Mike Pompeo a annulé mardi 7 mai sa visite prévue en Allemagne pour se rendre précipitamment en Irak où il a pris la langue avec le président et le Premier ministre irakien. À l’entendre pérorer son discours les États-Unis seraient soucieux de la souveraineté irakienne et affirme ne pas « vouloir que quiconque s’immisce en Irak certainement pas en attaquant un autre pays depuis l’intérieur de l’Irak ».
Pour de nombreux analystes, cette visite qui intervient subitement quelques heures avant l’annonce de la nouvelle politique nucléaire iranienne et alors qu’Israël vient de subir une royale défaite en 48 heures face à la Résistance palestinienne, marque un rétropédalage de Washington.
Le secrétaire d’État américain Mike Pompeo, en visite surprise à Bagdad, s’est donc entretenu mardi soir avec le président irakien Barham Saleh. Le contenu des entretiens n’a pas été divulgué, mais selon des sources d’information, l’accent aurait été essentiellement mis sur la prolongation des dérogations américaines accordées à l’Irak dans le cadre des sanctions anti-iraniennes.
Des sources proches des entretiens affirment aussi que la partie américaine aurait reconnu ne pas chercher une montée des tensions avec l’Iran et ce, malgré le récent message du conseiller US à la sécurité, Mike Pompeo qui menace très clairement l’Iran et ses alliés régionaux et parle « des agissements iraniens » dans la région contre les intérêts US.
Avant cet entretien, Mike Pompeo avait effectivement rencontré le Premier ministre Adel Abdel Mahdi qui en visite la semaine dernière en Europe, avait refusé de se rendre aux États-Unis au prix de provoquer la colère de Washington. La rencontre Mahdi-Pompeo a d’ailleurs été confirmée par le ministre irakien des Affaires étrangères Mohamed Ali al-Hakim sur Twitter.
Ce dernier a écrit que lui-même avait assisté à deux réunions importantes et séparées du secrétaire d’État américain avec le Premier ministre et le président irakiens.
« La raison pour laquelle nous allons à Bagdad, ce sont les informations qui indiquent une escalade des activités de l’Iran », a prétendu Mike Pompeo lors d’un entretien aux journalistes qu’il a emmenés avec lui pour couvrir « comme il faut sa visite en quasi catimini à Bagdad ».
Pompeo a dit ensuite qu’il souhaitait « parler avec les dirigeants irakiens pour les assurer que nous étions prêts à continuer à faire en sorte que l’Irak soit une nation souveraine et indépendante ».
Quelques heures plus tard et alors qu’il maintenait un total mystère sur le contenu de ses entretiens avec le président et le PM irakiens, il a lancé ceci: « J’ai reçu l’assurance des dirigeants irakiens qu’ils comprenaient que c’était leur responsabilité de protéger de manière adéquate les Américains dans leur pays » avant d’enchaîner avec cette autre phrase bien significative: « Nous ne voulons pas que quiconque s’immisce dans leur pays (Irak), certainement pas en attaquant un autre pays depuis l’intérieur de l’Irak. »
À quoi rime ce discours bourré de contradiction ? Selon les observateurs, les menaces proférées contre l’Iran par les États-Unis ont provoqué un tollé au sein même du Pentagone où généraux et officiers évoquent à travers de nombreux articles et interventions, l’extrême danger que représente pour les intérêts des États-Unis et de leurs alliés le fait de vouloir entrer en conflit militaire avec l’Iran.
Le Hezbollah irakien réagit
Mardi, le Hezbollah d’Irak a réagi au déploiement d’un groupe aéronaval US dans le golfe Persique affirmant que « cet acte hostile vise non seulement l’Iran mais aussi la totalité de l’axe de la Résistance » et qu’il ne resterait pas sans réponse. Cette mise en garde intervient quelques heures après une trêve demandée par Israël avec la Résistance palestinienne au bout d’une escalade inouïe israélo-palestinienne marquée surtout par une capacité balistique renouvelée du Jihad islamique et du Hamas.
La visite de Pompeo en Irak reflète, d’après les observateurs, un certain recul par rapport à la rhétorique guerrière adoptée la semaine dernière. En effet, le porte-avions USS Abraham Lincoln (CVN72) n’a pas encore atteint le golfe Persique et se trouve actuellement dans les eaux territoriales italiennes où il participe à des exercices militaires avant de se rendre vers l’isthme de Suez, la mer Rouge, la mer d’Oman puis le golfe Persique à partir du détroit d’Hormuz. L’annonce de son déploiement relève plutôt d’une guerre psychologique qui ne semble pas avoir eu l’effet escompté, les alliés de l’Iran multipliant la réaction en faveur de l’axe de la Résistance et l’Iran annonçant ce mercredi être revenu sur deux de ses engagements pris dans le cadre de l’accord sur le nucléaire.
Source: PressTV