L’Occident politico-médiatique est tout de même une entité bien particulière. Une machine qui d’une part peut créer des prétendus «héros» de la société civile dans les pays menant une politique souveraine et indépendante, tout en adoptant une approche de sourd-muet, voire stigmatisant tout simplement l’activité de personnes ayant réellement révélé au monde la face obscure de cette même machine.
Dans le cas précis de Julian Assange, ce cybermilitant australien connu particulièrement pour être le fondateur, rédacteur en chef et porte-parole de l’organisation mondialement célèbre Wikileaks, le complot est visible pratiquement à l’œil nu.
D’un côté, les USA – principal intéressé dans cette affaire, qui veulent à tout prix et depuis des années punir Assange pour avoir permis au monde de découvrir le véritable visage de l’élite étasunienne, et de sa politique à l’échelle mondiale.
De l’autre, le Royaume-Uni et la Suède, en bons élèves de Washington, jouent les rôles de sous-traitants des intérêts washingtoniens.
Enfin, l’Australie – pays de citoyenneté d’Assange, censée au moins faire semblant de défendre son citoyen, mais n’ayant jusqu’à présent entrepris aucune action digne de ce nom.
On peut bien sûr aussi faire mention de l’Equateur, ce petit pays d’Amérique latine, qui durant la présidence de Rafal Correa a pris la courageuse décision d’accorder le refuge à Assange au sein de sa représentation diplomatique de Londres et de lui délivrer la citoyenneté du pays. Mais depuis l’arrivée au pouvoir de Lenin Moreno cette prise de position a été détruite – très vraisemblablement dans le cadre d’un «deal» conclu entre ce dernier et les autorités étasuniennes. Au point de déchoir Assange de la citoyenneté équatorienne, accordée durant la présidence de Correa.
Sur le plan pratique, l’heure est grave. Ayant de bien sérieux problèmes de santé – surtout lorsqu’on connait les conditions dans lesquelles le cybermilitant de la vérité a dû vivre au cours de longues années, il risque tout simplement l’extradition en terre US – où il peut encourir une peine de 175 ans! Si les motivations politiques et géopolitiques des différents pays concernés sont plutôt claires, surtout en ce qui concerne le gendarme autoproclamé du monde et donneur de leçons à la planète entière, il est tout de même difficile de comprendre le mutisme évident des médias occidentaux. Ces mêmes médias, qui adorent faire la promotion de personnages et «mouvements civils» – dont les idées, méthodes et objectifs sont pour le moins discutables. Surtout lorsqu’on prétend appartenir aux idéaux progressistes.
Evidemment et dans le cas d’Assange, de nombreuses personnes aux quatre coins du monde, se mobilisent pour sa libération. Dont beaucoup dans les pays occidentaux. Mais connaissant la détermination du leadership US, aujourd’hui seul un miracle pourrait sauver cette courageuse personne, grâce à laquelle nous avons pu découvrir énormément de vérités, qui dans d’autres circonstances nous auraient été simplement cachées. Et si aujourd’hui, nous assistons effectivement à un réveil des consciences au niveau mondial dans un monde menant le combat pour un système définitivement multipolaire, c’est entre autres le mérite de Julian Assange et de ses collaborateurs. Juste un rappel.
Par Mikhail Gamandiy-Egorov
Source : Observateur continental