La baisse des prix du pétrole commence à rééquilibrer le marché en ralentissant la hausse de la production de brut américain et en encourageant l’Arabie saoudite et ses alliés à continuer à baisser leur production jusqu’à la fin de 2019.
Analyste du marché de Reuters, John Kemp évoque les statistiques de l’Agence d’information sur l’énergie (US Energy Information Administration, EIA), une agence indépendante de la statistique au sein du ministère de l’Énergie des États-Unis. Ces statistiques montrent que la production du pétrole brut des États a augmenté de 241 000 barils par jour (bpj) pour atteindre 11.905 millions de bpj en mars 2019 par rapport à février.
La production brute américaine au cours des trois premiers mois de 2019 a augmenté de 1,575 milliard de bpj par rapport à la même période de l’année précédente, mais le taux de croissance a ralenti par rapport à 1,920 million de bpj au troisième trimestre de 2018.
La production des 48 États (à l’exclusion des eaux fédérales dans le golfe du Mexique) a augmenté de 1,425 million de bpj au premier trimestre, un ralentissement par rapport à une augmentation de 1,817 million de bpj au troisième trimestre de 2018.
La chute des prix depuis le début du quatrième trimestre de 2018, renouvelée depuis la fin avril, a ralenti le rythme des forages de nouveaux puits dans les principaux gisements de schiste.
Selon la société de services pétroliers Baker Hughes, le nombre d’appareils de forage en action est tombé à 800 à la fin du mois de mai 2018, soit une baisse de près de 10 % par rapport au sommet du cycle actuel de 888, atteint en novembre 2018.
L’expérience montre que le changement des prix influe sur le nombre d’engins de forage en action avec un décalage de 3 à 4 mois et sur le changement du taux de la production après 9 à 12 mois.
L’impact total des récentes baisses de prix continuera donc de se répercuter sur le ralentissement de la croissance de la production au second semestre de 2019 et au début de 2020.
La baisse des prix pousse également l’Arabie saoudite et ses alliés au sein du groupe élargi des pays exportateurs de pétrole de l’OPEP + à prolonger leurs réductions de production actuelles pour le deuxième semestre de l’année.
Le ralentissement de la croissance de l’offre de schiste US et les restrictions persistantes imposées par l’Arabie saoudite et à ses alliés devraient permettre d’éliminer la surabondance potentielle de pétrole plus tard en 2019 et 2020.
Au cours du dernier mois, les prix au comptant du Brent ont envoyé des signaux apparemment contradictoires concernant les perspectives du marché pétrolier au second semestre de 2019.
La chute des prix au comptant depuis fin avril 2019 a montré que les opérateurs craignaient que le marché ne soit sous-approvisionné.
La plus grande inquiétude suscitée par la production est celle qui concerne les mois à venir, tandis que les perspectives à plus long terme sont dominées par les craintes concernant la consommation.
Les opérateurs sont de plus en plus préoccupés par le fait qu’un ralentissement potentiel de la croissance de la consommation pourrait laisser le marché suralimenté plus tard dans l’année, à moins que la production de schiste ne ralentisse davantage et que l’OPEP + ne prolonge les réductions de production.
Les préoccupations en matière de consommation découlent de la crainte plus vive que suscite un ralentissement marqué de l’économie mondiale qui pourrait se propager dans les secteurs du transport de marchandises et de la fabrication pour toucher la demande de pétrole.
Les indicateurs économiques récents montrent que l’activité manufacturière et les mouvements de fret à travers le monde sont à la baisse ou en ralentissement après une forte croissance en 2017 et 2018.
Les courtiers américains s’attendent maintenant à ce que la Réserve fédérale baisse les taux d’intérêt de près de trois quarts de point d’ici le début de 2020.
L’indicateur économique de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) est tombé à son plus bas niveau depuis presque une décennie et se situe à un niveau qui, depuis 1970, a toujours signalé une récession imminente.
En Chine, premier importateur mondial de pétrole, les industriels ont signalé une perte de vitesse significative depuis le milieu de 2018. En effet, les activités ont diminué au cours de quatre des six derniers mois.
En conséquence, les prix du pétrole ont chuté pour s’adapter au risque accru d’une récession qui freine la consommation attendue plus tard dans l’année en cours et au début de 2020.
Si les risques de récession diminuent, les prix vont remonter, mais pour le moment, les experts du marché envoient un signal à l’Arabie saoudite et aux producteurs américains de schiste concernant la nécessité de freiner la croissance de la production face à un ralentissement économique probable.
Source: PressTV