La Chine, appuyée par la Russie, a bloqué mardi au Conseil de sécurité de l’ONU un texte condamnant les morts civils au Soudan et appelant à cesser immédiatement la violence, selon des diplomates.
Lors de la réunion à huis clos, le Royaume-Uni et l’Allemagne ont fait circuler un communiqué qui appelait les militaires au pouvoir au Soudan et les manifestants à « continuer à travailler ensemble vers une solution consensuelle à la crise en cours », selon le document consulté par l’AFP.
Mais la Chine a fermement rejeté ce texte et la Russie a insisté pour attendre une réponse de l’Union africaine, ont indiqué des diplomates.
Le communiqué proposé était « déséquilibré », a estimé l’ambassadeur russe adjoint aux Nations unies, Dmitry Polyanskiy, exhortant à être « très prudent dans cette situation ».
« Nous ne voulons pas mettre en avant un communiqué déséquilibré. Cela pourrait juste envenimer la situation », a-t-il déclaré aux journalistes après cette réunion de deux heures.
Les membres du Conseil de sécurité se sont réunis au lendemain de la répression sanglante de la contestation à Khartoum par les forces de sécurité soudanaises.
Les condamnations internationales se sont succédé depuis la dispersion par la force du sit-in devant le QG de l’armée dans la capitale lundi, qui a fait « plus de 35 morts » et « des centaines de blessés », selon un bilan du Comité central des médecins, proche de la contestation.
« Le nombre de morts comptabilisés dans les hôpitaux (lundi) et (mardi) est de 40 », a annoncé cette organisation dans un communiqué.
Rejeté par la contestation, l’appel du Conseil militaire de transition à la tenue d’élections dans un délai de neuf mois a été aussi dénoncé par Londres, Washington et Oslo.
Après l’échec du Conseil de sécurité à s’entendre, huit pays européens ont déclaré, dans un communiqué commun, « condamner les attaques violentes au Soudan par les services de sécurité soudanais contre des civils ».
La Belgique, le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne, l’Italie, la Pologne, les Pays-Bas et la Suède ont estimé que l’annonce unilatérale du Conseil militaire au Soudan « de cesser les négociations, de nommer un gouvernement et d’appeler à des élections dans un délai trop court » était « très préoccupante ».
« Nous appelons à un transfert du pouvoir négocié vers un gouvernement civil comme exigé par le peuple soudanais », précise encore le texte.
« Pas perdu espoir »
Réunis à la demande de l’Allemagne et du Royaume-Uni, les membres du Conseil de sécurité de l’ONU ont écouté l’émissaire de l’ONU Nicholas Haysom, travaillant avec l’Union africaine en vue d’une solution à la crise. M. Haysom a expliqué à la presse qu’il n’avait « pas perdu espoir ».
Des diplomates ont précisé attendre d’une réunion du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine prévue mercredi l’apport de réponses à la crise.
« Nous avons besoin d’un retour à la table des négociations de toute urgence », avait déclaré Christoph Heusgen, l’ambassadeur allemand auprès des Nations unies, avant la réunion.
« La légitimité ne peut provenir du canon d’un fusil. »
Les militaires qui gouvernent le Soudan ont dit mardi annuler les mesures sur lesquelles ils s’étaient mis d’accord avec les contestataires, et ont annoncé la tenue d’élections dans un délai de neuf mois.
Les militaires avaient chassé du pouvoir le président Omar el-Béchir le 11 avril après des mois de manifestations populaires contre son régime autoritaire.
Source: Avec AFP