La cour suprême de Bahreïn a confirmé lundi en appel la peine de prison à perpétuité du chef de l’opposition, Cheikh Ali Salmane, ainsi que celle de deux de ses collaborateurs, selon une source judiciaire.
Il s’agissait de son dernier recours avant application de la peine.
A la tête du mouvement Al-Wefaq, M. Salmane-connu pour ses positions ultra-pacifiques- avait été condamné le 4 novembre pour « intelligence avec le Qatar (…) dans le but de renverser l’ordre constitutionnel du pays », un jugement dénoncé comme politique par des ONG de défense des droits humains.
Un groupe d’opposition, The Bahrain Institute for Rights and Democracy (Bird), a fermement condamné le verdict de lundi, aboutissement d’un processus « biaisé ».
« C’est une vengeance politique et une insulte à la justice », a affirmé son directeur, Sayed Ahmed Alwadaei, dans un communiqué, ajoutant que cette décision faisait « honte aux dirigeants de Bahreïn et à leurs alliés, les Etats-Unis et le Royaume-Uni ».
Pour Amnesty International, la condamnation à la perpétuité de cheikh Salmane est « une preuve des efforts illégaux déployés sans relâche par les autorités de Bahreïn pour museler toute opposition ».
« Cheikh Ali Salmane est un prisonnier de conscience, détenu pour le seul exercice pacifique de son droit à la liberté d’expression », avait déclaré en novembre Heba Morayef, directrice régionale d’Amnesty.
Résidant hors de Bahreïn, ses deux collaborateurs Hassan Sultan et Ali al-Aswad avaient été condamnés à la même peine par contumace, poursuivis également pour « intelligence » avec le Qatar, pays du Golfe boycotté par Manama et d’autres alliés de l’Arabie saoudite.
L’inculpation de Cheikh Ali Salmane était intervenue après l’embargo décrété en juin 2017 contre le Qatar par l’Arabie saoudite, Bahreïn, les Emirats arabes unis et l’Egypte.
Ces pays avaient accusé le Qatar de soutenir des mouvements radicaux, ce que Doha a démenti, et de se rapprocher de l’Iran. Le Qatar avait accusé ses adversaires de chercher à mettre sa politique étrangère sous tutelle.
Bahreïn, dirigé par une monarchie pro-saoudienne, a été secoué par des troubles à partir de 2011, lorsque les forces de sécurité ont réprimé les protestations de la majorité populaire qui réclamait une monarchie constitutionnelle et un Premier ministre issu de la majorité parlementaire.
Les procès d’opposants n’ont jamais cessé depuis, et des mouvements d’opposition, comme Al-Wefaq, ont été dissous tandis que des centaines d’opposants sont actuellement emprisonnés, jugés ou déchus de leur nationalité.
Les autorités de Bahreïn ont accusé l’Iran d’être responsable des troubles dans le royaume, ce que Téhéran a démenti. Doha aussi a récusé tout lien avec M. Salmane.
Source: Avec AFP