Malgré la poursuite des négociations, la nouvelle hausse des droits de douane américains sur les produits chinois est entrée en vigueur comme prévu vendredi, entraînant une réplique immédiate de Pékin qui a promis d’imposer ses propres sanctions.
La Chine « n’aura d’autre choix que de prendre de nécessaires mesures de représailles », a averti le ministère chinois du Commerce quelques minutes après l’entrée en vigueur des surtaxes américaines à minuit heure de Washington (04H01 GMT).
L’augmentation de 10 à 25% des droits de douane supplémentaires porte sur des produits représentant environ 200 milliards de dollars de commerce annuel de la Chine vers les Etats-Unis, soit près de la moitié des ventes de Pékin à l’oncle Sam.
Cette mesure était suspendue depuis janvier par Donald Trump pour laisser le temps aux deux parties de discuter dans une plus grande sérénité. Mais le président américain a annoncé dimanche sa réactivation, arguant que les discussions n’allaient pas assez vite et doutant de la bonne foi des négociateurs chinois.
Cette relance de la guerre commerciale entre les deux géants du Pacifique a perturbé les marchés financiers mondiaux toute la semaine.
Rassurées toutefois par la poursuite des négociations, les Bourses chinoises évoluaient en territoire positif en début d’après-midi vendredi. Shanghai progressait de 1,27%, Shenzhen de 1,62% et Hong Kong de 0,63%.
L’entrée en vigueur des nouvelles sanctions survient alors même que le représentant américain pour le Commerce Robert Lighthizer et le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin ont rencontré jeudi soir à Washington pour « un dîner de travail » le vice-Premier ministre chinois Liu He.
Les discussions se poursuivront vendredi, a fait savoir la Maison Blanche.
Une augmentation des droits de douane est « dommageable » pour les deux économies, avait indiqué Liu He à la télévision publique chinoise avant le début des discussions jeudi.
Le responsable chinois avait toutefois estimé que les négociations étaient « prometteuses » et assuré qu’il avait fait le déplacement à Washington « avec sincérité ».
Il rétorquait indirectement aux accusations de Robert Lighthizer et Steven Mnuchin qui ont affirmé lundi que la Chine était revenue sur ses engagements pris lors de précédentes sessions de négociations, une accusation infondée selon Pékin.
L’administration Trump exige la réduction du colossal déficit commercial américain avec la Chine, des « changements structurels » tels que la fin du transfert forcé des technologies ainsi que la protection de la propriété intellectuelle américaine.
Elle demande également la fin des subventions aux entreprises d’Etat, qui portent le plan stratégique de l’Etat chinois pour faire du pays un champion technologique tous azimuts, « Made in China 2025 ».
Les tensions sino-américaines troublent en outre les marchés financiers, qui oscillent au gré des menaces ou au contraire des gestes d’apaisement. Vendredi matin, les Bourses chinoises ont ainsi ouvert en hausse après avoir clôturé en baisse la veille.
Ils pourraient être de nouveau tiraillés par les incertitudes, Pékin ayant l’intention de rétorquer à la nouvelle hausse de droits de douanes.
Donald Trump a opté avec Pékin pour la stratégie de la pression maximale, infligeant d’abord en mars 2018 des tarifs douaniers sur l’acier et l’aluminium chinois puis, l’été dernier, sur 250 milliards de dollars de produits chinois.
Il menace en outre d’imposer des droits de douane additionnels sur toutes les importations de Chine (539,5 milliards de dollars en 2018).
Et coïncidence ou non du calendrier, les Etats-Unis ont annoncé jeudi refuser à l’opérateur China Mobile l’accès à leur marché, relevant « des risques substantiels et sérieux pour la sécurité nationale ».
Source: Avec AFP