L’Iran a jugé dimanche « provocateur » un appel britannique à une mission navale européenne dans le Golfe, en pleines tensions dans cette région stratégique.
Lundi, l’ex-ministre britannique des Affaires étrangères Jeremy Hunt, écarté jeudi du gouvernement de Boris Johnson, avait appelé à la mise en place d’une « mission de protection maritime dirigée par les Européens » dans le Golfe, après l’arraisonnement par l’Iran d’un pétrolier suédois battant pavillon britannique, le Stena Impero, dans le détroit d’Ormuz.
« Nous avons entendu qu’ils comptent envoyer une flotte européenne dans le Golfe Persique », a déclaré le porte-parole du gouvernement iranien Ali Rabiei, cité par l’agence Isna, en dénonçant un « message hostile » et un acte « provocateur » qui va « accentuer les tensions ».
Le responsable iranien n’a pas fait directement allusion à la proposition de M. Hunt.
Il a réitéré la position iranienne selon laquelle la sécurité dans le Golfe doit être assurée par les pays de cette région riche en pétrole.
« Nous sommes le plus grand agent de la sécurité maritime dans le Golfe persique, a dit M. Rabiei.
Pour le président iranien Hassan Rohani, une mission étrangère aggraverait la situation.
« La présence de forces étrangères n’aidera pas à (assurer) la sécurité de la région et sera la principale source de tensions », a affirmé M. Rohani, après un entretien dimanche à Téhéran avec le ministre omanais responsable des Affaires étrangères, Youssef ben Alaoui ben Abdallah.
« Toute erreur ou décision mal calculée peut entraver la navigation dans les eaux internationales et nuire à tous », a affirmé M. ben Alaoui à la télévision d’Etat Oman TV.
Le responsable omanais a indiqué que son pays n’était pas médiateur dans cette affaire mais, « préoccupé » par la sécurité du détroit, il était « en contact avec toutes les parties ».
« Chacun a exprimé son désir de surmonter la crise et de préserver la stabilité », a-t-il ajouté.
Tensions dans le Golfe
Dans un entretien paru vendredi 26 juillet, la ministre française des Armées Florence Parly a indiqué que Paris, Londres et Berlin prévoyaient de « coordonner » leurs moyens et « partager (leurs) informations » dans le Golfe pour y renforcer la sécurité maritime, mais sans pour autant y déployer des moyens militaires supplémentaires. « Nous ne voulons pas contribuer à une force qui pourrait être perçue comme aggravant les tensions », a-t-elle dit.
Plus tôt cette semaine, le ministère britannique de la Défense a annoncé avoir ordonné à la Royal Navy d’escorter les navires civils battant pavillon britannique dans le détroit d’Ormuz.
La saisie le 19 juillet par l’Iran du Stena Impero est survenue 15 jours après l’arraisonnement du pétrolier iranien Grace 1 par les autorités britanniques au large de Gibraltar.
Les tensions ne cessent de monter dans le Golfe depuis le retrait américain unilatéral en mai 2018 de l’accord nucléaire iranien, suivi du rétablissement de lourdes sanctions américaines contre l’Iran.
Elles se sont intensifiées ces dernières semaines avec des attaques contre des pétroliers dans le Golfe, imputées par Washington à Téhéran qui dément toute implication.
« Les malheureux incidents et tensions actuellement dans la région prennent racine dans le retrait unilatéral des Etats-Unis du JCPOA (l’accord nucléaire) et les délires de leur administration », a affirmé dimanche le président iranien.
« L’Iran s’opposera fermement à toute activité illégale et tout acte répréhensible qui menacerait la sécurité maritime dans le Golfe persique, le détroit d’Ormuz et la mer d’Oman », a ajouté M. Rohani, cité par Isna.
Source: Avec AFP