La justice libanaise a ordonné jeudi l’ouverture de nouvelles enquêtes dans des affaires de corruption ou de gaspillage de fonds publics présumés visant de hauts responsables, a rapporté l’agence de presse officielle ANI, sur fond de contestation inédite de la classe politique.
Depuis le 17 octobre, des centaines de milliers de Libanais se mobilisent à travers le pays pour crier leur colère contre des dirigeants accusés de corruption et d’incompétence, dans un pays en proie à une grave crise économique.
Le procureur financier Ali Ibrahim a engagé des poursuites contre le chef des douanes Badri al-Daher pour « gaspillage de fonds publics », a rapporté jeudi l’agence ANI.
D’après la même source, le parquet général a ordonné une enquête concernant « tous les ministres des gouvernements successifs depuis 1990 à ce jour ».
Cette décision fait suite à une plainte déposée par des avocats contre ces responsables, notamment pour les chefs d’accusation de « détournements de fonds publics », « gaspillage de fonds publics à des fins personnelles » et « abus de pouvoir qui ont engendré des dommages importants aux citoyens libanais », selon ANI.
Les autorités ont mis en avant des initiatives similaires ces derniers jours pour illustrer leur lutte anticorruption, sans parvenir à calmer la colère de la rue.
Jeudi, l’ancien Premier ministre Fouad Siniora a été entendu pendant trois heures par le procureur financier Ali Ibrahim concernant 11 milliards de dollars de dépenses, effectuées entre 2006 et 2008 quand il était à la tête du gouvernement, selon ANI.
M. Siniora s’est défendu par le passé de tout détournement de fonds publics.
Mercredi, le procureur financier a engagé des poursuites pour blanchiment d’argent et pots-de-vin contre un haut responsable de l’aéroport de Beyrouth, selon l’agence ANI.
Des poursuites ont récemment été engagées contre l’ancien Premier ministre Najib Mikati et la Banque Audi pour enrichissement illicite, et visé l’ancien ministre Fayez Chokr pour « négligence dans l’exercice de ses fonctions ».
Le président Michel Aoun a assuré mercredi que le prochain gouvernement –dont la formation se fait toujours attendre après la démission du cabinet de Saad Hariri le 29 octobre– inclurait des « ministres compétents et à l’abri de tout soupçon de corruption ». Il avait aussi précisé que 17 dossiers de corruption faisaient l’objet d’enquêtes judiciaires.
Le Liban est classé 138e sur 180 en matière de corruption par l’ONG Transparency International.
Source: AFP