Pékin intensifie son rôle dans les efforts de règlement de la crise en Syrie, en contactant tant les autorités que l’opposition syriennes.
L’émissaire spécial du gouvernement chinois pour la Syrie, Xie Xiaoyan, s’est rendu à Damas où il a rencontré le vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères Walid Mouallem et d’autres officiels syriens, ainsi que des représentants de l’opposition syrienne.
Les entretiens du diplomate chinois avec les officiels syriens ont porté sur le rôle humanitaire de la Chine à Alep, les représentants de Damas ayant salué la position « constructive » de Pékin à l’Onu, annonce la presse locale sans donner plus de détails.
Le professeur de l’Académie diplomatique de Chine, Ren Yuanzhe, a estimé dans une interview accordée à Sputnik que cette mission du diplomate chinois de haut rang témoigne de l’intention de Pékin de jouer un rôle de poids dans la résolution de la crise syrienne.
« Le rôle de la Chine consisterait à faire en sorte que les parties au conflit se mettent le plus tôt possible à la table des négociations (…). Pékin peut en outre proposer ses approches du problème sur les quatre volets suivants qui sont le cessez-le-feu, l’aide humanitaire, la lutte contre le terrorisme et des négociations politiques », a indiqué l’interlocuteur de l’agence.
Pour redresser la Syrie, Damas s’appuie sur la Russie, la Chine et l’Iran Et d’ajouter que la Chine entendait à l’avenir également jouer un rôle important dans la lutte contre le terrorisme, dans l’octroi d’aides humanitaires et la mise en application des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies sur la Syrie.
Selon l’expert, la visite de l’envoyé spécial chinois en Syrie s’est déroulée sur fond de pressions croissantes exercées par les États-Unis et d’autres pays occidentaux sur Damas pour en finir avec la présidence de Bachar el-Assad. Tout en réaffirmant le soutien de Pékin aux autorités syriennes en place, la mission de M. Xie a manifesté une approche totalement différente de celle de l’Occident dans cette question important pour la Chine du point de vue stratégique.
« Par ailleurs, la Chine fait preuve de souplesse en soutenant Damas, tout en diversifiant ses contacts avec les principaux acteurs régionaux, dont les perspectives du règlement en Syrie dépendent directement », a relevé l’interlocuteur de Sputnik.
Il s’agit, selon lui, d’une part, du partenariat avec l’Iran, allié de Bachar el-Assad, et d’autre part de la coopération avec l’Arabie Saoudite et le Qatar qui insistent sur le départ du président Assad.
« Pékin n’intervient pas ouvertement contre leur position sur la Syrie, vu les intérêts économiques de la Chine dans la région », rappelle l’expert.
Selon Ajdar Kourtov, expert de l’Institut russe d’études stratégiques, l’objectif essentiel de l’envoyé spécial chinois sur la Syrie consistait cette fois à trouver des canaux de communication avec l’opposition et à recevoir le tableau complet de la situation dans la région.
Avant de se rendre à Damas, M. Xie a visité le Liban où plus d’un million de Syriens ont trouvé refuge, en fuyant leur pays en proie à un conflit sanglant.
« La Chine et le Liban sont amis et coopèrent en ce qui concerne les affaires internationales et régionales. Ils coordonnent également leurs efforts sur la question syrienne et nous espérons progresser au niveau du cessez-le-feu, de la lutte contre le terrorisme, de l’aide humanitaire et d’une solution politique », a déclaré le diplomate chinois lors de sa visite à Beyrouth.
Selon ce dernier, la lutte contre le terrorisme est importante parce que « le terrorisme, cet ennemi commun à toute l’humanité, entrave l’instauration d’un cessez-le-feu et conduit à la poursuite du chaos ».
« Nous espérons progresser dans le processus politique et la reprise des négociations politiques à Genève dès que possible. La communauté internationale doit accorder plus d’attention à la situation humanitaire. La Chine a fourni une aide au peuple syrien, y compris aux réfugiés syriens au Liban », a souligné Xie Xiaoyan à l’issue de sa rencontre avec le premier ministre désigné du Liban, Saad Hariri.