Le secrétaire général du Hezbollah, Sayed Hassan Nasrallah a rompu le silence de plusieurs semaines, en direct, au cours d’une interview exclusive qui a duré près de trois heures , au cours de laquelle il a démenti, ne serait-ce que par sa présence toutes les rumeurs israéliennse concernant sa santé, voire sa mort.
Mieux encore, comme à son habitude, le SG du Hezbollah a répondu en toute franchise, aux questions du directeur de la chaine satellitaire libanaise alMayadeen, Ghassan Ben Jedo, laissant toutefois un certain mystère sur certaines questions sécuritaires, suffisamment pour garder l’ennemi israélien en perpétuelle inquiétude. « Une nécessité dans cette guerre psychologique que l’ennemi israélien ne sait plus comment gérer » selon ses termes.
Trois Oui et un Non résument ses propos :« oui, il y a des tunnels (…) toutefois combien il y en a ? depuis quand sont –ils creusés ? qui les a creusés ? » sayyed Hassan Nasrallah n’apporte aucune réponse préservant le doute chez les responsables israéliens et parmi la population israélienne.
« Oui nous avons des missiles de haute précision(…) je ne dirai pas combien mais suffisamment pour paralyser l’entité sioniste » . Là encore, aucune information précise sur la quantité et la qualité de ses missiles.
« Oui nous sommes prêts – la résistance et l’axe de la résistance -à répondre par une guerre générale si Netanyahou décide de changer les règles de la confrontation en poursuivant ses frappes contre la Syrie ». Sayyed Hassan Nasrallah met en garde le premier ministre israélien « de ne pas commettre une erreur d’évaluation pour des calculs personnels qui risquerait de lui couter une guerre générale ».
Enfin, « non je ne suis pas malade ou décedé ni mon cadavre n’est à la morgue dans un hopital (..) je suis en pleine forme, grâce à Dieu, seulement je n’ai pas à m’exprimer à chaque fois que les israéliens répandent des rumeurs sur ma personne ou sur la résistance ».
Principaux points de cet entretien:
Le fait de ne pas apparaitre en public depuis le 10 novembre, n’a rien avoir avec ma santé. Car on m’a beaucoup demandé sur mon état de santé, grâce à dieu je suis en pleine forme et donc je dément toutes les rumeurs concernant mon soi-disant cadavre dans une morgue, je ne souffre d’aucun malaise . Il se trouve que nous vivons dans un siècle où, via les réseaux sociaux, la moindre rumeur tend à prendre facilement des proportions exagérées.
Les raisons de mon silence sont diverses : d’abord durant cette période il n’y a pas eu d’occasions pour m’exprimer, en termes de commémorations ou de cérémonie religieuse ou nationale.
Oui, des évènements ont eu lieu : d’abord l’opération bouclier du nord lié aux tunnels du Hezbollah -qui sans doute exigeaient que le Hezbollah s’exprime. Sauf que nous estimons que nous ne sommes pas obligés – ni moi ni les députés du Hezbollah – de répondre à tous ou de commenter tout incident. Cela fait partie de notre stratégie.
A ce titre, je me suis réuni avec mes frères et nous avons préféré garder le silence et laisser Netanyahu vociférer comme bon lui semble jusqu’à la fin de cette opération. Nous avons choisi de garder le silence parce qu’il était clair que Netanyahu cherchait à nous provoquer par ses actes et paroles, dans une tentative de gagner une réaction de notre part et de l’exploiter dans son agenda.
D’ailleurs, cette opération se poursuit toujours, alors que le chef d’état-major Eizenkot a tenu à affirmer qu’elle était finie juste avant de partir à la retraite. Et ce pour marquer son départ par un semblant d’exploit.
Autre évènement, les rumeurs sur ma santé ont atteint un tel niveau que nous avons convenu avec mes frères de ne point nous exprimer à ce sujet car il est clair que ces rumeurs cherchaient à me provoquer pour m’exprimer en public . Nous avons gardé le silence, car nous ne voulons pas à chaque rumeur stupide contre nous ou contre ma personne instaurer l’habitude chez les gens de s’attendre à une réaction de notre part dans ce genre de situation.
Opération Bouclier du nord : les tunnels du Hezbollah
Oui, il y a des tunnels, sauf que je ne suis pas tenu de préciser qui les a creusés ? combien de tunnels y-a-t-il ? combien reste –il à en découvrir ? A toutes ces questions les israéliens attendent des réponses et donc ce n’est certes pas le Hezbollah qui comptent les leur donner.
