Des analystes russes mettent en garde contre le danger d’une éventuelle confrontation militaire entre les États-Unis et la République islamique d’Iran. Et ils affirment que les décideurs américains auraient intérêt à ne pas sous-estimer le potentiel défensif et surtout offensif de Téhéran.
À cet égard, le chroniqueur de Middle East Eye souligne que l’arsenal balistique de l’Iran permet au pays, au cas de confrontation avec l’Amérique de viser les bases militaires US dans un rayon de 2500 kilomètres au-delà des frontières iraniennes.
Selon l’expert militaire, Akram Kharief, l’Iran est parfaitement capable d’empêcher une invasion étrangère et que le Corps des gardiens de la Révolution islamique a les moyens de mener des opérations d’envergure extraterritoriales à travers toute la région. Et pour lui, cela signifie qu’une éventuelle agression militaire américaine contre l’Iran risque d’emporter de sérieuses conséquences géopolitiques pour toute la région du Moyen-Orient voire au-delà.
En effet, il est utile de rappeler que les forces militaires iraniennes reposent sur deux piliers aux rôles bien définis : l’armée régulière et le Corps des gardiens de la Révolution islamique (CGRI).
Selon l’article 143 de la Constitution iranienne, l’armée régulière de la République islamique d’Iran est « chargée de préserver l’indépendance, l’intégrité territoriale et de l’ordre » du pays.
L’article 150 souligne quant à lui que le CGRI, institué aux 1ers jours de la victoire de la Révolution de 1979 est chargé de « la sauvegarde de la Révolution et de ses acquis » et que « ses fonctions et son champ de compétences sont déterminés par la loi, sous réserve du respect du champ de compétences des autres forces armées et conformément à une coopération fraternelle entre elles ».
Akram Kharief affirme que l’armée régulière de la RII a été pensée pour être une armée défensive classique avec quatre corps : l’armée de terre, l’aviation, la marine et depuis l’année 2007, ces forces sont dotées d’une défense aérienne bien solide. La mission principale de cette force quadridimensionnelle est de préserver les frontières en se concentrant sur la protection du sol iranien.
Kharief rappelle ainsi que la défense des intérêts iraniens au-delà des frontières iraniennes a été confiée au CGRI dont la force Qods a la capacité de s’investir sur des théâtres d’opérations extérieures.
L’expert ajoute : « Sans même parler de la mobilisation patriotique qu’elle provoquerait au sein de la population, une invasion étrangère devrait donc compter avec une armée régulière habitée par l’idée de tenir coûte que coûte ses positions. Elle devrait aussi faire face aux forces du CGRI entraînées pour mener à l’extérieur une guerre de harcèlement contre des ennemis et faire peser une menace permanente sur leurs adversaires et leurs intérêts économiques. »
L’auteur souligne que l’armée régulière iranienne possède aussi l’un des meilleurs systèmes au monde en matière de défense aérienne avec notamment des systèmes avancés de radar trans-horizon, des systèmes de radar à visée latérale et des systèmes de radar de conduite de tir ; sans oublier les radars classiques. Les forces armées iraniennes disposent aussi comme il le rappelle, des dispositifs de guerre électroniques fixes et mobiles.
Akram Kharief ajoute : « Plus important encore, l’Iran qui est capable de détecter des avions furtifs (RQ-4 Golabal Hawk intercepté le 20 juin le prouve), a acquis en 2016 le système de défense antiaérienne russe S300 qui lui permet de défendre ses sites stratégiques dans un rayon de 200 km. Avant cela, l’Iran a développé ses propres S-300, Bavar 373, déployés aujourd’hui sur les cotes iraniennes. De leur côté, les forces du CGRI ont aussi pour mission de développer les moyens balistiques susceptibles de dissuader toute attaque. »
L’expert ajoute qu’il serait difficile d’établir un inventaire des missiles iraniens, « mais on sait que le CGRI dispose d’au moins 300 missiles Shahab-1 et Shahab-2 d’une portée maximale de 500 km». Conçus durant les années 1980, certains ont même été modernisés et leurs portées menacent directement les bases américaines sur la périphérie iranienne. (golfe Persique, Irak, Afghanistan).
Selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI), Téhéran dispose aussi d’une centaine de missiles dont le rayon d’action dépasse 1000 kilomètres (Shahab-3/Ghadr), voire 2500 kilomètres (Soumar/Sajjil). Kharief affirme que ce potentiel balistique « offre la possibilité de mieux préparer une réplique, voire une première frappe, en paralysant les moyens de riposte de l’ennemi ». Outre cette panoplie, les forces aérospatiales du CGRI disposent des drones qui permettent d’encombrer l’espace aérien et les radars ennemis.
L’usage des drones déployés en essaim pour mieux désorienter l’ennemi se retrouve dans le secteur naval. « La marine américaine sait déjà qu’en cas de conflit, elle devrait affronter une noria de vedettes rapides, de petits sous-marins de fabrication locale et des avions à effet de sol (ekranoplans), conçus pour voler à très faible hauteur au-dessus d’une surface plane (mer, fleuve…) », ajoute l’expert russe avant de rappeler que les drones d’observation iraniens ont à plusieurs reprises filmé de près les navires de l’US Navy croisant dans le golfe Persique et même des porte-avions.
« Trump semble dire qu’il pourrait utiliser des bombes nucléaires tactiques (ou des ogives à rayonnement renforcé) contre l’Iran, comme les États-Unis l’ont fait en Afghanistan, en Irak, en Syrie et au Liban en 2006 (armes à base d’uranium). Il a également déclaré à la presse qu’aucun plan de sortie, aucun plan B n’était nécessaire. Mais est-il sûr? L’Iran vient d’annoncer que si les signataires de l’accord nucléaire n’obviaient au plus vite aux sanctions américaines contre l’Iran, il irait supprimer le plafond de son enrichissement dès 7 juillet. Les bombes à l’uranium appauvri que les Américains disent vouloir larguer sur l’Iran pour le forcer à la capitulation et au dialogue, pourrait aussi avoir leur pendant dans l’arsenal iranien. Après tout l’Iran nous a déjà réservé des surprises, ce qui devrait pousser M. Trump à plus de précaution », selon l’analyste.
Source: PressTV