Une opportunité qui tombe à pic, alors que le Liban traverse l’une de ses pires crises économiques : la Chine a renouvelé sa volonté d’investir au Liban, quitte à ce que ce dernier prépare les conditions propices.
Lors d’un entretien accordé le jeudi 21 novembre à l’Agence Nationale de l’Information, l’ambassadeur de Chine au Liban, Wang Kejian (photo à droite) a souligné, l’importance de la coopération économique, commerciale et dans le secteur d’investissement entre la Chine et le Liban, tout en appelant la partie libanaise à créer un climat propice aux affaires et à prendre les mesures nécessaires en vue d’attirer des compagnies chinoises pour investir au Liban.
Il a indiqué que la coopération économique et commerciale entre les deux pays s’est développée d’une façon stable, la Chine étant d’ores et déjà le plus grand partenaire commercial du Liban depuis l’année 2013.
« Les gouvernements des deux pays et les associations concernées encouragent les exportations libanaises vers la Chine », a ajouté le diplomate. Les échanges commerciaux entre les deux pays sont nettement en faveur de cette dernière dont les exportations pour le Liban ont atteint en 2018 plus de 2 milliards de dollars.
Selon lui, les réactions libanaises vis-à-vis de l’initiative de Pékin «La ceinture et la route » étaient positives. « Les gouvernements chinois et libanais ont signé un mémorandum d’entente sur la coopération dans ce domaine », a-t-il précisé.
30 sociétés chinoises
Selon les médias libanais, la Chine accorde depuis quelques années un intérêt particulier au Liban. Vu qu’elle investit énormément dans la reconstruction de la Syrie, pays dévasté par 8 années de guerres qui s’est rallié à son projet « La ceinture et la route », le Liban se trouve certainement dans sa zone d’intérêt pour les investissements.
Depuis deux ans, les délégations chinoises se sont succédés vers le Liban pour discuter des opportunités d’investissements.
Le mois d’avril dernier, 100 représentants de 30 sociétés chinoises privées et publiques sont venus à Beyrouth pour participer au Forum des investissements chinois.
Ayant auparavant effectué des études approfondies sur le terrain, ces sociétés avaient conclu qu’il y a beaucoup de régions libanaises, tout au long des frontières terrestres et maritimes et qui sont des « centres stratégiques pour leurs investissements », rapporte le journal libanais al-Akhbar . D’aucunes avaient entamé des contacts avec des hommes d’affaires libanais et des économistes pour élaborer des projets dans plusieurs secteurs: les infrastructures, les tunnels, le port et l’aéroport, une zone économique dans la Békaa et d’autres liés à l’électricité, aus déchets, un projet de train entre la capitale et le nord libanais..
Selon Al-Modon (Les cités), le site d’information libanais financé par le Qatar, ces sociétés semblent surtout intéressées par le secteur des transports et de ses infrastructures, dont celui du chemin de fer et des ports. Le port de Tripoli se trouve en tête de leurs priorités. Serait-ce pour sa promiscuité avec la Syrie.
Lors de son dernier discours, le numéro un du Hezbollah sayed Hassan Nasrallah a accusé les Etats-Unis de faire pression sur les responsables libanais pour les pousser à rejeter les propositions chinoises d’investissement .
« La Chine dispose d’énormes fonds et elle est prête à investir au Liban. De quoi relancer l’économie libanaise… Mais ceci est interdit par les Américains», a-t-il affirmé.
Dans son intervention devant le Congrès américain, le mardi 23 novembre dernier, l’ancien ambassadeur des Etats-Unis au Liban, Jeffrey Feltman n’a pu s’empêcher de faire part de ses craintes que le Liban ne soit entrainé dans la zone d’influence économique de la Chine, ainsi que celle de la Russie.
« Avec la présence de 400 soldats chinois dans la Force intérimaire internationale des nations Unies au Liban (Finul), au sud du Liban, la Chine pourrait vouloir exploiter les ports du Liban et sa position et les Libanais pourraient avoir du mal à résister face à la technologie chinoise des 5G, compte tenu de l’état lamentable de leur secteur des télécommunications », a-t-il expliqué.
Ses craintes sont alimentées par le fait que le Liban a depuis 2017 entamé sa participation à l’initiative « La ceinture et la route ».
Ces propositions chinoises tombent à pic pour le Liban qui connait une crise économique des plus aigües, marquée entre autre par la dévaluation de sa monnaie face au dollar américain, et par l’absence de liquidités.