Le Liban a organisé le 20 janvier le quatrième sommet économique de la Ligue arabe, toujours divisée autour de la question de la réintégration de la Syrie. La participation de Damas à l’organisation régionale avait été suspendue novembre 2011, certains membres reprochant au président Bachar el-Assad son rôle dans la crise, qui allait virer à la guerre civile. Le vote de suspension avait été obtenu à la majorité qualifiée des 22 membres de la Ligue, parmi lesquels figurent des pays alliés aux Etats-Unis, tels que l’Arabie saoudite. Riyad demeure d’ailleurs toujours réticent à une normalisation des relations avec la Syrie.
Pour autant, une éventuelle réintégration de ce pays au sein de l’organisation a été évoquée à titre d’hypothèse lors des derniers sommets de l’organisation. A l’instar de l’Irak, l’Algérie ou encore la Tunisie, le Liban souhaiterait voir désormais aboutir cette perspective.
«La Syrie est le grand absent aujourd’hui à notre conférence, et nous ressentons ce poids», avait lancé le 18 janvier le ministre libanais des Affaires étrangères Gebran Bassil, à l’ouverture d’une réunion ministérielle de la Ligue arabe.
«La Syrie doit être parmi nous, sans attendre une quelconque autorisation pour son retour. Et ce, afin de ne pas nous couvrir d’une honte historique en l’ayant suspendue sur un ordre étranger et en la réintégrant sur autorisation étrangère», avait-il par ailleurs souligné, sans étayer son accusation.
La veille de cette déclaration, le chef de la Ligue arabe, l’Egyptien Ahmed Aboul Gheit, avait écarté l’éventualité d’une réintégration à court terme : «Quand il y aura un consensus arabe et qu’on sera sûrs qu’il n’y aucune objection […] il n’y aura rien de plus simple que de mettre la question à l’ordre du jour d’une réunion [des ministres des Affaires étrangères].»
Bientôt une banque pour financer la reconstruction de la Syrie ?
Lors de la réunion, boudée par l’essentiel des chefs d’Etats des pays membres, le président libanais Michel Aoun a proposé la création d’une «banque arabe», dont la mission assignée serait de financer les projets de construction en Syrie. « [Cette banque] aiderait tous les Etats et peuples arabes touchés par les conflits à surmonter leur situation critique», a plaidé le chef d’Etat libanais. Les estimations du coût de la reconstruction de la Syrie après huit ans de guerre s’échelonnent généralement entre 100 et 400 milliards de dollars selon les organismes internationaux.
Aoun dénonce les agressions israéliennes contre le Liban
Le président libanais, a en outre dénoncé les violations israéliennes continues de la souveraineté libanaise et de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU.
« Les guerres et le terrorisme ont eu un impact négatif sur le développement de la région » et « Israël continue de violer la souveraineté libanaise sur terre, dans les airs et en mer en violant la résolution 1701 de l’ONU », a-t-il affirmé de prime abord, avant d’ajouter : « Le Liban a payé le prix fort pour les guerres et le terrorisme et il porte sur son dos le lourd fardeau des déplacés syriens et palestiniens. »
Réfugiés syriens : la communauté internationale appelée à «redoubler d’efforts»
Outre la question du devenir économique de la Syrie, la question relative au retour des réfugiés syriens dans leur pays d’origine a également été abordée. Dans un communiqué final baptisé «Déclaration de Beyrouth», l’ensemble des pays membres de la Ligue arabe ont appelé la communauté internationale à «redoubler d’efforts» pour accélérer ce processus.
Contraints de quitter la Syrie en raison du conflit, des dizaines de milliers de Syriens avaient pris le chemin du retour au cours de l’été 2018 après la libération de la majeure partie du territoire des groupes takfiristes par l’armée syrienne. Néanmoins, de nombreux Syriens n’ont pas encore regagné leur pays. Le Liban accueille 1,5 millions de réfugiés syriens, soit le tiers de sa population, et la Jordanie, autre pays frontalier de la Syrie, quelques centaines de milliers.
Sources: RT + PressTV