Selon les faits, il y a des tunnels, certains sont anciens d’autres sont nouveaux, certains datent d’avant 2001 comme l’ont souligné les israéliens puisque les médias israéliens ont rapporté qu’un des tunnels avaient 13 ans et il se situe à l’intérieur du territoire palestinien.
Peu importe leur nombre, ce qui est surprenant c’est que les israéliens n’ont découvert ces tunnels qu’après des années, malgré tout leur équipement militaire ce qui est en soi un échec des renseignements militaires israéliens.
Le plus dérisoire dans cette opération c’est la réaction du nouveau chef d’Etat-major Yanaon qui, au lieu de rassurer les colons, a souligné que ces tunnels auraient du permettre à 1500 combattants du Hezbollah d’occuper la Galilée.
Voire à la conférence d’Eizenkot, Netanyahu a affirmé que cette opération vise à saboter une opération du Hezbollah à Galilée.
A travers l’opération des tunnels, Netanyahou nous a offert un cadeau médiatique, car il a confirmé à la société israélienne que les menaces du Hezbollah sur ses intentions d’entrer en Galilée en cas de guerre sont vraies !
D’ailleurs, regardez ce que font le israéliens ces dernières années, ils construisent un mur de béton, sur la frontière avec le Liban et la Galilée…
Au passage, je tiens à souligner qu’une opération en Galilée de notre part est possible, mais je ne la confirme point. C’est une option parmi d’autres…
Alors que Netanyahu ne cesse de convaincre les israéliens que le Hezbollah compte occuper la Galilée et toutes les mesures militaires, les changements géographiques, et les manœuvres israéliennes s’inscrivent dans le cadre de leur obsession d’une opération du Hezbollah en Galilée.
Parfait ! si nous voulions convaincre l’opinion israélienne de cette menace, nous aurions dû déployer beaucoup d’efforts et de de temps, or Netanyahu a fait la moitié de notre boulot.
La preuve est qu’un colon a affirmé pour un média israélien qu’après cette opération de Bouclier du nord, nous avons peur que le Hezbollah ne surgisse sous nos pieds, alors qu’auparavant nous n’ avions peur que des missiles ! Aujourd’hui, il suffit qu’un colon entende le bruit d’un marteau pour contacter Netanyahu.
De plus, à travers cette opération, Eizenkot et Netanyahu ont menti aux israéliens, car ils ont prétendu que cette opération est terminée et que la menace des tunnels n’a plus raison d’être. Or, comment un général tel qu’Eizenkot, un militaire stratège, peut être convaincue que le Hezbollah a besoin de quelques tunnels pour entrer en Galilée ??
Et si jamais nous décidons une telle opération, nous le ferons seulement en cas de guerre générale. Mais ils ne sauront pas comment nous allons entrer en Galilée : par air ou mer ou terre ou sous terre, etc..
Car les tunnels ne sont pas un facteur décisif pour notre opération en Galilée, ce sont un facteur secondaire.
Dans notre plan de sécurité pour défendre notre pays, nous allons prendre toutes les mesures , la défense de notre pays suppose que nous recourons à toutes nos capacités, toutes les possibilités sont disponibles, dont celle de la Galilée. Mais aussi tout dépend de la guerre, de son évolution, nous sommes capables de le faire et leur mur ne nous arrêtera point. Surtout après notre expérience en Syrie, nos capacités ont quadruplé, et donc nous avons trouvé une solution contre leurs murs… Tout a une solution. Ils ont certes leurs cerveaux et nous avons les nôtres.. Les nôtres sont supérieurs.
Et quand j’ai dit dans l’un de mes discours, « si vous nous agressez vous aller le regretter », nul besoin pour nous d’expliquer le terme, .. Le jour où cela arrivera tout le monde saura ce que veut dire « ils le regretteront ».
Je n’en dirai pas plus. Sauf que ce sera un regret total et général… tous nos choix sont ouverts et sur la table, nous les prendrons avec sagesse et courage ..
Notre riposte sera ouverte en cas de frappe israélienne à l’intérieur du territoire libanais
Une agression au sens de la guerre vise à réaliser des objectifs, parmi lesquels, l‘ennemi israélien cherche à changer les règles de la confrontation, à créer de nouvelles lignes rouges. Cela, nous ne lui permettrons pas, je parle des régles de confrontation sur le front libanais uniquement. Ce qui se passe à Gaza concerne les palestiniens.
