Les électeurs sont appelés à voter dimanche dans 21 pays de l’UE, dont la France, l’Allemagne et l’Italie, pour choisir leurs représentants au Parlement européen, où les partis eurosceptiques devraient réussir une nouvelle poussée selon les sondages.
La Grèce, la Hongrie, la Bulgarie, la Roumanie, la Lituanie et Chypre ont été les premiers pays à ouvrir leurs bureaux de vote, à 04h00 GMT. Le scrutin a déjà eu lieu dans sept autres pays depuis jeudi, dont le Royaume-Uni, qui s’est résigné à l’organiser en catastrophe après le nouveau report du Brexit, avec une date butoir désormais fixée au 31 octobre.
Quelques 427 millions d’Européens sont en âge de participer au scrutin, qui vise à élire pour 5 ans les 751 membres du Parlement européen. Une assemblée qui n’a eu de cesse d’accroître ses pouvoirs, mais dont l’élection est généralement marquée par une faible participation (42,6% en 2014).
Les scores du Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen en France et de la Ligue de Matteo Salvini en Italie, ennemis déclarés des projets européens du président français Emmanuel Macron, font partie des résultats les plus attendus.
Le vent en poupe dans les sondages, les deux alliés d’extrême droite espèrent fédérer une large alliance de partis nationalistes, eurosceptiques et populistes. Ces forces avaient déjà progressé en 2014, mais elles restent éclatées en plusieurs groupes au Parlement européen.
Si les sondages laissent présager une nette progression, cet ensemble hétéroclite n’est toutefois pas en mesure d’envisager une majorité au sein du Parlement, où les analystes tablent sur un maximum d’un peu plus d’un tiers des sièges.
« Non à l’Eurabia »
Au Royaume-Uni, qui avait ouvert le bal des élections jeudi, le parti de l’europhobe Nigel Farage est attendu largement en tête, surfant sur l’incapacité de la Première ministre Theresa May à concrétiser le divorce avec l’UE. La dirigeante conservatrice en a payé le prix, en annonçant vendredi sa démission imminente.
Les Néerlandais, qui ont eux aussi voté dès jeudi, ont créé la première surprise, avec une percée selon un sondage des travaillistes (PvdA) menés par Frans Timmermans, actuel numéro 2 de la Commission.
Le social-démocrate, candidat à la succession de Jean-Claude Juncker (PPE, droite) à la tête de l’exécutif européen, devancerait les libéraux (VVD), ainsi que les populistes (FvD) qui étaient pourtant attendus en force.
La Ligue du ministre de l’Intérieur italien Matteo Salvini devrait être l’un des grands gagnants en sièges des élections. Le dirigeant italien, porté par son discours anti-migrants, a posté samedi une vidéo sur Twitter accompagnée du message « Non à l’Eurabia ».
Quant au RN de son alliée Marine Le Pen, cheffe de l’extrême droite française, il est en tête des intentions de vote en France, devant la liste soutenue par le président Emmanuel Macron.
L’ENL, le groupe au sein duquel collaborent la Ligue et le RN dans l’actuel Parlement, compte 37 élus, un nombre qui pourrait plus que doubler à l’issue du scrutin.
Et auquel Matteo Salvini veut ajouter des membres de partis siégeant actuellement dans d’autres formations eurosceptiques.
Fin du bipartisme
Le dirigeant italien souhaite aussi coopérer avec le Fidesz, le parti du Premier ministre hongrois Viktor Orban, actuellement suspendu du groupe démocrate-chrétien du PPE, et dont les intentions pour l’avenir restent floues.
Tous ces rapprochements sont toutefois rendus difficiles par de profondes divergences entre ces partis, sur la question de l’attitude face à la Russie par exemple. Et les forces eurosceptiques et europhobes ne pourraient de toute manière pas constituer de majorité, selon les sondages.
Le PPE et les sociaux-démocrates (S&D) devraient, eux, rester les deux principales formations de l’hémicycle européen. Mais ces élections devraient marquer la fin de leur capacité à réunir à eux seuls une majorité pour faire passer des textes législatifs.
Les libéraux (ALDE) espèrent du coup devenir incontournables en devenant la troisième force du Parlement, à la faveur d’une alliance envisagée avec les futurs élus macronistes. Les Verts aussi espèrent devenir un interlocuteur indispensable dans ce paysage politique qui s’annonce plus fragmenté que jamais.
Cette recomposition politique sera déterminante pour la course aux postes clés des institutions européennes. En particulier celui du successeur de Jean-Claude Juncker, membre du PPE, à la tête de la Commission européenne.
« Personne ne pourra devenir président de la Commission sans avoir le soutien d’au moins 376 sur 751 députés européens », a rappelé le porte-parole du Parlement européen, Jaume Duch.
Les chefs d’Etat et de gouvernement se retrouveront dès mardi pour un sommet afin d’échanger sur les prochaines nominations.
Source: AFP