La conférence internationale «Contrôle des armes: le fardeau des changements» a pris fin mercredi à Rome. Cet événement a permis d’évoquer les problèmes les plus compliqués de la politique internationale.
Dans le contexte de l’érosion des principes de stabilité stratégique, beaucoup de think-tanks, d’instituts et d’organisations spécialisées proposent des solutions différentes à la crise du contrôle des armes, indique le quotidien Nezavissimaïa gazeta.
C’est le cas notamment du Forum international de Luxembourg sur la prévention d’une catastrophe nucléaire, dont la dernière conférence à Rome a permis aux experts principaux de présenter leur positions franches – et pas toujours flatteuses – sur ces questions. Cela explique probablement la décision d’organiser cet événement à huis clos à l’hôtel St. Regis.
La conférence s’est soldée par une déclaration contenant des propositions et des recommandations adressées aux leaders des principaux États et organisations internationales visant à renforcer la non-prolifération et la sécurité nucléaire.
Un des participants à cet événement a consenti à soulever un peu le voile du secret sur ces pourparlers à condition de garder l’anonymat. Selon lui, les experts ont étudié à Rome les répercussions éventuelles de l’effondrement du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI), allant d’un scénario relativement doux prévoyant le déploiement de missiles de croisière conventionnels dans les pays de l’Otan et en Russie, à une option beaucoup plus dure d’installation massive de missiles balistiques et de croisière nucléaires. Les participants ont souligné la possibilité d’entreprendre certains efforts afin d’éloigner la mise en pratique de tous ces scénarios.
Les Présidents russe et américain proposent de remplacer le FNI par un traité multilatéral ou d’élargir l’accord existant, notamment grâce à l’implication de la Chine. Les experts estiment que ces recommandations émanent de conseillers qui ne comprennent pas vraiment le sens des traités de ce genre et les détails du système de contrôle, qu’il est très compliqué de mettre en œuvre dans le cadre d’un format multilatéral.
Il est également absolument irréaliste de penser que la Chine acceptera de renoncer aux missiles à portée intermédiaire. Sergueï Oznobichtchev, directeur de l’Institut d’évaluations stratégiques, souligne que le parti communiste chinois a décidé de s’isoler du processus de dissuasion.
«La Chine ne dit rien de sa conception du recours aux armes nucléaires. Il existe là-bas des tunnels de plusieurs milliers de kilomètres de long où l’on mène un travail pratiquement inconnu de tous. Selon certaines estimations, la Chine occuperait la troisième place mondiale en nombre d’ogives nucléaires produites, après les États-Unis et la Russie», souligne l’expert.
Les experts ont cependant exprimé un optimisme modéré concernant les perspectives de la prolongation du Traité START III de réduction des armes stratégiques, qui devrait expirer en 2021. S’il était prolongé, on pourrait espérer que la Russie et les États-Unis trouvent, en dix ans, des solutions permettant de maintenir les principes de stabilité stratégique sur la base de l’élaboration d’un «successeur» de ce texte important.
Cette opinion concernant les perspectives du START III diffère pourtant de l’opinion de Robert Legvold, professeur à l’Université Columbia. Selon lui, ces perspectives sont assez sombres:
«L’effondrement du FNI pour les raisons avancées par les États-Unis a servi de prétexte au Congrès pour renoncer à l’examen de la prolongation du START III».
En ce qui concerne la menace du terrorisme nucléaire, elle n’a pas diminué. Les participants à la conférence proposent de créer un système global de contrôle des déplacements des substances radioactives. Une autre proposition est celle d’une intégration plus profonde entre les institutions des différents pays afin de combattre le terrorisme et de créer un centre international spécialisé en Europe.
Selon Viatcheslav Kantor, président du Forum international de Luxembourg sur la prévention d’une catastrophe nucléaire, la mise en œuvre des propositions avancées à Rome pourrait assurer le succès de la Conférence des Parties chargée d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires en 2020. Mais on ne constate pour le moment pratiquement aucune tendance positive dans ce domaine.
Source: Sputnik