Le Premier ministre algérien Ahmed Ouyahia a commenté, le 28 février, les manifestations qui ont lieu partout dans le pays depuis le 22 février contre un cinquième mandat du président Abdelaziz Bouteflika.
«Nous sommes heureux que ces manifestations soient pacifiques et elles sont un droit constitutionnel», a d’abord déclaré Ahmed Ouyahia, qui répondait aux questions des députés. Avant d’ajouter : «Nous sommes confiants en les enfants de l’Algérie mais nous avons peur des manipulations et des manœuvres.»
Adoptant un ton de plus en plus alarmiste, le Premier ministre a rappelé des épisodes douloureux de l’Histoire récente du pays, et notamment les troubles qu’a connus l’Algérie en 1991 et qui ont ouvert la voie à la décennie noire qui a fait, selon les autorités, 200 000 morts.
La nature «anonyme» des appels à manifester sur les réseaux sociaux a été pointée du doigt par le Premier ministre. «Pourquoi se cacher ?», a-t-il interrogé, «Celui qui n’a rien à se reprocher doit dire je suis untel et assumer». Avant d’évoquer des «milieux étrangers» qui, selon lui, «commencent à bouger, à commenter, à dire que le peuple algérien s’est réveillé».
«Je ne parle pas pour faire peur au peuple, non, je ne parle pas pour exploiter le passé», a tenu à préciser le chef du gouvernement algérien.
Il a néanmoins mis en garde contre le développement d’un scénario à la syrienne. «Les citoyens ont offert des roses aux policiers, c’est beau, mais je rappelle qu’en Syrie, ça a commencé aussi avec les roses», a-t-il déclaré en guise d’avertissement.
Ce parallèle du Premier ministre a suscité de vives protestations parmi les députés de l’opposition de l’assistance.
Alors que certains élus, notamment ceux du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), quittaient l’hémicycle, Ahmed Ouyahia a lancé : «Je leur dis la vérité et ils se lèvent pour confirmer qu’ils veulent le chaos», avant d’ajouter : «Je dis au peuple algérien qu’il est libre sur sa terre et qu’il est libre de s’opposer au régime en place, mais il ne doit pas s’opposer à son pays. Les régimes et les gouvernants vont et viennent mais le pays et le peuple resteront.»
Depuis le 22 février, les mouvements de protestation se sont multipliés à travers tout le territoire algérien. L’officialisation de la candidature du chef de l’Etat algérien à l’élection présidentielle pour briguer un cinquième mandat a été la source des mobilisations mais celles-ci ne semblent pas, jusqu’à présent, réclamer un «changement de régime» comparable à ce qu’on avait pu observer en Libye, en Syrie ou au Venezuela.
Source: Avec RT