En Israël, le numéro un du Hezbollah sayed Hassan Nasrallah ne cesse d’intriguer. Une fois de plus, il se trouve au cœur d’une activité médiatique israélienne dans laquelle son personnage semble susciter aussi bien de la crainte que de la fascination.
Pour le présenter, la chaine de télévision israélienne KN /11, qui lui a consacré un documentaire l’a qualifié comme étant « celui que le public israélien croit ». Selon son producteur, les discours du secrétaire général du Hezbollah jouissent d’une grande crédibilité auprès du public israélien .
« Nasrallah est notre ennemi dure. Il a transformé le Hezbollah en l’organisation terroriste la plus forte et la plus riche du monde. Aucun ennemi arabe n’a autant préoccupé le public comme lui. Il dispose d’un intérêt tout particulier de notre part, ce qu’aucun autre leader arabe n’avait obtenu. Nous autres Israéliens écoutons ce qu’il dit et le croyons. Il sait bien ceci et en profite d’une façon excellente pour disséminer la crainte en nous, jusqu’à la terreur », a enchainé Gay Zohar, dont l’émission qui fait partie d’un programme intitulé « Terre abandonnée », d’après la télévision libanaise al-Mayadeen Tv .
Plusieurs responsables et experts israéliens ont été interrogés pour donner leur avis sur le personnage. Surtout ceux qui étaient au pouvoir lors des face-à-face israéliens avec le Hezbollah les plus éclatants.
C’est le cas de l’ex-Premier ministre Ehud Barak. Il a conduit le retrait israélien du Liban en l’an 2000, au terme de l’effondrement de ses soldats et de leurs collaborateurs libanais. Ce retrait forcé qui a libéré le sud Liban est considéré par le Hezbollah comme la première victoire arabe contre l’entité sioniste.
« Bien entendu Nasrallah représente pour Israël un nouveau spécimen d’ennemis. C’est un leader pour de bon qu’il ne faut surtout pas prendre la légère. Il jouit d’un don politique passable », a-t-il dit.
Un autre Premier ministre israélien, Ehud Olmert, qui présidait le gouvernement lors de la seconde défaite israélienne contre le Hezbollah en 2006, dit quant à lui: « Nous sommes tombés dans le piège médiatique de Nasrallah parce que nous diffusions en direct ses discours comme s’il était le ministre des Affaires étrangères israélien ou le ministre de la Sécurité ou le chef du cabinet. Nous lui avons permis de disséminer les graines du doute chez une bonne partie du public israélien ».
Un expert a été aussi consulté dans ce reportage : Ronen Cohen qui est l’ex-président du département sur le terrorisme dans la branche des recherches au sein des renseignements israéliens résume son avis comme ci-suit :
« Personne n’a étudié l’ennemi comme nous a étudié Nasrallah parce qu’il sait que si tu veux vaincre il faudra que tu saches les points faibles de l’ennemi dans tous ses aspects ». Toujours selon al-Mayadeen Tv.
Un général israélien interrogé estime pour sa part qu’aucun dirigeant arabe n’a compris et lu l’histoire d’Israël comme l’a fait le numéro un du Hezbollah, rapporte al-Manar. Il a réussi à apparaitre devant les arabes comme un grand vainqueur qui a chassé le colonisateur et avec lui le Hezbollah a atteint un niveau inégalable.
Parmi les images sur lesquelles l’émission israélienne met l’accent, figurent surtout celles de ses apparitions en public, devant un immense public, ainsi que celles des parades militaires que le Hezbollah organisaient dans le passé, et bien entendu celles de ses dicours.
Selon la correspondante d’al-Mayadeen en Palestine occupée, le reportage se termine sans répondre à la question de savoir pourquoi S. Nasrallah jouissait d’une réputation aussi crédible auprès du public israélien. Sachant que cette vision positive du public israélien à son égard n’est pas une nouveauté en soi. Le mois dernier, une campagne pour l’environnement et le recyclage des bouteilles en plastique en Israël l’a choisi comme icône.
Quand bien même cette crédibilité illustre la fascination exercée sur les Israéliens par celui qu’ils considèrent être leur ennemi numéro un, elle montre a contrario le manque de confiance qu’ils vouent pour leurs hommes politiques. Il y a de quoi. Les deux derniers Premiers ministres qui ont dirigé leurs cabinets ministériels ont vu leur parcours trempés dans des scandales de corruption. Les Israéliens savent mieux que quiconque à qui ils ont affaire.
Source: Divers