Le culot des Etats-Unis voudrait qu’ils parlent toujours au nom des peuples qu’ils veulent contrôler. Sans jamais avoir été mandaté par eux, ils projettent sur eux leurs propres intérêts, les présentant comme s’ils étaient les leurs. Une manœuvre perfide pour camoufler leurs visées impérialistes, et sauver la face de leur démocratie factice.
Ces dernières heures, les Libanais ont touché de près cette hypocrisie, dans le discours utilisé par le secrétaire d’état américain Mike Pompeo lors de sa visite au Liban les 22 et 23 mars.
Sans l’avoir jamais mandaté, ils l’ont entendu, non sans surprise, parler en leur nom, en leurs intérêts, pour fustiger un parti qui fait partie de leur paysage politique. Et qui jouit d’une bonne réputation chez une grande partie d’eux.
“Le Hezbollah s’oppose aux rêves du peuple libanais depuis 30 ans et défie l’État à travers sa branche militaire et son emprise sur la décision de la guerre et de la paix ”, a lancé Pompeo lors de la conférence de presse, organisée le vendredi 22 mars, à l’issue de sa rencontre avec son homologue libanais Gebrane Bassil.
Pourtant, il venait d’entendre des propos qui allaient dans le sens inverse de sa diatribe. Lors de sa rencontre avec ce dernier, et avec le chef du législatif Nabih Berri. Puis avec le chef de l’Etat Michel Aoun. Censés représenter le peuple libanais, les trois avaient affirmé que le Hezbollah est un parti libanais qui jouit d’une importante assise populaire au Liban, et y est représenté au sein du Parlement et du gouvernement.
Se voulant volontairement déconnecté de la réalité, le responsable américain s’est fait un plaisir à démanteler toutes ces affirmations.
« Le Hezbollah a accédé à la tribune parlementaire soit via des promesses politiques soit en terrorisant les électeurs », a-t-il prétendu. Mettant en cause le libre choix de ces derniers.
Même dénigrement lorsqu’il argue que « les actions du Hezbollah sont contraires aux intérêts du peuple libanais ». Lesquels ne seraient tels que s’ils sont conformes à ceux imaginés par son administration.
Dans le prolongement de ces tactiques maléfiques, une manœuvre encore plus hypocrite est couramment utilisée par les Américains -comme par les régimes alliés, lorsqu’il s’agit de dénigrer des revendications politiques légitimes internes de leurs peuples : les accuser ainsi que leurs adversaires d’être commandités par des forces étrangères . Pour le Liban comme pour d’autres pays arabes, c’est l’Iran qui est le souffre-douleur.
« Le Hezbollah effectue ses actions sournoises sur l’ordre de l’Iran qui ne veut pas de stabilité au Liban parce qu’elle menace ses convoitises », a-t-il affirmé. « Qassem Souleimani porte atteinte à la sécurité du peuple libanais », a-t-il ajouté.
La manœuvre se veut sans doute camoufler la menace israélienne qui n’a jamais cessé d’être, tout en restant la raison d’être du Hezbollah.
Auparavant, en énumérant ces actions, Pompeo avait fait preuve d’une grande niaiserie politique, se voulant persuasif en s’adressant aux Libanais : «comment est-ce que celui qui a dilapidé la vie des gens au Yémen, en Irak, et en Syrie pourrait-il aider les citoyens du sud-Liban, de Beyrouth ou de la Békaa ? Tout en poursuivant le stockage de milliers de missiles sur le territoire libanais pour les utiliser contre Israël ? »
Cela va de soi que les Etats-Unis ont l’habitude obscène d’attribuer aux autres les crimes qu’ils commettent !
Or, la bonne réputation du Hezbollah vient du fait qu’il a contribué à libérer le sol libanais de l’occupation israélienne, d’avoir fait la gloire du Liban en lui infligeant un autre revers en 2006, et aussi d’avoir protégé le pays du Cèdre de la menace takfiriste qui s’est faufilée depuis la Syrie.
Et Pompeo de poursuivre toujours dans sa manie de parler au nom des Libanais « il ne faut pasobliger le peuple libanais à souffrir en raison des liens terroristes du Hezbollah ».
On peut croire bien sûr qu’il s’agit là d’une mise en garde pas du tout tacite comme quoi tout le Liban risque d’être la cible de sanctions américaines. Et pas seulement le parti de la résistance libanaise. Le message ne saurait échapper à l’intelligence des Libanais. Compte tenu de l’histoire obscène des USA, entièrement dévouée à la cause israélienne, au détriment des autres peuples.
Son dénigrement du peuple libanais, pompeo l’a voulu jusqu’après sa conférence de presse. Il avait posé comme condition préalable de ne pas avoir à répondre aux questions de journalistes libanais .
Un dénigrement qui ne saurait toutefois dissimuler l’appréhension par derrière. Celle d’un tir de chaussure, par exemple, comme celui du militant irakien Mountazar al-Zaïdi contre son ancien président Georges Bush. Des libanais ont tweeté que Pompeo le méritait.
En revanche, d’autres ont constaté durant sa tournée de vendredi sa cravate jaune, au milieu de son costume noire. Deux couleurs très utilisées par le Hezbollah, le premier pour sa bannière, le second pour ses moments de tristesse et de colère.
« Dans son inconscient, la phobie du Hezbollah le hante. Elle cache la peur d’un autre échec », a analysé un observateur. Dans le prolongement de la rhétorique du numéro un du Hezbollah.
« Ils veulent nous sanctionner parce que nous les avons défaits », a dit sayed Hassan Nasrallah dans son dernier discours, en commentant les sanctions contre les hezbollah. Bien vu encore une fois, de la part de quelqu’un qui sait très bien où le bât blesse.
Source: Divers