Après le Sénat, la grogne a gagné la chambre basse du Congrès des Etats-Unis où des démocrates et républicains se sont à leur tour unis mercredi pour tenter de bloquer plusieurs milliards de dollars de ventes d’armes à l’Arabie saoudite autorisées par le président Donald Trump.
L’administration a employé des pouvoirs extraordinaires fin mai afin de contourner le Congrès pour autoriser directement 22 ventes d’armes distinctes à Ryad et à Dubaï, pour un montant de 8,1 milliards de dollars.
Pour le justifier, elle a invoqué une situation d’urgence provoquée par l’Iran.
Cette décision a suscité la colère au Congrès où l’indignation contre l’Arabie saoudite gronde toujours huit mois après le meurtre en Turquie du journaliste saoudien Jamal Khashoggi par des agents venus de Ryad.
Des parlementaires, y compris de fidèles alliés de Donald Trump, craignent en outre que ces armes ne soient utilisées contre des civils au Yémen par la coalition menée par l’Arabie saoudite.
Pour bloquer ces ventes, deux parlementaires démocrate et républicain ont présenté une résolution à la Chambre des représentants mercredi.
« Il n’y a pas de situation d’urgence. C’est bidon, inventé. C’est un abus de pouvoir », a accusé Eliot Engel, président démocrate de la commission des Affaires étrangères de la Chambre, lors d’une audition mercredi.
La diplomatie américaine a rétorqué que la déclaration de situation d’urgence avait été justifiée à cause d’une « hausse du nombre des menaces » dirigées contre des « biens et des personnes » au moment de cette décision.
Il s’agissait « d’envoyer un message de dissuasion à Téhéran » et « un message à nos partenaires pour les rassurer », a déclaré R. Clarke Cooper, responsable du département d’Etat chargé des affaires militaires, devant la commission.
Le numéro deux républicain de la commission Michael McCaul a expliqué qu’il travaillait, en outre, en partenariat avec M. Engel sur une « loi conditionnant certaines futures ventes d’armes, afin de contribuer à mettre fin aux morts de civils » au Yémen.
Des sénateurs républicains –dont un fidèle soutien de M. Trump, Lindsey Graham– et démocrates ont déposé le 5 juin 22 résolutions visant à bloquer chacune de ces même ventes d’armes.
Aucune date n’a encore été fixée pour un vote. Et même si ces résolutions venaient à être adoptées, le président Donald Trump pourrait les bloquer par un veto. Il faudrait alors aux deux chambres du Congrès une écrasante majorité des deux tiers pour outrepasser ce veto.
Source: AFP