Les sommets s’assemblent et les photos se ressemblent. Une nouvelle photo, -voir ci-dessus-, devrait rester gravée dans la mémoire des peuples arabes, sur leurs dirigeants réunis à Tunis, le dimanche 1er avril, pour le 30ème sommet de la Ligue arabe.
Elle n’est pas la première du genre. Comme le montre cette photo-ci, prise lors du sommet de Zahrane en 2018.
Des prises de position verbales
« Pour les causes qui font mal au Arabes, ils ont toujours fait preuve d’une grande apathie. Ils s’endorment. Ou alors ce sont des positions verbales qui n’ont aucun impact ».
Ce fut le cas pour la décision du président américain Donald Trump de reconnaitre la souveraineté israélienne sur le Golan syrien occupé. Les dirigeants arabes l’ont condamnée à l’unanimité, se fiant au droit international. Ni plus ni moins. Sans aucun sentiment d’humiliation. Seul le président libanais Michel Aoun a rappelé que cette décision bafouait l’Initiative de paix arabe. Et bien entendu, il n’a été question d’aucune mesure qui puisse pousser l’administration américaine à changer d’avis.
Le prince Tamin claque la porte
Cette rencontre aurait dû passé inaperçu si ce n’est le coup de théâtre du prince du Qatar, le jeune prince Tamim. Il participé à la séance de son ouverture et a claqué la porte.
Malgré les déclarations apaisantes des dirigeants tunisiens, selon lesquels son départ était prévu, plusieurs explications lui ont été données.
La plus plausible, celle que retient le média turc TRT, affirme que le jeune émir n’a pu admettre les accusations à la Turquie proférées par le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmad Aboul Geit, lui reprochant ses ingérences dans le monde arabe.
Dans les intentions d’Abou al-Gheit, on peut facilement deviner le rapprochement de la Turquie avec le Qatar, où la première a dépêché à la demande de la seconde des forces militaires lors de l’éclatement de la crise avec l’Arabie saoudite et ses alliés arabes.
Abou al-Geit n’a pas manqué non plus d’adresser à l’Iran les mêmes critiques d’ingérence dans le monde arabe. Avec en toile de fond l’aide que la RII a procurée à la Syrie. Une telle terminologie n’est pas du tout de vigueur lorsque ses acteurs sont les USA, les pays occidentaux ou les monarchies arabes, surtout l’Arabie.
Le spectre d’Erdogan sur Salmane
Il faut croire que le prince qatari en a voulu à Abou al-Geit son alignement en faveur de cette dernière. Pourtant le roi Salmane qui s’est fait un plaisir à critiquer l’Iran, -comme de coutume-, avait évité d’évoquer la Turquie.
Mais le spectre d’Erdogan, comme nouveau guide du monde arabo-islamique semble le hanter, et l’aurait guidé dans ses récentes positions fermes sur la décision américaine sur le Golan syrien, estime le journal libanais al-Akhbar. Salmane ne voudrait pas non plus le laisser surfer sur la cause palestinienne. C’est l’une des raisons principales pour laquelle il avait organisé l’an dernier, dans son pays, le 29ème sommet de la Ligue arabe, pour critiquer la position de Trump de reconnaitre la souverainté israélienne sur la totalité de la ville sainte. Sans aucune pression qui va avec.
« Quelle honte, quelle bassesse, ils ont vendu al-Quds en dollars ».
Dès lors, ces déclarations ne trompent plus les peuples. En tête, le peuple tunisien.
Le roi Salmane a été cité nommément, à la différence des autres dirigeants arabes, lors de la manifestation organisée dimanche en marge du sommet. «Salmane, tu es l’allié des USA », l’ont taxé les manifestations. « Les chefs de la trahison ne sont pas les bienvenus », ont-ils aussi scandé. Sans perdre de vue la cause palestinienne : « La Palestine n’est pas à vendre, O dirigeants de la normalisation » « Il n’y a pas de place aux transactions de normalisation sur le sol tunisien », et « Quelle honte, quelle bassesse, ils ont vendu al-Quds en dollars ».
Bravant le dispositif sécuritaire, les manifestants ont réaffirmé que « La rue appartient au peuple ». Une fois encore, le peuple tunisien n’en finit pas de surprendre!
Sources: Al-Akhbar, Watanserb; AlAlam
Source: Divers