L’Irak s’est finalement décidé à ouvrir ses portes aux rivaux européens des États-Unis afin de diversifier ses coopérations et les investissements étrangers. Mais ce n’est pas la seule approche qui a suscité la colère de Washington : Bagdad ne s’est pas aligné sur les sanctions américaines visant la République islamique d’Iran.
Citant les sources proches du bureau du Premier ministre irakien Adel Abdel Mahdi, le site web libanais al-Ahed News a fait part des messages envoyés pendant les derniers jours par les Américains, qui mettaient en évidence le mécontentement de la Maison-Blanche à cause d’une série de visites qu’avait effectuées le Premier ministre irakien dans certains pays européens avant son déplacement à Washington.
Selon al-Ahed News, « la signature d’un contrat de 14 milliards de dollars entre Bagdad et le groupe allemand Siemens, en présence d’Adel Abdel Mahdi et d’Angela Merkel, pour développer le secteur de l’électricité de l’Irak, signifie certes un coup dur pour Washington qui comprend bel et bien que le contrat avec Siemens vise à baliser le terrain à la marginalisation, voire à l’expulsion, du conglomérat américain General Electric qui domine déjà depuis 16 ans le secteur de l’électricité en Irak ».
Et d’ajouter : « L’autre facteur qui attise la colère des États-Unis contre l’Irak est le rapprochement entre Téhéran et Bagdad. En effet, le gouvernement irakien consolide ses relations avec Téhéran surtout en refusant de s’aligner sur les sanctions unilatérales des États-Unis. Lors de tous ses entretiens en Jordanie, en Iran, en Égypte, en Arabie saoudite, en Allemagne en France, Adel Abdel Mahdi a souligné que son gouvernement avait comme priorité d’entretenir de bonnes relations avec ses voisins pour ainsi renforcer la sécurité et la stabilité et accélérer le développement des pays de la région, voire du monde. Reste à savoir pourquoi une telle approche rationnelle, équilibrée, efficace et correcte met en colère les États-Unis, comme en témoignent les sources proches du bureau du Premier ministre irakien. Ce qui se passe sur la scène politique et ce qui est révélé par les médias montrent que les États-Unis se sentent vraiment vexés par l’approche et les priorités du Premier ministre irakien. »
Al-Ahed News réaffirme qu’au niveau régional, Washington espérait voir Bagdad s’éloigner de Téhéran ou du moins refuser de se rapprocher davantage de ce pays. « Washington espérait que le gouvernement irakien respecterait ses sanctions visant la République islamique d’Iran et qu’il n’aiderait Téhéran à contourner ces embargos. En plus, la Maison-Blanche s’attendait à ce que Bagdad restreigne les activités des partis politiques et des groupes armés pro-iraniens et qu’il rende le terrain propice à une dissolution graduelle des Hachd al-Chaabi », a écrit Adel al-Joubouri, auteur de l’article.
« Ce que Washington avait projeté de faire était d’éloigner Bagdad de Téhéran en promettant au gouvernement irakien de l’aider à normaliser ses relations avec les autres pays arabes, surtout l’Arabie saoudite. Ce projet transparaît à travers la réaction de la Maison-Blanche à la visite du président iranien Hassan Rohani en Irak, le 11 mars, et au déplacement du Premier ministre irakien Adel Abdel Mahdi en Arabie saoudite, le 17 avril. En réalité, Washington s’efforce de maintenir la main sur tous les secteurs de l’Irak et il souhaite que le gouvernement irakien n’ouvre pas les portes du pays à ses alliés et amis sans son feu vert ».
Adel al-Joubouri indique qu’en Irak, Washington opte pour la même approche face à l’Iran et aux pays européens que face à la Russie, à la Chine et au Japon. Sa méthode varie d’un pays à l’autre, mais l’objectif reste le même : il ne tolère une influence grandissante d’aucune de ces parties en Irak.
« L’erreur la plus grande que pourrait commettre l’Irak serait un certain laxisme face aux diktats des Américains. Si l’Irak fléchit sous les pressions américaines, il doit s’attendre à se retrouver isolé et à faire face à de nouveaux problèmes et à davantage de crises », a-t-il conclu.
Source: PressTV