de l’indépendance José Marti sur la place de la Révolution, au centre de la capitale.
Lycéens, fonctionnaires, policiers et militaires, beaucoup avaient revêtu l’uniforme pour l’occasion, remplissant cette esplanade emblématique mais aussi les avenues alentour, noires de monde en début de soirée. Certains brandissaient de petits portraits de Fidel Castro et des fanions cubains.
Olivia Martinez, retraitée de la police de 71 ans, portait aussi l’uniforme. « Cette marée humaine démontre que mon Commandant était très aimé par tout un peuple et que personne ne peut défaire cette révolution », assure-t-elle.
Venue avec sa mère, Sandra Heredia, 11 ans, aura pour une fois le droit de se coucher très tard: « Je suis fière de vivre ce moment dans un endroit aussi historique où Fidel a parlé de nombreuses fois au peuple », se réjouit-elle.
« Fidel est un symbole, Fidel est l’Histoire, il a fait l’Histoire », assure Roberto Hernandez Rosabal, 47 ans, parmi les premiers à défiler mardi matin.
« Totalement absous par l’Histoire »
18 orateurs sont intervenus dans le cadre du programme des funérailles.
« Aujourd’hui plus unis que jamais, peuple de l’Amérique latine (…) Nous continuerons à lutter pour ces idées, nous en faisons le serment! », a lancé le président équatorien Rafael Correa, premier à s’exprimer parmi les leaders de la gauche latino-américaine présents.
« Il ne part pas, il reste là, invaincu parmi nous, absous, totalement absous par l’Histoire », s’est notamment exclamé le président vénézuélien Nicolas Maduro, proche allié de Cuba, en référence au fameux « l’Histoire m’absoudra » lancé par Fidel Castro à son procès après l’assaut de la caserne de la Moncada qui forgea le début de sa légende en 1953.
Puis Raul Castro s’est adressé à son frère : « Cher Fidel (…) ici, où nous commémorons nos victoires, nous te disons aux côtés de notre peuple dévoué, combatif et héroïque : Jusqu’à la victoire, toujours! » (« Hasta la victoria, siempre! »), reprenant l’antienne des révolutionnaires cubains.
Cette soirée d’hommages à la tonalité très politique a été largement boudée par les chefs d’Etat occidentaux, dont le président américain Barack Obama, pourtant artisan d’un rapprochement historique depuis fin 2014 entre les deux ex-ennemis de la Guerre froide.
De même, les présidents de pays amis, le Russe Vladimir Poutine, le Chinois Xi Jinping et l’Iranien Hassan Rohani qui ont dépêché des émissaires.
Le chef de l’Etat colombien Juan Manuel Santos a aussi fait défection, renonçant au voyage au dernier moment.
L’exception des dirigeants occidentaux a été le Premier ministre grec Alexis Tsipras. De même que l’ancien roi d’Espagne Juan Carlos et l’ex-chancelier allemand Gerhard Schroder étaient présent au côté des dirigeants du Zimbabwe Robert Mugabe, de Guinée Equatoriale Teodoro Obiang Nguema et d’Afrique du Sud Jacob Zuma .
Le retour au berceau
Après ces adieux rendus par La Havane, l’urne contenant les cendres du Lider Maximo traversera de mercredi à samedi le millier de kilomètres séparant La Havane de Santiago de Cuba (est), refaisant en sens inverse le chemin parcouru par le jeune Fidel dans sa « caravane de la liberté » lors du lancement de sa révolution en 1959. Ce qui permettra à un plus grand nombre de Cubains de lui dire adieu.
Partout sur l’île, ils ont encore été très nombreux mardi à signer des registres pour « jurer » de poursuivre l’héritage socialiste de celui qui a façonné pendant un demi-siècle le destin du pays.
Le 3 décembre, des funérailles se tiendront à Santiago de Cuba, ville considérée comme le berceau de la révolution. C’est précisément dans cette ville que le leader de la révolution cubaine sera enterré le 4 décembre.
Sources : AFP, SPutnik