Les récentes déclarations de Trump et de Mark Esper laissent penser que les États-Unis se sentent obligés de réduire les tensions avec l’Iran.
Le journal libanais Al-Binaa a publié hier, vendredi 26 juillet 2019, un article d’un analyste des affaires politiques du Moyen-Orient, Mohammad Sadeq al-Hosseini, qui relève certains points relatifs à ce que les observateurs ont qualifié ces derniers jours de « réduction des tensions » entre les États-Unis et la République islamique d’Iran dans la région du golfe Persique.
Les déclarations du président des États-Unis Donald Trump concernant la volonté de son pays de négocier avec l’Iran sur son programme nucléaire sans condition préalable s’avèrent importantes, selon M. Sadeq al-Hosseini qui souligne que « Trump n’a fait aucune allusion à la question des missiles balistiques iraniens ou à la présence de l’Iran au Moyen-Orient, et surtout il n’a pas mentionné non plus Israël, sa sécurité et ses intérêts ».
Selon l’analyste du quotidien Al-Binaa, ce qui donne encore plus d’importance aux déclarations de Donald Trump, ce sont les propos de jeudi dernier du nouveau secrétaire américain à la Défense, Mark Esper, qui a souligné que les navires de la marine américaine n’escorteront pas les navires marchands dans le golfe Persique et maintiendront seulement leur présence navale dans cette zone maritime pour empêcher de nouvelles provocations.
Esper a déclaré : « Nous allons accompagner nos navires marchands autant que les risques l’exigent, mais je ne dis pas que nous allons escorter des navires. J’utilise le mot “accompagnement” au sens le plus large du terme, ce qui ne signifie pas une escorte militaire de sorte que les navires marchands naviguent juste derrière nos navires militaires. Nous serons présents tout simplement dans la zone pour pouvoir agir assez rapidement afin d’éviter toute provocation. »
Avant d’être nommé au poste de secrétaire à la Défense, Mark Esper a été, dans l’administration de Donald Trump, secrétaire à l’Armée des États-Unis pendant plus de vingt mois. Ainsi il a été au sein du département de la Défense des États-Unis le plus haut responsable civil de tout ce qui concerne l’armée de terre des États-Unis : effectifs, personnel, réservistes, installations, environnement, acquisition de systèmes et équipements d’armes, communication et gestion financière. Pour avoir occupé ce poste, il connaît mieux que quiconque les conditions requises pour entrer en guerre, aussi limitée soit-elle, surtout dans une région aussi sensible que le Moyen-Orient.
Les propos de Mark Esper montrent que tout comme Donald Trump lui-même, il ne veut pas d’une guerre contre l’Iran. Il faut rappeler que quand le secrétaire d’État, Mike Pompeo, a parlé de l’intention des États-Unis de constituer une alliance internationale pour assurer la sécurité du détroit d’Ormuz, Katie Wheelbarger, sous-secrétaire adjointe à la Défense pour les affaires de sécurité internationale, est vite intervenue pour préciser que l’objectif de Washington n’est pas de dissuader l’Iran, mais seulement d’assurer la sécurité de la navigation internationale, principalement par le biais du renforcement des activités de renseignement sur le terrain.
Selon Mohammad Sadeq al-Hosseini, l’interprétation précise de ce qui précède est que pour de nombreuses raisons Washington n’envisage pas d’opérations offensives dans la région du golfe Persique contre l’Iran.
Les déclarations du secrétaire américain à la Défense et de son assistante laisseraient croire qu’il n’est pas possible non plus de compter sur les récents propos du ministre britannique de la Défense concernant le fait que la Royal Navy aurait pour mission d’escorter les navires battant pavillon britannique lors de leur passage par le détroit d’Hormuz. En réalité, il faut en déduire que la navigation internationale dans le détroit d’Hormuz et dans le golfe Persique n’est absolument pas en danger et que les Américains n’y voient aucune raison pour exacerber les tensions avec la République islamique d’Iran.
Le ministre iranien des Affaires étrangères a proposé, il y a environ un mois, la signature d’un traité de non-agression avec les États du golfe Persique. Cette semaine, cette proposition iranienne a trouvé un écho dans la proposition de la Russie qui appelle à la création à long terme d’une initiative de sécurité collective par les États de la région, de sorte que les pays de la région se chargent eux-mêmes de la sécurité du golfe Persique sans aucune intervention des États-Unis ni de l’OTAN. Cette perspective est proche de la vision de Téhéran, bien que le chemin soit encore très long pour la concrétiser.
Cette proposition ouvre effectivement la voie au lancement de négociations ou de contacts entre l’Iran d’une part et les États-Unis et leurs alliés européens de l’autre. Ces contacts ou négociations pourront réduire les tensions actuelles afin de créer un terrain favorable à la prise de mesures de sécurité à long terme. En premier lieu, les États-Unis pourront alléger leurs sanctions contre l’Iran, et en second lieu, le problème des pétroliers arrêtés à Gibraltar et à Bandar Abbas serait résolu, sans oublier l’arraisonnement d’un pétrolier russe au port ukrainien d’Odessa, Kiev ayant annoncé que ce même pétrolier russe avait précédemment bloqué la navigation maritime dans le détroit de Kertch (entre la mer Noire et la mer d’Azov). Il est possible d’ailleurs que la saisie d’un pétrolier russe en mer Noire incite Moscou à agir plus efficacement pour résoudre le problème de la détention des pétroliers en général, ce qui contribuerait dans une large mesure à réduire les tensions dans la région du golfe Persique.
On pourrait aussi voir des signes de réduction des tensions dans le communiqué publié sur le site officiel de l’ambassade des États-Unis à Damas, bien que l’ambassade soit fermée depuis février 2012. Ce communiqué porte sur la visite à Ankara de James Jeffrey, représentant spécial des États-Unis pour la Syrie. Du 22 au 24 juillet, James Jeffrey s’est entretenu avec les autorités turques des questions relatives à l’Est syrien et à la possibilité de la création d’une zone tampon dans cette région.
Bien que le communiqué ressemble plus à un rapport diplomatique qu’à une prise de position quelconque, le fait que le département d’État américain le publie sur le site officiel de son ambassade à Damas et non pas sur celui de l’ambassade des États-Unis à Ankara, pourrait être lourd de sens…
Source: PressTV