Les murs ne changent pas les règles de la confrontation. En l’An 2000, j’ai dit que nous ne sommes concernés que par la défense de notre pays, du territoire libanais défini par l’Etat libanais. Et donc, nous nous soumettons aux décisions de l’Etat libanais concernant la délimitation de ses frontières, la résistance ne se mêle pas dans la délimitation des frontières. Sa responsabilité en incombe à l’État. Et donc, concernant le mur que comptent construire les israéliens sur la frontière avec le Liban, en territoire libanais, c’est à l’Etat libanais de décider s’il viole la souveraineté du Liban. Or, le comité de l’armée libanaise s’est réuni l’année dernière et après délibérations, il a conclu que ce mur viole la souveraineté du Liban et l’Etat libanais a avisé toutes les puissances occidentales de cette décision et de ses conséquences en cas de violation…
Quand je parle d’un changement de la part des israéliens des règles de la confrontation, je parle d’une frappe israélienne à l’intérieur du territoire libanais, d’un assassinat contre l’un de nos cadres à l’intérieur du Liban, voire même en Syrie, parfois, ou contre un responsable libanais. Dans ces cas-là, notre riposte sera ouverte…
Le déclenchement d’une guerre a des signes clairs, n’importe quelle opération israélienne contre des positions au Liban sera pour nous une déclaration de guerre et ce sera la guerre, et c’est là que réside le problème des israéliens : ils ne savent pas calculer les conséquences de leurs actes d’agression.
Dans cet ordre d’idées, comme Netanyahu est impliqué dans des affaires de corruption et cherche une opération pour échapper à la justice, il pourrait être prêt à provoquer une guerre même en Syrie.
Or, je mets en garde les israéliens: vous devez craindre cet homme qui risque de prendre des mesures, par défaut d’évaluation, pouvant vous entrainer dans une guerre générale à laquelle nous sommes prêts ainsi que tout l’Axe de la résistance .
Sachant qu’une opération de Netanyahu contre le Liban semble impossible, mais il risque de mal évaluer la situation en Syrie et à Gaza en lançant une frappe d’ici les élections. Or Gaza compte riposter avec fermeté pour ne pas dire de manière décisive.
Un mot pour finir sur la question des tunnels, Eizenkot nous rendu un grand service, parce qu’il a semé la terreur parmi les israéliens car il n’a pas dit que ces tunnels étaient liés à la guerre mais qu’ils auraient du permettre de faire pénétrer 1500 hommes du Hezbollah, pour mener des opérations en prélude à une occupation de la Galilée. Tel est le paysage dépeint par Eizenkot aux israéliens dans une tentative de couronner son départ à la retraite par ce genre d’exploit.
L’affaire des tunnels ne mérite même pas son titre d’opération Bouclier du nord, il s’agit de simples mesures militaires traditionnelles sécuritaires. Elle n’a même pas provoqué quelque chose de perturbant au Liban ni abouti à une résolution du Conseil de sécurité, c’est donc un double échec ..Le Liban officiellement, via les positions du chef de l’Etat, du Premier ministre , du chef du Parlement, parmi nos alliés voire même nos rivaux, est resté soudé. Tous ont soutenu le Liban, même la France et le Koweït ont exprimé des positions en faveur du Liban, cette opération n’a pas réalisé ses objectifs..
Et Eizenkot a couronné son départ à la retraite par un socle d’illusions.
Stratégie de défense et missiles de haute précision
Nous sommes prêts à rediscuter notre stratégie de défense et ce à tout moment, certains pensent que nous craignons d’en discuter au contraire nous sommes très sûr de nous-même; nous avons acquis ces dernières années énormément d’expériences en Syrie, nous avons testé notre stratégie, ses tactiques , et donc nous avons dans notre valise beaucoup d’arguments pour défendre cette stratégie, nous ne parlons pas de théories et donc nous sommes prêts à discuter notre stratégie de défense.
Les évolutions en Syrie ont terrifié Israël c’est pourquoi Netanyahu hausse le ton et fait autant de bruit et donc il faut s’attendre à ce qu’il hausse le ton davantage jusqu’à la tenue des législatives. Sauf que les israéliens sont des idiots..
