Le président iranien, Hassan Rohani a prononcé un discours, le mercredi 25 septembre, devant la 74e session de l’Assemblée général de l’ONU à New York.
Dans son discours, le président Rohani a dénoncé la politique de l’administration Trump et son retrait unilatéral du Plan global d’action conjointe (PGAC) alors que l’Iran a respecté entièrement ses engagements dans le cadre de cet accord. Il a également critiqué la position faible de la partie européenne.
Dans une autre partie de son discours, le président Rohani a présenté son initiative pour la « coalition de paix pour le détroit d’Ormuz » (HOPE) et a invité les voisins régionaux de l’Iran à coopérer ensemble pour assurer la sécurité de la région.
Il a en outre réclamé à l’Arabie saoudite d’arrêter sa guerre contre le Yémen, après les opérations de riposte menées par les forces yéménites le 14 septembre contre des installations pétrolières saoudiennes.
«La sécurité de l’Arabie saoudite sera garantie avec l’arrêt de l’agression au Yémen plutôt qu’en y invitant des étrangers» à y intervenir, a-t-il déclaré à l’Assemblée générale des Nations unies.
Le gouvernement américain commet une véritable piraterie internationale
« Je viens d’un pays qui supporte depuis un an et demi un terrorisme économique impitoyable en tentant de résister à toutes les pressions pour défendre son droit légitime à l’indépendance, au développement scientifique et technologique », a déclaré le président iranien.
Le président Rohani a condamné aussi les sanctions « secondaires » imposées par le gouvernement américain à l’Iran et aux autres pays dans le but de priver les Iraniens des avantages censés découler des échanges économiques normaux auxquels a droit tout État souverain.
« En menaçant les États souverains et en abusant de son contrôle sur le système bancaire et financier, le gouvernement américain commet une véritable piraterie internationale », a expliqué le président iranien qui a ajouté : « Les dirigeants américains sont accros à la politique de sanctions contre les États tels l’Iran, le Venezuela, Cuba, la Chine ou la Russie. Le peuple iranien n’oubliera jamais ce crime et ne pardonnera jamais ses auteurs ».
Le PGAC et les fausses promesses du dialogue
En ce qui concerne le Plan global d’action conjoint (PGAC) relative à l’accord signé en 2015 par l’Iran et les grandes puissances sur le programme nucléaire civil de la République islamique d’Iran, le président Rohani a déclaré qu’en dépit du retrait unilatéral et illégal des États-Unis, la partie iranienne a respecté entièrement tous ses engagements pendant plus d’un an.
« En ce qui concerne le PGAC, le gouvernement américain ne s’est pas contenté de violer la résolution 2231 du Conseil de sécurité de l’ONU et a violé aussi le droit des États souverains à l’indépendance politique et économique », a souligné le président iranien.
« En respectant la résolution du Conseil de sécurité, nous avons donné suffisamment de temps à nos partenaires européens pour respecter leurs 11 engagements afin de compenser le retrait unilatéral des Américains, mais malheureusement, nous n’avons entendu que de beaux discours sans qu’ils prennent des mesures efficaces dans ce domaine », a ajouté le président Rohani.
Le président Rohani a dénoncé ensuite les fausses promesses du dialogue des parties américaine et européennes : « Ils nous appellent à dialoguer, mais ils fuient eux-mêmes le dialogue. En fait, nous avons dialogué avec les Américains dans le cadre des négociations avec les 5+1, mais le gouvernement actuel des États-Unis a trahi la parole donné par son prédécesseur. »
Le président iranien a rejeté catégoriquement l’idée du dialogue sous les sanctions. « Le peuple et le gouvernement iraniens ont résisté pendant un an et demi aux pires sanctions américaines. Nous ne dialoguerons jamais avec un ennemi qui se sert des pressions, des sanctions et de l’arme de la misère pour nous obliger à nous soumettre à sa volonté », a ajouté le président Hassan Rohani.
L’Iran est prêt à reprendre le dialogue
Le président Rohani a déclaré que le retour à un véritable processus de dialogue serait pourtant possible à condition que toutes les parties respectent leurs engagements initiaux, comme l’a souligné le Leader de la Révolution islamique, l’honorable Ayatollah Khamenei.
Le président iranien a souligné : « Si vous voulez nous entendre dire oui, vous devrez respecter vos engagements. Si vous n’aimez pas le nom du PGAC, respectez son contenu et le cadre tracé par la résolution 2231 du Conseil de sécurité. Bref, arrêtez les sanctions pour que la voie s’ouvre sur le dialogue. »
Le président Hassan Rohani a précisé que Téhéran prendrait ses mesures en proportion des mesures prises par les autres parties.
« Je vous le dis clairement : si vous vous contentez des minimums, nous nous contenterons des minimum à notre tour. Le PGAC n’était qu’un accord minimum tant pour vous que pour nous. Si vous souhaitez avoir un accord plus large, vous devez y investir davantage. Si votre unique demande porte sur l’engagement de l’Iran à ne pas produire l’arme atomique, sachez que cela sera garanti par le système de contrôle de l’Agence internationale de l’énergie atomique et plus encore par la fatwa du Leader de la Révolution islamique qui l’a interdit formellement. Au lieu de faire de faux gestes, revenez à la réalité du processus de dialogue. Les photos souvenirs sont la dernière étape d’une négociation, pas la première. »
Effort de paix à Ormuz (HOPE)
Dans une autre partie de son discours, le président iranien Hassan Rohani a évoqué les événements survenu récemment dans le golfe Persique, le détroit d’Ormuz et la mer d’Oman, en soulignant que la sécurité et la paix dans ces zones maritimes ne seraient garantie que par la coopération des pays de la région afin d’assurer la circulation libre de l’énergie et son acheminement vers le marché mondial.
Il a proposé ensuite son plan d’Effort de paix d’Ormuz (HOPE, Hormoz Peace Endeavor) non seulement aux voisins régionaux de l’Iran mais aussi à tous les États intéressés sur les plans économiques et sécuritaires par les évolutions du golfe Persique et du détroit d’Ormuz.
Le président Rohani a ajouté : « Ce plan se fonde sur les principes fondamentaux de la Charte des Nations unies comme le respect mutuels, les intérêts réciproques, l’égalité des États, le dialogue et l’entente, le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale, le respect des frontières internationales, le règlement pacifique des litiges, et surtout la non-intervention dans les affaires intérieures des États souverains. »
Le président Rohani a déclaré que son ministre des Affaires, étrangères, Mohammad Javad Zarif, présenterait prochainement les détails de ce plan.
Message de paix et d’indépendance aux voisins
En s’adressant aux voisins régionaux de l’Iran, notamment dans la région du golfe Persique, le président Hassan Rohani a déclaré :
« Nous considérons la sécurité, l’indépendance et la paix de nos voisins, comme les nôtres. Les Américains ne sont pas nos voisins ni les vôtres. Nous avons tous appris dans notre culture musulmane que les intérêts du voisin priment sur les nôtres. Devant les grands événements, vous et nous seront les seuls à nous soutenir mutuellement. Nous sommes voisins les uns des autres. Les Américains ne sont pas nos voisins à nous. Les États-Unis sont ici où nous nous trouvons en réunion aujourd’hui. Ce n’est pas un pays du Moyen-Orient. Les États-Unis ne sont l’avocat de personne. Ils ne sont l’avocat d’aucun gouvernement, car aucun État souverain ne donne mandat à un autre État pour ses affaires. »