La République indienne va très certainement modifier en profondeur sa politique relative à l’usage de l’arme nucléaire en abandonnant le principe de non utilisation en premier de cette arme.
De ce fait, New Delhi adopte la doctrine de la frappe nucléaire préventive ou pré-emptive même en l’absence d’hostilités.
Ce changement radical dans la posture nucléaire indienne vise avant tout à intimider la République islamique du Pakistan mais également la République populaire de Chine.
Fait inquiétant, les ultra-nationalistes hindous au pouvoir en Inde se montrent de plus en plus hostiles à Beijing et suivent point par point l’idéologie politique des néoconservateurs US.
S’aliéner le monde musulman dans son ensemble et chercher à faire la guerre au monde chinois ne semblent pas relever d’une politique étrangère rationnelle et responsable. Cela trahit plutôt une cécité stratégique d’ordre idéologique.
Comme tous les extrémismes, l’ultra-nationalisme hindou est un mythe crée de toutes pièces et semble être une réaction épiphénoménale de la montée du populisme sur fond de néolibéralisme et de la crétinisation de larges pans de la jeunesse indienne via les réseaux sociaux. Or cet extrémisme mimétique englobe la base électorale du Premier ministre indien Modi.
Cette nouvelle posture entraîne deux conséquences immédiates :
A. L’Inde est la deuxième puissance nucléaire déclarée à vouloir adopter l’usage en premier de l’arme nucléaire après les États-Unis et le Pakistan, doté lui aussi de l’arme nucléaire, en fera bientôt de même ;
B. le groupement des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), un bloc sensé contre-balancer l’hégémonie US et promouvoir un monde multilatéral est miné de l’intérieur et risque d’imploser à très court terme.
Concernant le point B, le Brésil est déjà gagné par le populisme ostentatoire et démagogique tandis que l’Inde est déjà en rivalité unilatérale avec la Chine. En outre l’Afrique du Sud souffre de graves problèmes politiques et socio-économiques. Donc de ce BRICS il ne reste réellement que la Chine et la Russie, alliés dans un partenariat stratégique d’exception face à une menace commune.
Les efforts de désarmement et d’évitement d’un éventuel conflit nucléaire par l’interdiction de l’usage des armes nucléaires se retrouvent réduits à néant.
Source : Strategika51