Dans le passé, les israéliens craignaient que la résistance ne possèdent de missiles de moyenne et de longue portée, puis lors de la guerre de 2006 la résistance a menacé de frapper « après après Haïfa » c’est-à-dire de frapper Tel Aviv .. Depuis, les israéliens ont abandonné l’idée de pouvoir empêcher le Hezbollah d’en posséder.
C’est pourquoi, les généraux israéliens ont déclaré aux israéliens dans de nombreuses occasions que lors de la prochaine guerre ne vous leurrez pas, vous ne pourrez pas siroter votre thé alors que la guerre se fait ailleurs, cette fois, tout Israël sera visé.
Pour ce qui est des missiles de haute précision, oui nous en possédons, peu importe si Netanyahu en minimise la quantité, nous en avons suffisamment pour paralyser Israël.
Les missiles à haute précision ont une marge d’erreur de 5 mètre à 15 mètres, et donc pour frapper des bases militaires et des aéroports, ils sont destructibles. Je dis au peuple israélien : dites à vos responsables de laisser le Hezbollah posséder des missiles de haute précision car ainsi vos vies seront épargnées et ce sont les objectifs militaires qui seront uniquement visés.
Alors les arguments de Netanyahu de frapper la Syrie pour empêcher le Hezbollah de posséder des missiles de haute précision sont nuls. L’affaire est terminée, la résistance possède ces missiles de haute précision, je n’en dirai pas plus, ni en quelle quantité mais suffisamment pour viser tous les sites sensibles en Israël.
Les allégations de Netanyahu que nous avons ces missiles dans des hangars au Liban se sont avérées totalement fausses car l’Etat libanais a invité des diplomates occidentaux et les médias pour vérifier les allégations de Netanyahou.
La Syrie : deux problèmes : l’Est de L’Euphrate et Idlib
En Syrie, nous pouvons parler d’une grande victoire et nous sommes dans la phase finale, mais il reste la question de l’Est de l’Euphrate et d’Idlib.. Toutes les menaces que nous aprréhendions depuis 2011 n’existent plus, la Syrie aujourd’hui bénéficie d’une excellente situation par rapport au début de la guerre.
Le problème de l’Est de l’Euphrate est lié aux USA, à la Turquie, aux kurdes, il y a deux dossiers donc au niveau sécuritaire.
L’est de l’Euphrate : les unités kurdes soutenues par les USA cherchaient à stabiliser leur présence à l’est de l’Euphrate, de plus elles voulaient notifier avec le régime de la Syrie, en imposant des conditions très couteuses. Mais aussi, les kurdes ont des difficultés : ils veulent garder leurs unités armées au sein de l’armée syrienne. Cela pose problème pour la Turquie qui estime cette présence armée comme une menace à sa sécurité nationale. De même pour la Syrie dont l’armée a une culture différente de celle des kurdes. Les kurdes se sentent menacés par la Turquie. Je pense que la Syrie peut être la solution..
Le scénario proposé : le conflit allait éclater entre Trump et Erdogan , c’est alors que les USA ont décidé d’écarter les kurdes en se retirant de l’est de l’Euphrate … Ils ont laissé libre choix à la Turquie de régler la question kurde en lui laissant la liberté de pénétrer en territoire syrien, sauf qu’en face, vous avez la Russie ..
D’où, Erdogan S’EST RENDU à Moscou, à son retour il a rappelé l’accord d’Abama, signé à l’époque de Hafez Assad, pour régler la question du PKK . Erdogan a reconnu que la solution réside dans le déploiement des forces de l’armée syrienne tout au long de la frontière, pour régler la question kurde entre la Syrie et la Turquie. A l’est de l’Euphrate je pense que Daech sera exterminé par les unités kurdes soutenu par les occidentaux, la majorité est en train de se rendre . Quand Daech sera éradiquée, nous serons rassurés.. Et la Syrie sera plus rassurée.
L’été dernier à Deir Ezzor, ce qui nous avait empêché d’éradiquer Daech, ce sont les menaces us de frapper si nous libérons Idlib.
