Dix manifestants musulmans chiites ont été tués par la police nigériane à Abuja le lundi 22 juillet. Les manifestants réclamaient la libération de leur chef emprisonné, cheikh Ibrahim Zakzaky et de son épouse.
Quelques centaines de membres du Mouvement islamique du Nigeria (IMN), ont défilé dans la capitale fédérale pour exiger la libération de leur chef Ibrahim Zakzaky blessé et incarcéré depuis décembre 2015 avec son épouse.
« La manifestation a d’abord été pacifique », puis « les policiers ont commencé à sortir en nombre et ont tiré du gaz lacrymogène et les manifestants ont riposté en lançant des cocktails Molotov et ont mis le feu à des véhicules de pompiers », a indiqué un photographe de l’AFP.
« Nous marchions sans violences et lorsque nous sommes arrivés au niveau du ministère des Affaires étrangères, ils (les policiers) ont commencé à tirer en l’air et sur la foule », a de son côté dit Abdullahi Muhammed Bello, un membre de cette organisation. « Il y a six corps devant moi, dont celui d’un mineur », a-t-il poursuivi.
Le photographe de l’AFP a compté le même nombre de morts, ajoutant avoir vu un policier à terre.
L’IMN a plus tard fait part de la mort de cinq autres manifestants.
Amnesty International a aussitôt rendu public un communiqué appelant « les autorités à ne plus réprimer les manifestations chiites dans le sang ».
« Les forces de sécurité tirent à balles réelles sur des personnes qui exercent seulement leur liberté d’expression », regrette l’ONG internationale de défense des droits de l’Homme.
Réprimées dans le sang
Les partisans de cheikh Ibrahim Zakzaky manifestent quasiment quotidiennement désormais dans les rues d’Abuja pour demander sa libération afin de recevoir les soins nécéssaire.
L’IMN, fort de plusieurs milliers de sympathisants, s’oppose depuis des années à l’autorité nigériane et ses manifestations sont souvent réprimées dans le sang.
Le 11 juillet, au moins deux personnes ont été tuées, quelques jours après une sortie du fils du chef de l’IMN, accusant le gouvernement d’organiser « l’assassinat » d’Ibrahim Zakzaky, dont l’état de santé s’est fortement dégradé.
Le week-end dernier, la présidence nigériane a appelé les membres de l’IMN à attendre la prochaine comparution de leur chef devant la justice, le 29 juillet.
Fin 2016, un tribunal fédéral avait jugé sa détention illégale et ordonné sa libération. Mais cette décision n’a jamais été exécutée.
En janvier, un tribunal avait ordonné qu’il puisse rencontrer ses médecins personnels, en raison de la dégradation de son état de santé, mais ses proches ont récemment fait savoir qu’il souffrait d’un empoisonnement au plomb.
Fin octobre, des partisans de l’IMN avaient manifesté en masse à Abuja et la répression violente de la manifestation par les forces de sécurité avait fait 47 morts selon l’IMN et les observateurs.
En décembre 2015, l’armée a tiré sur des manifestants à Zaria, leur fief dans le nord du Nigeria, faisant plus de 350 morts.
Cheikh Zakzaky est connu pour son opposition à la politique américano-israélienne dans la région.
Source: Avec AFP