Pour ceux des analystes qui suivent de près la situation au Liban et les menaces Israélienne contre le Hezbollah, la prochaine visite du président Michel Aoun à Moscou pourrait changer beaucoup de choses et pas forcément dans le sens des intérêts israéliens.
Selon le site d’informations libanais El-Nashrah, proche du Courant patriotique libre, parti fondé par le président, à en juger par le dernier discours du secrétaire général du Hezbollah libanais, Sayyed Hassan Nasrallah, et la priorité du mouvement pour la lutte contre la corruption, le Hezbollah semble ne pas se soucier d’une guerre à venir.
Les propos tenus par le secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix de l’ONU, le Français Jean-Pierre Lacroix, ne plaident pas non plus en faveur de l’imminence d’un face-à-face Israël-Hezbollah : « La poursuite de la coopération avec les autorités libanaises est inhérente au maintien de la stabilité dans le Sud, et ce, en dépit des problèmes qui y persistent. »
En d’autres termes, Jean-Pierre Lacroix exclut donc lui aussi toute nouvelle guerre à la frontière sud. Alors les menaces de Netanyahu, un coup de bluff ou une façon désespérée de vouloir sortir du tréfonds des sondages et de s’assurer une victoire, fût-elle mitigée, aux législatives ?
Et ce serait là que le facteur russe peut entrer en jeu : on ne peut pas fermer en effet les yeux sur la présence russe à la frontière syrienne non loin des frontières libanaises. Israël ne le cache pas : la présence des troupes russes au voisinage d’Israël est considérée comme une menace potentielle propre à devenir à tout instant effective. En effet, la Russie, par sa présence en Syrie et au Liban, a réduit sensiblement la marge de manœuvre d’Israël. En fait, aucune opération militaire israélienne ne peut plus avoir lieu sans solliciter au préalable le feu vert russe et, on s’en doute, Moscou n’ira jamais cautionner une escalade propre à enflammer la région surtout maintenant que la Russie a dépensé des sommes astronomiques pour s’implanter en Syrie.
C’est sans doute cette même restriction qui a joué, entre autres facteurs, en faveur d’un refus de Tel-Aviv de se lancer dans une nouvelle guerre, car depuis des mois il ne cesse de battre le tambour de la guerre en vain : la découverte de tunnels souterrains du Hezbollah, les frappes contre la Syrie ou encore le mur de séparation à la frontière libanaise sont autant d’actes préliminaires qui auraient dû aboutir à la guerre si Israël en avait réellement été capable.
Mais il y a un marché fort intéressant qui pourrait se conclure entre Poutine et Aoun. Le sujet des déplacés syriens et de leur rapatriement devrait figurer à l’agenda du président libanais Michel Aoun lors de sa prochaine visite à Moscou.
La partie russe pourrait en revanche proposer à Aoun un rapprochement avec Moscou : le retour des réfugiés contre la protection russe. Ainsi, Moscou pourrait-il protéger les deux voisins que sont le Liban et la Syrie contre toute agression israélienne.
Israël devra bien s’en inquiéter. Le Liban ne laissera pas passer une pareille occasion qui lui permettra de se doter des capacités nécessaires afin de résister à l’ennemi israélien en cas de nouvelle guerre.
Source: Press TV