Dans une interview à Der Spiegel, le ministre polonais des AE n’a pas exclu le «déploiement de missiles nucléaires US en Europe», et le fait qu’à terme ces armes pourraient être stationnées en Pologne. La réaction du ministre à la suspension du FNI par les USA a semé la confusion dans les milieux d’experts comme au ministère polonais des AE-même.
L’hebdomadaire allemand Der Spiegel a publié l’interview avec le ministre polonais des Affaires étrangères Jacek Czaputowicz qui a déclaré que le déploiement de forces américains et l’installation de munitions avec des ogives nucléaires sur le continent était «dans l’intérêt de l’Europe». De plus, le ministre n’exclut pas qu’un jour ces missiles de l’Otan puissent être déployés en Pologne également. Et de préciser: «Nous ne le souhaitons absolument pas. Tout dépend du comportement futur de la Russie, de savoir si elle poursuivra sa politique d’armement agressive […]. La Russie ne comprend que le langage de la force».
Krzysztof Liedel, directeur du Centre de recherches sur le terrorisme à l’université Collegium Civitas de Varsovie, a déclaré au site Onet qu’il n’avait encore entendu aucun politicien polonais faire de telles déclarations. «Par le passé tout s’appuyait sur la géostratégie. Nous savions qui disposait d’un arsenal nucléaire et qui prenait les décisions pour signer des accords importants, et nous ne participions pas à de telles discussions. La déclaration du ministre Czaputowicz est une surprise pour tout le monde. A l’étape actuelle, ce n’est pas l’idée qui doit être réalisée. Le déploiement d’ogives nucléaires en Pologne entraînerait une réaction très dure de la Russie. Je n’imagine pas les Russes ne pas réagir d’une manière ferme et résolue. Ce n’est pas seulement la rhétorique qui serait durcie, mais également les mesures qui pourraient être prises au niveau diplomatique», dit-il.
L’interview du ministre polonais des Affaires étrangères a également été commentée par des hommes politiques. «Il ne peut y avoir d’accord pour le déploiement de l’arme nucléaire en Pologne. Monsieur le ministre Czaputowicz! Nous nous y opposerons fermement. Le gouvernement n’a pas le droit de transformer la Pologne en cible d’une attaque nucléaire», a déclaré Tomasz Tomczykiewicz, député polonais du parti d’opposition Plateforme civique.
«La déclaration du ministre Czaputowicz sur l’admission de l’arme nucléaire en Pologne est un scandale. Le parti au pouvoir, Droit et Justice, a été soutenu aux élections par moins de 20% des suffrages. Le ministre n’a pas le droit moral de faire de telles déclarations au nom du peuple», s’indigne Adrian Zandberg du parti social-démocrate Ensemble.
Le ministère des Affaires étrangères de la Pologne a publié un communiqué officiel qui «nie formellement que dans l’interview au Spiegel le ministre Jacek Czaputowicz avait dit vouloir faire déployer des missiles nucléaires américains en Europe». Et d’ajouter que le titre de l’article paru dans l’hebdomadaire ne reflétait pas le contenu de l’entretien.
Le document du ministère des Affaires étrangères donne une idée de l’attitude de Varsovie vis-à-vis de la situation provoquée par la rupture du traité FNI annoncée par Washington: par exemple, le fait que le chef de la diplomatie polonaise a noté que la politique de l’Europe serait basée sur la dissuasion nucléaire garantie par l’Otan et que le maintien de la présence des forces américaines, y compris nucléaires, était dans l’intérêt de l’Europe. La réponse de la Pologne concernant l’éventuel déploiement de l’arme nucléaire sur le territoire polonais est également détaillé. Jacek Czaputowicz n’a pas exclu qu’elle garantirait la paix sur le continent. Et la décision concernant le lieu de déploiement de telles armes revient à l’Otan.
Source: Sputnik