La DCA saoudienne exclusivement made in USA n’a rien vu venir: les sept drones yéménites ont pénétré au cœur d’Arabie sans accroc. Riyad se tournera-t-il vers les S-400?
L’Arabie saoudite a beaucoup dépensé pour protéger ses voies d’acheminement de pétrole, mais les évolutions rapides de la technologie risquent d’exposer les ports, les oléoducs et les installations pétrolières du royaume saoudien à de véritables dangers.
Le quotidien américain The New York Times a publié, le vendredi 17 mai, une analyse de Stanley Reed, journaliste basé à Londres, spécialiste de l’énergie et de l’économie.
L’auteur rappelle que sur l’ensemble de la péninsule arabique, des milliers de kilomètres d’oléoduc traversent le désert dans l’une des chaînes de production les plus sophistiquées du monde pour le pompage du pétrole et sa distribution dans le monde entier. Ce vaste système de champs de pétrole, de raffineries et de ports fonctionne normalement et sans interruption malgré les turbulences politiques dans la région.
Mais cette semaine, une attaque revendiquée par les forces de l’armée yéménite et d’Ansarallah a obligé cependant les Saoudiens à suspendre temporairement le transfert du brut vers l’ouest de l’Arabie saoudite par une importante artère pétrolière du pays. L’assaut est survenu un jour après que de mystérieux incidents ont endommagé deux pétroliers saoudiens et deux autres navires dans un port clé des Émirats arabes unis.
C’est peut-être l’attaque la plus grave contre les infrastructures pétrolières du royaume depuis 2006.
Selon Stanley Reed, la question qui se pose pour les acteurs du marché mondial du pétrole est de savoir comment les infrastructures de l’Arabie saoudite et d’autres producteurs du golfe Persique pourraient être protégées avec l’aggravation des tensions dans la région.
Les analystes et les dirigeants de Saudi Aramco, la compagnie pétrolière nationale, affirment que le royaume a beaucoup dépensé pour protéger le secteur vital du pétrole. Les principales installations saoudiennes sont étroitement surveillées et protégées par des batteries de missiles et d’autres armes sophistiquées.
« Les systèmes de sécurité ont été renforcés dans les années 2000 notamment après l’attaque de 2006 contre les installations d’Abqaiq », a déclaré Ben Cahill, responsable de la recherche chez la compagnie Energy Intelligence. « Les champs pétroliers, les raffineries et les pipelines du royaume sont équipés de systèmes de surveillance et de télédétection », a-t-il ajouté.
Ben Cahill et d’autres analystes admettent qu’il était révélateur, voire choquant, qu’un drone apparemment parti de 500 milles plus loin au Yémen ait réussi à pénétrer en profondeur dans le territoire saoudien et à causer des dommages.
Selon l’analyste du New York Times, il était également inquiétant et même embarrassant pour les Saoudiens et les Émiratis que quelqu’un ait réussi à endommager des pétroliers au large de Fujaïrah, port clé des Émirats arabes unis, où les navires s’approvisionnent en carburant et en vivres avant de se rendre dans le golfe Persique.
En dépit des dépenses consacrées à la sécurité au cours de la dernière décennie, l’évolution rapide de la technologie peut signifier que les infrastructures saoudiennes sont plus exposées qu’on le pensait au danger, selon des analystes.
Les experts des Nations unies ont estimé, par exemple, que les drones utilisés par les forces yéménites avaient une autonomie de près de 1000 milles, ce qui leur permet largement d’atteindre l’Arabie saoudite.
« Le simple fait qu’ils aient réussi à atteindre des pétroliers et un pipeline est significatif », a déclaré Riccardo Fabiani, analyste de géopolitique chez la société Energy Aspects. « Cela signifie qu’ils pourraient frapper le cœur des intérêts saoudiens s’ils le voulaient », a-t-il ajouté.
Les drones pourraient également être en mesure d’échapper aux principaux dispositifs de défense aérienne du royaume, qui sont conçus pour repousser les missiles et les avions plutôt que des objets volants plus petits. Jeremy Binnie, spécialiste de la défense pour le Moyen-Orient et l’Afrique à Jane’s Defence Weekly, a déclaré que les images satellite montrent que le principal terminal d’exportation saoudien à Ras Tanura est protégé par des batteries de missiles sol-air Hawk fabriquées par les États-Unis. Mais ces armes « pourraient ne pas être en mesure de faire face aux drones développés avec de petits radars ».
Il a déclaré que des responsables d’Aramco soupçonnaient l’Iran d’être responsable d’une cyber-attaque contre les intérêts de cette compagnie au début des années 2010. Les analystes estiment que les cyber-vulnérabilités demeurent une préoccupation majeure. Les cyber-attaques pourraient jouer un rôle étonnamment important en cas de conflit. « L’Iran a d’importantes capacités informatiques et, dans le cas d’une action militaire américaine importante contre l’Iran, on pourrait s’attendre à ce que l’Iran déploie ses capacités contre les États-Unis et leurs alliés », a déclaré John MacWilliams, ancien sous-secrétaire et chef de la gestion des risques au département de l’Énergie dans l’administration Obama.
Source: Avec PressTV