Un diplomate allemand pressenti pour diriger l’instance devant permettre à l’Europe de commercer avec l’Iran malgré les sanctions américaines a renoncé à son poste à la suite de propos à l’égard d’Israël et de l’Iran, qui se démarquent de la politique officielle allemande, soumise à la politique israélienne au détriment de ses intérêts.
Bernd Erbel, ancien ambassadeur allemand à Téhéran et à Bagdad, « a informé le ministère des Affaires étrangères qu’il n’est pas disponible pour des raisons personnelles », a déclaré une porte-parole de ce ministère, sans donner davantage de détails.
Cet homme de 71 ans était pressenti pour prendre prochainement les rênes d’Instex, un mécanisme de troc créé début 2019 par les Européens pour contourner les sanctions américaines en évitant d’utiliser le dollar.
Son exclusion est due à la campagne menée contre lui par le quotidien allemand Bild, connu pour ses positions pro israéliennes. Il a dévoilé des déclarations qu’Erbel avait faites à la mi-juillet, dans une interview accordée à Ken Jebsen, un youtubeur ayant été mis en cause dans le passé pour « des propos jugés antisémites », selon l’AFP. Accusation utilisée arbitrairement en Occident pour faire taire les voix anti-israéliennes.
M. Erbel y estimait qu’Israël était « plus que jamais un corps étranger dans la région » du Moyen-Orient, incapable d’avoir de l’empathie pour les Palestiniens pour des raisons « psychologiques ».
« On a le sentiment là-bas que les gens pensent que seuls les autres peuvent commettre l’injustice car eux n’ont été victimes que d’injustice », a-t-il ajouté selon des propos rapportés par Bild. Faisant allusion à la rhétorique des israéliens qui utilisent l’holocauste pour se permettre toutes les injustices contre le peuple palestinien.
Selon l’AFP, le journal s’étonne de telles déclarations venant d’un diplomate allemand, représentant un pays qui a fait depuis la guerre de la défense d’Israël l’alpha et l’omega de sa politique au Moyen-Orient.
Il est vrai que l’Allemagne, depuis la Shoah, est entièrement soumise à la politique israélienne et ne se permet aucune marge de manœuvre. Les propos du diplomate allemand révèle la présence d’une contestation non coutumière dans ce pays.
Dans le Bild, on reproche aussi au diplomate allemand des propos conciliants sur l’Iran, qui a rappelé que c’est un pays pacifique et dont la dernière agression guerrière remontrait à 1748 en Inde. Un fait qui contrecarre la propagande israélienne, et occidentale par extension, qui se veut attribuer à l’Iran les intentions bellicistes de l’entité sioniste.
Depuis le retrait américain de l’accord nucléaire conclu en 2015, les Européens, cherchent un moyen de maintenir le dialogue sur le nucléaire avec l’Iran en lui permettant de commercer avec eux. Ils ont mis au point le mécanisme Instex pour contourner les sanctions américaines visant les entreprises qui établiraient des relations commerciales avec ce pays.
Devant en pratique fonctionner comme une chambre de compensation permettant à l’Iran de continuer à vendre du pétrole et d’importer en contrepartie d’autres produits ou services nécessaires à son économie l’Instex, qui est basé à Paris, peine à le lancer. Ce système n’a permis encore aucune transaction à ce jour. Les responsables iraniens ont plusieurs fois accusé les Européens d’atermoiements.
D’aucuns observateurs soupçonnent une distribution de rôles entre eux et les Américains. Ces derniers faisant élever la surenchère pour neutraliser la force balistique iranienne, principale revendication de l’administration américaine. Et les européens œuvrant pour empêcher l’Iran de reprendre l’enrichissement de l’uranium dans des proportions qui permettent la militarisation du programme nucléaire iranien.