La croissance mondiale est « fragile » et « menacée » notamment en raison des tensions commerciales, a souligné jeudi la directrice générale sortante du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, lors d’un entretien exclusif avec l’AFP à Washington.
Qualifiant l’expansion de « plutôt médiocre », elle a aussi exhorté les dirigeants à dialoguer pour tenter de « résoudre les incertitudes qui entourent le monde », en référence à la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine qui pèse sur les échanges à travers le monde, ou encore au Brexit qui assombrit l’avenir en Europe.
« Qu’il s’agisse des relations commerciales, du Brexit, des menaces technologiques, ce sont des problèmes créés par l’homme et qui peuvent être réglés par l’homme », a-t-elle ajouté, relevant qu' »un peu de féminité ne ferait pas de mal ».
Le FMI avait abaissé fin juillet ses prévisions de croissance mondiale à 3,2%. Depuis, il a prévenu que les tensions commerciales pourraient ralentir encore l’activité.
De son côté, l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) s’attend pour 2019 à la croissance mondiale « la plus faible depuis la crise financière », lorsqu’elle avait reculé à 2,9% en 2008 avant de
plonger à -0,5% l’année suivante.
Interrogé sur la possibilité qu’elle puisse agir davantage pour convaincre les dirigeants lorsqu’elle prendra la tête de la Banque centrale européenne (BCE) en novembre, Christine Lagarde a répondu: « je continuerai certainement à être déterminée à m’assurer que nous nous concentrons sur les créations d’emplois, la productivité, la stabilité. »
Pour autant, elle a aussi insisté sur le fait que les institutions monétaires se devaient d’être « prévisibles » et de « s’en tenir aux faits et aux données économiques ».
« Il y a suffisamment d’incertitude à travers le monde pour ne pas ajouter de l’incertitude sur ce qu’une banque centrale va faire », a-t-elle déclaré.
Alors que le président américain Donald Trump ne cesse de critiquer la banque centrale américaine et son président Jerome Powell, elle a rappelé avoir « constamment » défendu l’indépendance des banquiers centraux.
« Quand j’étais à la tête du FMI, dans les pays où j’ai vu un gouverneur d’une banque centrale lié à des aspirations ou à des impératifs politiques, cela n’a pas bien tourné », a-t-elle réagi, précisant qu’elle ne faisait pas référence aux Etats-Unis ou à l’Europe mais « à des pays plus petits pays où l’indépendance du gouverneur de la banque centrale est parfois menacée ».
Source: AFP