Un documentaire réalisé par la chaine qatarie al-Jazeera a mis la lumière sur les exactions sournoises commises par les Emirats arabes unis pour manipuler l’économie des pays africains avoisinants et promouvoir leurs intérêts à leurs dépens.
Diffusé dans le cadre de l’émission Distance zéro, le dimanche 17 mars, sous le titre La guerre des ports, il révèle comment le prince héritier d’Abu Dhabi Mohamad ben Zayed (MBZ) s’emploie pour prendre le contrôle de Djibouti, l’Erythrée et la Somalie, en utilisant la société mondiale Ports de Dubaï (DP World). Celle-ci est considérée comme l’une des plus grandes sociétés dans le monde, en supervisant l’activité de 77 ports dans le monde dont celui de Jabal Ali à Dubaï.
A Djibouti, pays qui occupe une position stratégique surplombant le détroit de Bab al-Mandeb, un trajet incontournable pour le commerce maritime entre l’Europe, l’Asie et le Golfe, le président de l’organisme des ports, Abou Bakr Omar Hadi accuse cette société de refuser d’accueillir les bateaux en provenance du port djiboutien Doraleh sous prétexte qu’elle n’a pas assez de place. S’étant emparée de la station des conteneurs dans la zone libre de Djibouti, en versant des pots de vin, elle y a élevé les prix des services occasionnant une baisse des conteneurs et une perte considérable pour ce pays.
En Érythrée, les Emirats se sont emparés en 2015 de son port et de son aéroport situés à Assab , sur la mer rouge, pour une durée de 30 ans. Ils les ont transformées en bases militaires, aérienne et maritime, alors qu’il était question selon le contrat de les moderniser. La base d’Assab est utilisée par eux dans le cadre de leur guerre contre le Yémen.
Même scénario en Somalie, où Abu Dhabi a pris le contrôle du port de Berbera. Les images satellitaires y montrent la présence de bases militaires émiraties aérienne et maritime.
Le mois dernier, le parlement somalien a voté en faveur de l’interdiction de la société émiratie dans son pays l’accusant de menacer ses intérêts dans ce port. Selon le documentaire qatari, le président somalien Mohamad Abdallah Farmajoh a demandé à trois reprises à MBZ en personne de consulter le contrat du port de Berbeba sans obtenir aucune réponse.
Abu Dhabi est soupçonné de l’avoir signé en accord avec la Somaliland, non reconnue internationalement, sans l’aval de l’Etat fédéral, en échange d’un soutien militaire et sécuritaire.
« Les EAU suivent une politique stratégique de prise de contrôle de tous les ports qui pourraient concurrencer leurs ports dans la circulation maritime et le commerce de trafic. Ils y investissent et confient sa gestion à la Société mondiale des ports de Dubaï, ou en entravant son activité pour réduire son rôle, de sorte qu’ils ne puissent rivaliser avec les leurs », a conclu le documentaire d’al-Jazeera, dont le pays se trouve à couteaux tirés avec les EAU depuis la crise de 2017.