Le ministre iranien des Affaires étrangères Mohamad Javad Zarif a révélé une partie de la teneur de ses messageries avec son homologue saoudien défunt Saoud al-Fayçal.
Lors d’une rencontre en Suède avec la communauté iranienne, le lundi 19 août, il a affirmé que lors de sa récente visite au Koweït il a assuré que son pays est prêt à dialoguer avec l’Arabie saoudite du moment qu’elle est prête à le faire.
Il a révélé selon le site en ligne de la télévision iranienne arabophone al-Alam : « les Saoudiens parlent d’une façon étrange. Ils disent que Zarif n’a aucune valeur et notre problème est avec Souleimani », en allusion au général Qassem Souleimani, le commandant de l’unité d’élites al-Quds du Corps des gardiens de la révolution islamique en Iran (CGRI).
Et M. Zarif de poursuivre : « pour que vous sachiez qu’ils mentent , lorsque je suis devenu ministre, j’ai parlé avec Qassem Souleimani et on a suggéré à Saoud al-Fayçal que nous étions disposés à mener des pourparlers sur le Yémen, le Bahreïn, l’Irak , la Syrie et le Liban . Et je leur ai fait parvenir dans un message que si vous croyez que je n’ai aucune valeur, dialoguez avec M. Souleimani ».
Toujours selon M. Zarif, il a reçu une réponse de Saoud al-Fayçal dans laquelle il dit : « Vous (les Iraniens), n’avez rien à voir avec le monde arabe ».
« Voyez-vous si nous avons des liens avec le monde arabe ? Ils ont été vaincus en Syrie et au Yémen et ils ont séquestré un Premier ministre du Liban », a ajouté le ministre iranien. A la fin de l’an 2017, le chef du cabinet libanais Saad Hariri a été retenu en Arabie saoudite, et contraint à menacer de présenter sa démission. Il avait été jugé par le prince héritier Mohamad ben Salmane beaucoup trop laxiste avec le Hezbollah avec lequel il était partenaire dans le gouvernement. Sa libération a été rendue possible grâce à une intervention du président français Emmanuel Macron.
« Je soutiens les relations entre les pays voisins… j’ai déployé des efforts pour améliorer les relations avec les pays voisins, ce qui m’a coûté cher. Et je suis prêt à faire davantage », a souligné le chef de la diplomatie en présence des Iraniens de Suède.
Selon lui, les autres n’en ont cure qui gouverne en Iran que ce soit les réformateurs ou les conservateurs ou les laïcs.
Et de conclure : « quel que soit celui qui gouvernera, l’Iran restera un bouchée beaucoup trop grande pour Israël. Les Iraniens ont pu rester debout pendant 40 ans. Et ils (les autres, ndlr) ne sont pas capables de supporter l’Iran tel qu’il est ».
Les relations entre Riyad et Téhéran traversent des moments difficiles depuis l’avènement au trône saoudien du roi Salmane et de son fils Mohamad ben Salmane comme prince héritier. La pomme de discorde entre les deux pays étant surtout le conflit avec Israël. Alors que l’Arabie prône la normalisation avec le régime sioniste, l’Iran qui constitue un pillier de l’axe de Résistance au Moyen-orient ne reconnait pas Israël et insiste pour soutenir le peuple palestinien et ses droits. Dans leur discours, les Saoudiens préfèrent stigmatiser ce qu’il considère être une ingérence iranienne dans les affaires du monde arabe.