Washington doit faire un choix entre l’amitié avec la Turquie et le soutien qu’il porte aux Unités de protection du peuple kurde (YPG), a déclaré ce jeudi 4 avril le vice-Président turc Fuat Oktay après que son homologue américain Mike Pence a mis en garde la Turquie contre l’acquisition de missiles russes S-400.
«Les États-Unis doivent choisir. Veulent-ils rester un allié de la Turquie ou risquer cette amitié en joignant leurs efforts à ceux des terroristes pour empêche leur allié de l’Otan à se défendre contre ses ennemis», a fait savoir M.Oktay sur Twitter.
Ce message a été publié en réponse à l’ultimatum lancé par M.Pence à la Turquie contre l’acquisition de systèmes de missiles russes S-400 que Washington considère comme une menace.
Ankara accuse Washington de travestir la réalité sur une rencontre diplomatique
Dans ce contexte, le compte-rendu d’une rencontre entre les ministres américain et turc des Affaires étrangères a donné lieu jeudi à un bras de fer entre les deux pays alliés, la Turquie accusant les Etats-Unis d’avoir travesti la réalité des échanges tandis que Washington persiste et signe.
Mike Pompeo et Mevlüt Cavusoglu se sont entretenus mercredi dans la capitale américaine en marge du 70e anniversaire de l’Otan.
Mais Ankara a mis en cause le communiqué publié dans la foulée par le département d’Etat américain. Il a été « clairement préparé avant la rencontre » et « non seulement il ne reflète pas le contenu de l’entretien, mais il contient également des sujets qui n’y ont même pas été abordés », a protesté le porte-parole de la diplomatie turque Hami Aksoy dans un communiqué.
« Notre alliance exige naturellement que de tels communiqués soient préparés avec davantage de soin », a-t-il ajouté.
« J’ai relu le compte-rendu » et « je maintiens chaque mot », a répondu jeudi Mike Pompeo lors d’une conférence de presse à Washington.
Selon le communiqué américain, le secrétaire d’Etat a mis en garde son homologue turc contre « les conséquences potentiellement dévastatrices d’une action militaire turque unilatérale » en Syrie.
Ankara menace en effet depuis des mois de lancer une offensive contre des milices kurdes syriennes qu’il considère comme « terroristes », mais qui sont alliées de Washington dans la lutte contre le groupe takfiro-wahhabite Daesh.
Mais interrogé à ce sujet lors d’une conférence de presse jeudi à Washington, M. Cavusoglu a assuré « qu’un tel langage n’a pas été utilisé » et que les Américains « n’ont jamais mentionné de telles choses à propos d’actions unilatérales de la Turquie ».
« Nous nous sommes simplement mis d’accord pour continuer à travailler ensemble sur le sujet », a-t-il affirmé, disant avoir été « surpris » en découvrant le communiqué du département d’Etat.
Celui-ci rapportait également que Mike Pompeo a exprimé à Mevlüt Cavusoglu son « inquiétude concernant l’acquisition potentielle par la Turquie » du système de défense antimissiles russe S-400.
Ankara a entrepris d’acheter, en même temps, des S-400 russes et des F-35 américains, mais les Etats-Unis redoutent que cela ne mette en danger les secrets technologiques de leurs F-35, des avions de chasse ultrasophistiqués.
L’administration Trump a donc suspendu cette semaine la livraison au gouvernement turc d’équipements liés à ces avions.
Mais Mevlüt Cavusoglu a assuré à Washington que la Turquie ne reviendrait pas en arrière.
Jeudi, Mike Pompeo a toutefois tenté de faire baisser la tension en se disant « confiant » quant à la possibilité de trouver une issue à cette crise.
« J’ai eu une bonne et longue conversation avec le ministre turc des Affaires étrangères », a-t-il dit, ajoutant vouloir « travailler de manière étroite » avec Ankara.
Selon ses services, le secrétaire d’Etat a par ailleurs appelé, lors de la réunion de mercredi, « à une résolution rapide des cas impliquant des ressortissants américains » ou des employés locaux des missions diplomatiques américaines « injustement détenus » en Turquie.
Là encore, M. Cavusoglu a assuré que la conversation ne s’est pas déroulée ainsi et qu’il a lui-même évoqué le sujet pour informer M. Pompeo des derniers développements sur la question.
Sources: Sputnik + AFP