Concernant Idlib, le front al-Nosra, Hayat Tahrir al-Cham et les groupes pro turques se sont livrées des batailles acharnées, du jamais vu en termes de violences. Or, Idlib sert de carte de négociation pour la Turquie, qui accorde aujourd’hui le privilège à la solution politique et au règlement politique. La fait d’avoir reporter la confrontation à Idlib a permis d’éviter un bain de sang. Le Nosra a récemment éradiqué les groupes proches de la Turquie , et donc, une question s’impose et à laquelle je n’ai pas de réponse : est-ce que la Turquie était incapable d’arrêter alNosra ? il semble que le contrôle du front al-Nosra de cette partie du territoire syrien embarrasse la Turquie, car al-Nosra est inscrite sur la liste des terroristes..
La Turquie voulait qu’al-Nosra se fondent dans de nouvelles unités et perdent sa structure milicienne, mais al-Nosra ne peut le faire car son idéologie et la mentalité de ses combattants ne le permettent pas. Et donc la question d’Idlib est loin d’être résolue. Elle est même très compliquée ..
La Turquie se doit de trouver une solution ou alors la Syrie choisira de mener une offensive contre al-Nosra pour libérer son territoire. Ce sera une solution militaire…
Le retrait des USA de la Syrie : « l’ennemi n’est plus l’Iran mais la Turquie »
Quand Trump parle de se retirer de la Syrie, il est sincère. Car dans deux ans il a des élections et il veut exécuter ses promesses présidentielles. Même quand il disait que pour défendre l’Union européenne, il faudrait qu’elle paie, Trump était franc. Il est direct, son langage est cru et arrogant certes. Contrairement à Barack Obama qui savait choisir les mots et dont on ne pouvait deviner le fond de la pensée. Trump est très arrogant, il veut faire payer à tout le monde le prix du soutien des USA. L’argent est la seule devise qu’il connait et qu’il comprend. Et donc, il constate que toute la politique des USA au Proche-Orient est coûteuse.
Résultat, les talibans ont annoncé suite à des négociations avec des responsables US, un brouillon d’accord organisant la sortie de toutes les forces us d’Afghanistan. Autrement dit, Trump abandonne l’Afghanistan aux talibans !!..
Quand Trump a annoncé son retrait de la Syrie sans conditions, son secrétaire à la défense James Mattis a réagi sévèrement, le suppliant de lui accorder six mois avant d’exécuter sa décision, dans le but d’assurer un retrait des troupes US en échange de quelque chose.
Et donc, les USA ont parlé avec la Russie et se sont dit prêts de sortir de toute la Syrie à condition que les forces iraniennes en sortent.
Les russes ont envoyé une délégation en Iran pour en aviser le président Hassan Rohani et une autre à Damas pour en parler avec Bachar al-Assad. Rohani m’a contacté et je lui ai dit qu’avec ou sans votre présence en Syrie, les USA vont se retirer.
Et donc, les iraniens ont refusé la condition us, estimant que tant que la menace terroriste est présente en Syrie , leur devoir est de poursuivre la lutte, et tant que la Syrie le désire aussi. De son côté Bachar Assad a répondu que même si les iraniens avaient accepté de se retirer de la Syrie, il les aurait exhorté de rester . Pour sa part, la Russie n’a exercé aucune pression sur cette question….
Trump a été mis courant que cette initiative a échoué… six mois écoulés, Trump a exécuté sa promesse. Il a décidé de se retirer de la Syrie, non pas pour faire plaisir au peuple syrien, mais juste pour réduire ses dépenses, en fait il ne s’intéresse qu’à Israël et à quelques lignes rouges…Il a d’ailleurs précisé qu’il pouvait garder son emprise sur cette région via l’aviation militaire.
Cela dit, la décision de Trump de retirer les troupes US de toute la région, est certes un aveu d’échec des usa, sachant qu’il s’est interrogé publiquement, à maintes occasions : « jusqu’à quand allons-nous continuer à jouer les gendarmes du MO ? »
Cette décision de retrait a provoqué un séisme chez les alliés arabes des USA, comme les pays du Golfe, surtout l’Arabie et les EAU qui ont fait part de leur déception, et certains ont commencé à affluer en Syrie.
Les unités kurdes sont venues au Liban, elles nous ont rencontrés puis se sont rendues en Russie, car elles aussi ont été délaissées par les USA.
Le Soudan ne s’est rendu en Syrie, qu’à la demande de l’Arabie afin de jouer le rôle de médiateur et baliser le terrain à une normalisation des relations. De même l’ambassade des EAU a rouvert ses portes en Syrie, à cause du retrait des usa de la Syrie, et de la démission de Mattis.
