Quoique subtile, un fil conducteur relie la construction des discothèques en Arabie saoudite, l’amélioration de la condition des femmes dans ce pays, et les intérêts personnels du prince héritier Mohamad ben Salmane (MBS)
Selon le site d’actualités qatari Watanserb, le royaume s’apprête à inaugurer la première discothèque de son histoire. Faisant partie du groupe de Dubaï White, elle a été construite dans la ville de Jeddah, à une trentaine de kilomètres de la plus importante ville sainte dans l’Islam, la Mecque.
« De la construction des mosquées vers la construction des discothèques sous la direction de Dubaï… est-ce raisonnable ? », a tweeté non sans colère l’internaute Jaber al-Harami.
« Ces changements contribuent à transformer l’Arabie saoudite en un foyer d’abus et de perversion morale », regrette pour sa part un autre internaute saoudien, rapporte Watanserb.
Ce genre de réactions ne saurait influer sur le cours des changements, qui s’inscrivent dans le cadre d’une politique de divertissement dument orchestrée et conduite par MBS. Pour la promouvoir, il a lui a consacré une institution étatique à part entière, l’Instance des divertissements, à laquelle il accordé d’importantes prérogatives. Sans tarder, celle-ci a organisé d’innombrables concerts, pour la première fois consacrée au grand public. Alors que dans le passé, les chanteurs et chanteuses étant invités en privé, par des membres de la famille royale, dans des fêtes internes dans les palais.
Ralliant aussi les sports, cette politique est accompagnée d’une médiatisation qui la présente en termes de modernisation, dans le sillage du projet économique Noami 2030, très cher à MBS.
En même temps, et pour ce fait, ce dernier a ouvertement réprimé l’institution religieuse représenté par l’Instance de l’ordonnance du bien et de l’interdiction du mal, limitant ses pouvoirs et emprisonnant des dizaines de religieux.
Force est de constater que c’est surtout du côté des femmes saoudiennes que les changements sont les plus visibles.
Le dimanche 9 juin dernier, des dizaines d’entre elles se sont attroupées dans un grand supermarché autour d’un prince de la famille royale, Abdel Aziz ben Fahd pour prendre des selfies avec lui. Une scène qui n’aurait jamais pu avoir lieu, d’autant qu’elles sont passées outre des règles de mixité en public qui leur ont longtemps interdit d’entrer en contact avec les hommes. Les dernières années, les femmes saoudiennes ont aussi été vues dans les stades de football, et avant plus souvent derrière le volant de leur voiture.
Mais c’est aussi et surtout dans tout ce qui a trait aux divertissements que ces changements de la condition de la femme saoudienne s’illustrent le plus. Dans les autres domaines liés à leurs droits sociaux, économiques et politiques, ils sont inaperçus.
Il est clair qu’ils répondent à des besoins d’apparence et de visibilité, qui servent beaucoup plus l’agenda de MBS que leur.
Via cette politique de divertissement et de promotion de la femme, le prince héritier voudrait vraisemblablement redorer l’image du royaume. Il sacrifie son intitution religieuse, en imputant au wahhabisme, sa religion d’Etat, et surtout à ses différentes incarnations les turpitudes causées elles, et par le royaume, sur le plan interne et externe. Dans ce dernier, elles se sont illustrées ces dernières années par les horreurs commises par les groupes jihadistes profondément influencés par ses principes. Et dont les activités ont le plus souvent servis des intérêts du royaume.
En outre, le nouveau maitre d’Arabie voudrait, via cette politique de divertissement et l’apparence de modernisation qui lui adhère, camoufler l’inertie politique dans un pays où sévit un régime des plus archaïques et des plus tyranniques sur la planète, et qui, grâce au soutien des puissances occidentales, risque de pérenniser.
Dans ce cas, elle l’aiderait à faire passer en douceur son objectif le plus important sur le long terme: assoir définitivement son pouvoir de sorte que la succession du trône revienne exclusivement à ses descendants. Aussi bien les autres membres de la famille royale que l’ensemble du peuple saoudien sont concernés.
Auparavant, sur le court terme, elle devrait l’aidert aussi à faire oublier la honte qui devrait lui coller en faisant passer le Deal du siècle.
Source: Divers