Ces pays se sont vus forcés de refaire leurs calculs, et donc une réunion aux EAU a eu lieu au plus haut niveau entre l’Arabie et les EAU, pour réévaluer leur situation.
Le constat qu’ils ont fait à l’issue de cette réunion est que tout ce que nous avons investi en Syrie se trouve désormais au nord c’est-à-dire chez Erdogan, de plus la bataille avec la Syrie s’est terminée avec un renforcement de la position de Bachar, l’Axe de la résistance a gagné en Syrie. Reste les kurdes. Or les turques menacent de rentrer en Syrie, surtout que les usa leur ont donné leur feu vert et donc pour les pays du Golfe, la menace la plus grave n’est plus l’Iran mais la Turquie.
Je vais parler franchement et je m’excuse de devoir utiliser certaines termes, mais c’est la réalité…
Et pour cause, comme l’Iran est chiite, il n’aura pas d’influence en Syrie comme la Turquie sunnite, sans oublier les liens historiques et de voisinage qui la relient à la Syrie. Son influence sera sans aucun doute plus importante que celle des pays arabes, et cela favorisera la victoire d’un axe composé de Qatar, des Frères musulmans et de la Turquie, au détriment de l’Arabie saoudite, des EAU et de l’Egypte…
La Syrie a refusé d’accepter de demander elle-même son retour à la Ligue arabe, elle exige que ceux qui l’en ont expulsée le fassent avec des excuses…
Aux USA, les consultants ont rapporté à Trump que les alliés se retournent vers la Russie, et donc ils ont pris la décision d’envoyer Pompeo dans une tournée dans la région pour « rebooster » le moral des alliés arabes.
Pompeo a envoyé son émissaire au Liban pour rehausser le moral des pro-USA. Mais, je vous assure que les usa vont quitter la région, ils vont quitter l’Afghanistan, laissant ce pays à la direction des talibans qui sont inscrits sur leur liste des terroristes. Cela n’est-il pas un échec ? Non Trump ne fera pas de guerre pour les yeux de MBS ni pur quiconque d’autre…
Il n’y aura pas de guerre américaine dans la région, tout ce qu’ils veulent faire c’est rassembler les arabes pour recréer un front contre l’Iran…
Les usa tentent donc de tirer les arabes vers l’arrière mais ils ne leur ont pas offert des garanties concernant la Turquie en Syrie. Voilà le grand dilemme pour les pays du Golfe.
« Israël » et la Syrie dans le contexte régional
Netanyahu tente de se présenter comme victorieux par ses visites aux pays arabes, car il n’a récolté que des défaites là où il a misé.
Il a misé sur la chute du régime syrien, il a misé sur la défaite de l’armée syrienne, il a misé sur la victoire des takfiristes leur offrant le soutien médical et militaire, etc,
Son objectif de renverser Assad n’a pas eu lieu, premier échec.
Deuxième échec, à travers ses frappes en Syrie, il voulait empêcher le Hezbollah de se munir des missiles de haute précision or la aussi, c’est l’échec.
Troisième revers; il a misé sur la sortie des forces iraniennes de la Syrie, là encore il a échoué. Autrement dit il a perdu toutes ses illusions en Syrie.
Aujourd’hui, il menace de faire sortir les iraniens de la Syrie par la force, où peut-il aller ? Ce qui s’est passé récemment est une évolution grave, et c’est pour cela que j’ai dit qu’il risque de mal évaluer la réaction syrienne contre Israël mai aussi de la part de l’Axe de la résistance.
Car Netanyahu tient compte toujours des lignes rouges de la confrontation, il évite de tuer nos combattants, ils visent des bases syriennes militaires et tentent d’éviter de tuer des iraniens.
Pour nous, la priorité était de ne pas aller dans une confrontation avec les israéliens car nous étions occupés par la guerre en Syrie. Or aujourd’hui la situation est très différente. L’armée syrienne est très puissante, la DCA syrienne est plus performante que jamais , même en Iran la situation est sous-contrôle, et donc, les généraux mettent en garde Netanyahu contre la provocation d’une guerre..
Le constat : je demande à Netanyahu de rester calme. Car, la non-riposte syrienne aux frappes israéliennes relève d’une décision politique, conformément à des priorités. Mais aujourd’hui, tout est possible, cette riposte se dirige de plus en plus vers des choix ouverts.
Source: Al-Manar